Culture : B�CHAR
Quand l�inculture s�impose


Plusieurs artistes et hommes de culture, et pas seulement eux d�ailleurs, sont mont�s au cr�neau cette semaine. Cette sortie impromptue risque de faire beaucoup de bruit dans les jours � venir, co�ncidant avec le d�but du festival du Diwane. Pour l�information, la ministre de la Culture a boud� toutes les manifestations et �v�nements nationaux organis�s par son d�partement dans la capitale de la Saoura. Comme si elle savait bien auparavant qu�une contestation se profilait � l�horizon.
Cinq grands artistes ont �t� d�l�gu�s par leur corporation pour rencontrer la presse ind�pendante et interpeller les hauts responsables y compris ceux du minist�re de la Communication. Il s�agit de M. Keriti Mohamed, doyen de la chanson populaire, auteur et compositeur. Dans son palmar�s, figure la prestigieuse m�daille d�or du Festival de la chanson maghr�bine de Rabat. M. Amar Amroune, auteur, compositeur et artiste. Sa chanson Ana mourak a permis au chanteur Mohamed Bouziane de revenir du concours de la chanson maghr�bine de Bouguernine (Tunisie) avec dans ses bagages la m�daille d�or. Il y avait aussi avec eux M. Bendahmane Boumedi�ne, plus connu sous le nom de Boudi. Lui, c�est le ma�tre incontest� du qanoun� l��chelle du monde arabe, m�me si la Ligue arabe l�avait class� troisi�me. Il est souvent sollicit� par les grands chefs d�orchestre du Moyen-Orient, � Damas, Beyrouth, Duba� et Le Caire. M. Mekhloufi Mostefa, cet auteur-compositeur et critique de la musique vit � Tabelbala, une commune situ�e � 400 km au sud de la ville de B�char. Mostefa a fait tout le trajet pour assister � cette sortie fracassante. Actuellement, il travaille sur un nouveau genre de musique avec des Suisses. Et, enfin, M. Berezoug Brahim, ammi Brahim pour les initi�s. A 74 ans, il dirige l�un des plus vieux groupes de gnaoui. Il a fait vibrer des centaines de salles � travers le pays et le Maroc. Pour r�sumer son intervention devant la presse, ammi Brahim a d�clar� : �Les responsables de la culture cherchent leurs connaissances et pas les connaisseurs.� �a veut tout dire. �B�char et l�Alg�rie ont perdu Alla, El- Ga�da et plusieurs autres artistes. Ils se sont exil�s ailleurs, car ils ont �t� humili�s chez eux par des ploucs, des ignorants, des arrivistes. � Pour M. Keriti, �les �checs enregistr�s n�ont pas suscit� la r�action des responsables. Nous sommes l� et nous voulons r�habiliter le haidouss, le gnaoui, le zeffani, le handouchi, le houbi, la maya, guenga, karkabou...�. L�auteur de Sidi Mohamed Belekbir �tait dans tous ses �tats. �D�sol�, on n�aime pas la m�diocrit�, conclut-il. Boudi, jeune et dynamique, vient tout juste de recevoir un cadeau, un qanoun, de la part d'un grand professeur �gyptien. Lui qui est mont� sur les grandes sc�nes du Moyen-Orient a �t� bref : �Je n'aime pas que des individus exploitent la bont� des gens pour r�gler leurs affaires personnelles �, nous dira-t-il avant d��voquer le nom de Hadj Mustapha Benadi, un monument de la musique, mort il y a quelques mois. El-Hadj Mustapha �tait une �cole. Il avait form� des dizaines de musiciens et parmi eux, justement, ce ma�tre du qanoun. Le grand chanteur marocain Abdelhadi Belkhiat s�est inclin� devant lui en 2001 lors d�un concert � B�char. �J�ai rencontr� M. Alla au festival de F�s. A B�char, je me sens dans mon univers et cette fois-ci je suis combl�. Je m�incline devant cet homme et son orchestre�, nous avait d�clar� l�auteur de Ya Bent Ennas, Kitar El Hayet et El Bouhali, r�cemment. L�orchestre de B�char dirig� par le professeur Benadi avait accompagn� Abdelhadi dans cette soir�e inoubliable au stade En-Nasr. Les artistes de B�char veulent �un changement radical dans les structures de la culture et aussi dans la communication. Sinon, nous irons vers le pr�sident de la R�publique. Il conna�t mieux que quiconque la culture de la r�gion et nous sommes convaincus qu�il va nous aider�, affirment- ils. La ministre de la Culture et celui de la Communication prendront-ils des d�cisions dans l�imm�diat ? De toutes les fa�ons, le camp des contestataires s'agrandit de jour en jour.
Li�s Mourad

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