Culture : TIZI OUZOU
De la journ�e des monuments et des mus�es au mois du patrimoine mat�riel et immat�riel


La c�l�bration � Tizi-Ouzou du Mois du patrimoine mat�riel et immat�riel permet � tous ceux qui s�y int�ressent, m�me de loin, de mesurer l�immense richesse de notre patrimoine mat�riel et immat�riel et l��tendue des multiples phases historiques occult�es, plus souvent � dessein que par ignorance, de ce m�me patrimoine et, plus particuli�rement, le r�le et l�apport des Amazighs pour la pens�e universelle et aux civilisations qui se sont succ�d� en M�diterran�e.
En effet, contrairement � ce que l�on s�efforce de faire croire jusqu�� nos jours, nos anc�tres, qui avaient un alphabet aussi ancien que le grec et le latin, ont l�gu� � l�histoire universelle des ouvrages dans ces deux derni�res langues, les plus usit�es dans l�antiquit� gr�coromaine. Ce sont elles qui ont pu sauver les �uvres d�auteurs amazighs des destructions guerri�res syst�matiques et de l�oubli irr�m�diable. Si Apul�e de Madaure, n� en 125 de l��re chr�tienne, et Saint Augustin, en 354, les plus c�l�bres d�entre tous, sont connus de nos contemporains, cela est d� aussi � l�usage de ces deux langues. Par contre, tout ce qui a pu �tre �crit et r�alis� dans la langue tamazight a �t� syst�matiquement d�truit par l'occupant qu�il soit ph�nicien, romain ou autre. Il suffit de se rappeler la chasse donn�e dans l�Alg�rie ind�pendante, et jusqu�aux ann�es 1980, aux disciples du regrett� Mouloud Mammeri et aux militants de l�Acad�mie berb�re pour imaginer les entraves dress�es devant l��mergence et la diffusion de la langue et de la culture amazighes sous le r�gne de tous les envahisseurs. L� est l�origine de l�oralit� qui a marqu� notre culture durant des si�cles. Pour se faire une id�e de la contribution des Amazighs � la civilisation universelle, il convient de se r�f�rer aux nombreux travaux des chercheurs pluridisciplinaires sur les royaumes berb�res et l�histoire de la Numidie, entre autres, � l�ouvrage de Mahfoud Kaddache intitul� L�Alg�rie des Alg�riens de la pr�histoire � 1954. Le regrett� historien cite en effet quelques noms parmi ceux qu�on a tendance � passer sous silence, il s�agit de Hiempsal, Juba 2, Fronton, saint Cyprien, Lactance, saint Opat, Petilianus, Gaudentus, Emeritus dont les �crits font preuve, d�apr�s le m�me auteur, d�une imagination fertile. Comme pour les �crivains francophones ou arabophones, le grec et le latin n��taient que des instruments de communication, �un butin de guerre� ; les liens avec le pays, la langue maternelle et la culture amazighes demeuraient solides, sans faille et in�branlables. Avant les Ph�niciens et les Romains, la Numidie n��tait pas un d�sert, disait Mohand Akli Haddadou dans sa conf�rence sur la toponymie. Ce pays, convoit� pour ses richesses mat�rielles par toutes les puissances de l�histoire humaine, avait d�j� tous les signes d�une soci�t� organis�e, sans quoi les envahisseurs n�auraient pas rencontr� une r�sistance aussi farouche et d�termin�e et n�auraient pas eu � faire face aux multiples et incessantes guerres men�es contre eux depuis la nuit des temps. M�me d�form�s par les occupants successifs, les noms des lieux t�moignent de la profondeur de notre histoire mill�naire. Les cit�s urbaines ant�rieures aux premi�res invasions, le type d�habitat sp�cifique, les techniques particuli�res utilis�es par nos anc�tres pour produire les biens mat�riels, les objets et instruments fabriqu�s pour l�usage quotidien, les rites festifs, saisonniers ou religieux, les inscriptions, les monuments et autres indices d�un pass� certainement tumultueux mais tr�s riche sont l� pour dire la v�rit� et chasser le mensonge. Toutes ces traces qui ont surv�cu aux destructions et � l��rosion du temps renseignent sur la grandeur de notre patrimoine mat�riel et immat�riel aujourd�hui accessible � tous ceux qui s�y int�ressent et dont certaines parties sont soit vers�es soit propos�es au patrimoine universel dans le cadre de l�Unesco. Le temps o� tout cela �tait soigneusement occult�, o� il �tait interdit d�en parler, exception faite de la partie arabo-islamique, le temps de la journ�e nationale des monuments et mus�es en tant qu�objets morts et muets, souvent abandonn�s, est r�volu. Aujourd�hui, le recensement du patrimoine mat�riel est en cours, des travaux de restauration sont engag�s sur certains monuments et sites historiques, le recueil de la partie immat�rielle avance bien dans le cadre du HCA, des expositions, des colloques, des s�minaires et des conf�rences se tiennent publiquement, des travaux de recherche sont publi�s et mis � la disposition des �tudiants et des lecteurs. Tout cela gr�ce aux sacrifices consentis par des g�n�rations de militants de l�amazighit�. L�Alg�rie retrouve peu � peu son pass�, tout son pass�, donc toute sa sp�cificit� par rapport au reste du monde, y compris avec ceux dont elle partage des si�cles d�histoire, une langue officielle, une religion, une aire ou une appartenance g�opolitique.
B. T.

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