Culture : DEUXIÈME ANNIVERSAIRE DE LA DISPARITION DE L’ARTISTE KADDOUR BELGRADE
Un sacrifice loin d’être reconnu


Il y a deux ans, jour pour jour, le musicien et chanteur Kaddour Belgrade est mort à Blida à l’âge de 82 ans. Aujourd’hui, son sacrifice pour la préservation et surtout pour la promotion du patrimoine musical algérien est loin d’être reconnu.
Et pourtant, qui ne sait qu’il a été le précepteur de la chanteuse Nardjes après l’avoir sollicité pour lui prodiguer des cours particuliers de musique sans pour autant se détacher de l’enseignement de la musique arabo-andalouse qu’il assurait, sur demande du ministère de la Culture, à l’Institut des arts dramatiques de Bordj- El-Kiffan. Parallèlement, Kaddour Belgrade ne s’est jamais retenu pour léguer son art aux jeunes artistes qui venaient régulièrement le consulter d’autant qu’il avait une manière un peu spéciale de jouer au mandole et au luth. C’est en 1940 que Kaddour Belgrade fit son entrée dans le monde musical en côtoyant le grand homme de théâtre Mohamed Touri et avec lequel il effectuait des tournées artistiques en tant que musicien dans sa troupe. Il adhéra, trois ans plus tard, à l’association El Widad qui venait d’être créée par un grand homme de culture en la personne de Si Moussa Khedaoui. Ainsi, Il participera musicalement dans la pièce théâtrale intitulée Massaïb el faqir (les malheurs du pauvre) qu’avait écrite et mise en scène Moussa Khedaoui. 1943 sera également une date charnière dans la carrière artistique de Kaddour Belgrade puisqu’il intégra l’orchestre du chanteur Hadj El- Mahfoud au sein duquel il mettra en pratique ses connaissances musicales. Abdelhamid Ababsa, Boualem Raïs et Mustapha Kesdarli le feront collaborer, à partir de 1945, dans leurs troupes respectives comme chef d’orchestre. Toutefois, c’est en tant que chanteur, cette fois-ci, que Kaddour Belgrade va se distinguer. En 1951, il enregistrera en effet deux chansons à la radio ayant pour titre Hadjou Lefkar et Limen nechtaki bi amri, lesquelles chansons recevront un franc succès. Après l’indépendance, il fera chemin commun avec Abderrahmane Aziz en tant que musicothérapeute au niveau de l’hôpital psychiatrique de Blida et ce, jusqu’à sa mise à la retraite. Mais, au moment où tout le monde lui reconnaît un parcours artistique riche et bénéfique pour la culture algérienne, Kaddour Belgrade décéda le 13 avril 2007 sans qu’il puisse réaliser son rêve, celui d’avoir, à l’instar de tous les citoyens algériens, une maison qui abritera sa progéniture. Ironie du sort, toutes les demandes entreprises dans ce sens sont restées lettre morte et sa femme est aujourd’hui menacée d’expulsion.
M. Belarbi



Source de cet article :
http://www.lesoirdalgerie.com/articles/2009/04/14/article.php?sid=81921&cid=16