Vox populi : UNIVERSIT�
�Moi j�apprends dans l�adversit� � avancer, eux excellent dans la m�diocrit�
B. M., ��tudiante en m�decine de la Facult� Mouloud-Mammeri, Tizi-Ouzou


Demain nous allons marcher, juste pour dire que nous sommes l�. Que nous savons ce qui se passe et que les menaces ne valent pas grand-chose lorsque l�on touche d�j� le fond. Ils font la sourde oreille � nos professeurs, ils, ce sont des je-ne-sais-qui, qui ont ce triste pouvoir de faire bouger les choses, triste parce que trop rarement, pour ne pas dire jamais utile.
Mais apr�s tout, qui suis-je pour oser douter de leur choix ? Cependant, m�me en tant qu��tudiante, j�ai vu bien plus que ce que leurs pauvres yeux d�aveugles peuvent percevoir. Je vais bient�t finir mes modules, c�est bien ma sixi�me ann�e de sacrifices. Et j�apprends que sans peine, et juste ce qu�il faut de m�pris, ils menacent de nous faire passer une ann�e blanche. Oui, toutes ces journ�es pass�es � �tudier, du soir au matin et du matin au soir, s�envolent. Juste parce qu�un imb�cile (il n�y a pas d�autre terme) peut le faire, et le fait. Qui donc a os� prononcer une telle chose, ou m�me y a pens� ? A-t-il seulement fait des �tudes ? Sait-il ce que c�est de se tra�ner t�t le matin �puis� de la veille du soir vers un coin calme d�une biblioth�que, et qu�heure apr�s heure, jour apr�s jour, faire ses cours ? Se r�p�ter sans cesse qu�il faut travailler, toujours plus et toujours mieux, peu importe la fatigue ou l��puisement, qu�on a fait le choix de souffrir pour pouvoir entendre un merci d�une personne qu�on a pu soigner. Moi je le sais, et tous ceux qui ont choisi ce m�tier le savent, �tre m�decin, c�est encore plus dur qu�on ne le pense. Celui qui a os� prononcer cette sentence ne s�en doute m�me pas. On ne fait pas un m�tier comme �a pour l�argent, si j�avais voulu �tre riche, j�aurais �t� d�put�e, il para�t que �a paye bien entre les pots-de-vin officiels et officieux, mais qui sait ? C�est peut-�tre juste des rumeurs, ils doivent travailler durs apr�s tout. Si mes a�n�s font gr�ve, ce n�est pas pour s�enrichir, mais pour �tre un peu moins dans la mis�re. Et pour seules r�compenses, du courrier de la fameuse justice que l�on ne reconna�t pas. Lorsqu�on plonge les mains dans les entrailles d�un gosse pour le sauver, on ne peut pas comprendre la m�diocrit�. On ne peut pas comprendre ce que c�est les restrictions budg�taires. Lorsqu�on sait ce que �a implique comme vies perdues ou d�truites, juste parce qu�on n�a pas ce qu�il faut sous la main, croyez-vous que ce soit un hasard que ces gens-l� ne se soignent pas dans nos CHU ? Non, ils savent qu�il n�y a rien, on ne peut � ce stade m�me pas parler de moyens. La dignit� est une chose que le pouvoir semble ignorer, le fait de savoir qu�on ne peut compter sur un mis�rable salaire avec lequel on vous insulte chaque mois, sans pouvoir s�en passer, c�est r�aliser que m�me si la dignit� n�a pas de prix, elle se paye tout aussi cher que la libert�, et vaut autant que la vie. Alors dites-le-leur� nous, on ne nous �coute pas, je sais bien qu�ils ne peuvent pas comprendre. Mais qu�au moins, ils fassent l�effort de faire semblant. Et qu'ils arr�tent de se rendre ridicules avec cette mis�rable menace d�ann�e blanche. Je compte consacrer ma vie � la m�decine, alors en comptant les treize ans que je passe � l��tudier, ajouter une ann�e en plus ne prouve qu�une chose, moi j�apprends dans l�adversit� � avancer, eux excellent dans la m�diocrit�.

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