Actualit�s : CE MONDE QUI BOUGE
France, pas touche aux �amis� africains
Par Hassane Zerrouky


C'�tait en mars 2008. Il avait suffi que le chef d'Etat gabonais, Omar Bongo, tape du poing sur la table pour que Jean- Marie Bockel soit d�missionn� daredare par le pr�sident Nicolas Sarkozy de son poste de secr�tariat d'Etat � la coop�ration. Rappelons les propos (de Bockel) qui avaient alors mis en col�re le pr�sident gabonais et plusieurs chefs d'Etat africains : �L'un des premiers freins au d�veloppement, c'est la mauvaise gouvernance, le gaspillage des fonds publics, l'incurie de structures administratives d�faillantes, la pr�dation de certains dirigeants.
Quand le baril est � 100 dollars et que d'importants pays producteurs de p�trole ne parviennent pas � se d�velopper, la gouvernance est en question. Quand les indicateurs sociaux de ces pays stagnent ou r�gressent, tandis qu'une minorit� m�ne un train de vie luxueux, la gouvernance est en question. Que deviennent ces revenus p�troliers ? Pourquoi la population n'en b�n�ficie-t-elle pas ? Est-il l�gitime que notre aide au d�veloppement soit attribu�e � des pays qui gaspillent leurs propres ressources ?� En v�rit�, Jean-Marie Bockel, transfuge du Parti socialiste, maire ex-socialiste de Mulhouse, qui fut l'un des premiers � gauche � rejoindre le camp sarkozyste, n'avait pas outrepass� ses fonctions. Il �tait dans la ligne d�velopp�e alors par Nicolas Sarkozy pr�conisant une �rupture� avec ce que d'aucuns appellent �la Fran�afrique�, � savoir cette �coop�ration � entre la France et ses anciennes colonies, bas�e sur des liens occultes, les d�tournements de fonds plac�s en France, les achats de biens immobiliers sur le sol fran�ais et sur lesquels Paris savait fermer les yeux... Plus d'une ann�e apr�s, Paris, qui sait veiller sur ses int�r�ts et ses �amis� africains, a cette fois-ci pris les devants en faisant appel de l'ouverture d'une enqu�te � laquelle la doyenne des juges d'instruction, Fran�oise Desset, avait donn� son feu vert. Cette enqu�te visait �les biens mal acquis� d�tenus en France par trois chefs d'Etat africains, � savoir Omar Bongo, le pr�sident congolais Dennis Sassou Nguesso et Teodoro Obiang (Guin�e �quatoriale). Et ce, � la suite d'une plainte visant �les conditions dans lesquelles un tr�s important patrimoine immobilier et mobilier a �t� acquis en France par ces trois chefs d'Etat et des membres de leur entourage. Selon Transparency International, qui s'est constitu�e partie civile, le seul patrimoine immobilier des trois chefs d'Etat s'�l�ve � 160 millions d'euros ! Mieux, l'enqu�te pr�liminaire effectu�e par la police a recens� 39 propri�t�s et 70 comptes bancaires d�tenus par Omar Bongo et ses proches ; 24 propri�t�s et 112 comptes bancaires au nom de la famille de Sassou Nguesso. A quoi s'ajoutent ces nombreuses voitures de luxe � Aston Martin, Bugatti, Mercedes � achet�es parfois en esp�ces ! Au final, ce sera � la cour d'appel de Paris de dire si la justice peut poursuivre ses investigations sur les biens acquis en France par ces trois chefs d'Etat. Il faut savoir qu'� deux reprises, en novembre 2007 et septembre 2008, le parquet de Paris avait class� sans suite des plaintes visant les trois chefs d'Etat africains. Mais apr�s la m�saventure v�cue par Jean-Marie Bockel, contraint de faire ses valises pour le minist�re des Anciens combattants, il est permis de penser que les pressions sont en cours pour que la justice ne nuise pas aux rapports d'amiti� (et de fric) entre Paris et ces trois Etats africains. En premier lieu, parce que cela risque de cr�er un dangereux pr�c�dent pour le reste de l'Afrique et du Maghreb. En second lieu, parce que Washington lorgne sur ces pays regorgeant de p�trole que la France consid�re comme son �pr�-carr� africain. Quant aux peuples gabonais, congolais et de Guin�e �quatoriale et plus g�n�ralement africains, qui croupissent dans la pauvret� et la mis�re, ils devront se battre et ne rien attendre de l'ancienne puissance coloniale !
H. Z.

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