Chronique du jour : ICI MIEUX QUE LA-BAS
Obama, le fr�missement du Caire
Par Arezki Metref
arezkimetref@free.fr


Si, m�me aujourd�hui, et apr�s avoir pass� le cap des cent jours depuis un bail, Obama reste une star, c�est que ce n��tait pas que du strass. Il y a du fond. Bien s�r, on pourrait regretter qu�il n�aille pas plus vite sur des tas de dossiers. On pourrait s��tonner qu�il ne s�attaque pas plus frontalement aux tenants du capitalisme d�brid� dont la doctrine a si bien imbib� le moindre pore de l��conomie am�ricaine et multinationale qu�elle a fini par en para�tre naturelle.
Comme semble a posteriori in�luctable la crise financi�re chaotique qui vient couronner la course effr�n�e au profit. Si Obama se contente des r�formes pour lesquelles il s��tait engag� pendant sa campagne �lectorale, c�est que, sans doute, les freins objectifs dus � la pr�gnance sur les Etats-Unis des forces de l�argent sont plus fermes que sa volont�. Autre explication : s�il ambitionne de r�duire quelque peu les injustices dans son propre pays et entre son pays et les autres pays du monde, il est cependant loin d��tre ce messie bolch�vique envoy� pour r�aliser le miracle de juguler la course folle du capitalisme et de ses ravages incalculables sur les peuples. Quand bien m�me le serait-il, il ne pourrait concr�tiser que le programme pour lequel des �lecteurs l�ont port� au pouvoir. Il faut donc arr�ter de r�ver. Feindre d�oublier que Barak Obama a �t� �lu � la t�te de la premi�re puissance capitaliste de la plan�te dont le sentiment d�invincibilit� et l�agressivit� sont comme inscrits dans le code g�n�tique. Pas facile d�extirper des r�flexes d�hyperpuissance en quelques brasses. Ni les illusions ! Pourtant, en d�pit de la chape des conservatismes internes, Obama a d�j� transform� l�atmosph�re internationale en la d�faussant progressivement de cette tension entretenue par George Bush et son �quipe de p�troliers va-t-en- guerre. Au moins trois faits notables t�moignent de ce d�but de d�tente. Un : bravant les faucons qui le traitent de tous les noms, Obama veut fermer Guantanamo. Il est accus� de mollesse dans la lutte contre le terrorisme qui passerait, selon les conservateurs am�ricains, par le maintien de cette zone de non-droit absolu. Dans un pays chauff� jusqu�� une certaine forme d�hyst�rie par le pr�c�dent gouvernement r�publicain sur le terrorisme, enlever un moyen suppos� de pr�venir des actes extr�mistes hostiles aux Etats-Unis est vu comme de la trahison. C�est ce que ses adversaires essayent d�imputer � Obama. Ils n�y arrivent pas car sa politique est coh�rente. Deux : Barack Obama a all�g� le blocus contre Cuba. Tout le contraire de ce qui �tait pensable sous Bush et m�me sous tous les autres pr�sidents am�ricains de ces vingt derni�res ann�es. Trois : il a engag� un dialogue avec l�Iran, l� o� ses adversaires auraient certainement commenc� � pr�parer des plans d�attaque. Sur le dossier du Proche-Orient, il tient un autre discours. Il enjoint Isra�l de stopper les colonies apr�s avoir, d�s son investiture, d�sign� comme m�diateur l�homme qui a d�nou� le conflit irlandais en tenant compte des int�r�ts des deux parties en pr�sence. Obama a d�j� r�alis� une petite distance du chemin vers la cr�ation d�un Etat palestinien. Il a fait, en tout �tat de cause, comprendre � Isra�l que le temps est fini de cette indulgence compr�hensive en toutes circonstances des Etats-Unis � son �gard. La meilleure preuve de la justesse de son approche, c�est qu�elle n�agr�e pas Isra�l. On peut comprendre que cela ne suffise pas � certains commentateurs arabes. Ils r�vent, eux, d�un pr�sident am�ricain qui imposerait � Isra�l tout ce que les pouvoirs des pays arabes r�unis n�ont pas pu faire admettre depuis soixante ans. Mais personne ne fera le travail pour les autres. Ajout� au pass� d�Obama consid�r� comme pro-palestinien, tout cela n�est pas de nature � �viter une crise entre lui et Isra�l. Elle est en bonne voie. La r�action du gouvernement isra�lien au discours du Caire montre que la direction qu�Obama veut prendre est entendue. Avec ce r�cent discours du Caire, Barack Obama a franchi une �tape de plus dans l�apaisement des relations entre les Etats-Unis et le monde musulman. Ces relations avaient atteint le point critique sous Bush et son application de la th�orie du choc des civilisations de Samuel Hutington comme base des rapports de la puissance am�ricaine avec le monde musulman. Cette th�orie pr�disait, en fait, le retour des guerres de religion dues � l�incompatibilit� essentielle entre l�Occident et l�Islam. Elle rejoint la vision des int�gristes musulmans. Les extr�mismes se touchent, dit-on. Ils s�alimentent l�un l�autre. Traduit en termes g�ostrat�giques, cela voulait tout simplement dire la n�cessit� pour les Etats- Unis de maquiller des conflits pour le profit en guerres pour des valeurs civilisationelles. Le discours du Caire est important d�j� au niveau du symbole. Voil� un pr�sident am�ricain qui s�en vient avec la volont� de dialoguer avec un monde diabolis� � qui mieux mieux. S�il fustige � raison les extr�mismes et les archa�smes du monde musulman, c�est pour exprimer sa confiance dans les capacit�s des soci�t�s sous le double joug de pouvoirs despotiques et de groupes d�illumin�s religieux et mafieux � se hisser au niveau des exigences du pr�sent. Enfin, il a exprim� comme jamais pr�sident am�ricain ne l�avait fait � ce jour sa sensibilit� aux �souffrances intol�rables des Palestiniens�. Son d�sir d�une paix qui ne se r�alise pas au d�triment de la cr�ation d�un Etat palestinien ne laisse aucune �quivoque. Des mots ? Si ce ne sont que des mots, il faut croire que rien ne l�obligeait � les prononcer. Sans attendre le miracle, il y a un fr�missement.
A. M.

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