Culture : ALDO ROMANO, LE NOBEL DU JAZZ, AU SOIR D�ALG�RIE:
�S�il n�y avait pas le jazz, je n�aurais pas �t� musicien !�


L�allure f�line et le geste �l�gant propre aux musiciens de talent, Aldo Romano est un batteur, chanteur et compositeur de musique jazz. Rencontr� au Centre culturel fran�ais, dans le cadre de la 10e �dition du Festival culturel europ�en, il a bien voulu nous accorder un entretien, dans lequel il nous livre ses pens�es et ses impressions. Ce fils d��migr�s italiens, install�s en France, est n� en 1941. Essentiellement autodidacte, il s�est tr�s vite, gr�ce � son talent et son souci de perfectionnisme impos� comme le sp�cialiste europ�en du jazz � travers son jeu de batterie hors pair qui lui a valu en 2004 le prix du �Jazzpar prize�, appel� commun�ment le Nobel du jazz. Une cons�cration qui couronne un parcours musical de plus de trente ans, riche en cr�ations et en originalit�.

Propos recueillis par, Fatma Haouari

Le Soir d�Alg�rie : Votre biographie est assez surprenante, vous avez commenc� par jouer de la guitare avant d�opter pour la batterie, pourquoi ce basculement vers cet instrument qui est per�u comme un instrument d�accompagnement plut�t qu�un instrument de cr�ation ?
Aldo Romano :
J�ai commenc� par �tudier la guitare et puis un jour je suis mont� sur sc�ne pour effectuer un remplacement d�un batteur au pied lev�. Je n�ai pas choisi la batterie. C�est elle qui m�a choisi. Comme je ne crois pas au hasard, pour moi le d�clic s�est fait car j��tais pr�destin� � �tre un batteur. Il est vrai que la batterie est per�ue comme un instrument d�accompagnement mais quand on a de l�imagination, de la dext�rit� et de la ma�trise, cet instrument peut r�v�ler de belles surprises musicales auxquelles on ne s�attend pas. Contrairement � ce qu�on peut penser, le batteur a une double libert� sur sc�ne non seulement il soutient l�orchestre, il ponctue, il intervient mais aussi il influe consid�rablement sur l�improvisation. Le batteur joue le r�le d�inter-play et d��change. Ceci dit, je joue toujours de la guitare, notamment quand je compose.
Pourquoi avoir choisi le jazz comme genre musical ?
C�est un genre musical que j�ai dans la peau. C�est une question de feeling. Depuis mon jeune �ge, cette musique m�a imm�diatement happ�. Il y a dans cette musique la dimension spirituelle qu�est le gospel chant� par les blacks, le blues qui capte toute leur souffrance et leurs blessures profondes et il y a aussi toutes ces interactions humaines qui font du jazz une musique extr�mement riche. Je vous dirai sinc�rement et franchement, m�me si cela semble exag�r� que s�il n�y avait pas le jazz, je n�aurais pas �t� musicien ! C�est un lien tr�s fort que j�ai avec cette musique.
Vous dites que certains lieux vous inspirent�
Oui, les lieux m�inspirent directement et quelquefois indirectement. Ils peuvent r�veiller en moi un souvenir, une �motion, de la col�re quand je suis dans un pays o� les gens vivent une situation difficile, de la joie moins souvent mais la dimension humaine est tr�s porteuse de cr�ation et d�innovation. C�est certain, il y a des endroits qui titillent mon imagination et mon inspiration.
Parlez-nous de votre voyage � New York, a-t-il d�clench� quelque chose en vous ?
Il est vrai que le r�ve de tout musicien est de se rendre � New York mais quand j�ai �t� la premi�re fois, car j�y suis all� plusieurs fois par la suite pour mon travail, je me suis dit que je ne pourrais jamais vivre dans cette ville� (Rires). Musicalement, cette ville est source de fascination, mais moi j�ai d�j� un fonds musical �pais. D�abord mes origines italiennes qui sont aussi riches. Il y a aussi l�Afrique du Nord et l�Orient. Le ra� que j��coute avec plaisir et la musique arabe que je trouve exquise. Je vous citerai Oum Kalthoum que j�adore.
Le prix Nobel du jazz, une cons�cration, est-ce que vous vous y attendiez ?
C�est en 2004 que j�ai re�u le Jazzpar prize, le prix Nobel du jazz, � Copenhague, j�avoue que j��tais heureux d�autant plus que c�est � ce moment-l� que je me suis mis � la chanson. C��tait en rappel du concert, j�ai chant� �Estate�, le public a ador� et de l�, j�ai d�cid� d�enregistrer un album chant�. Le projet s�est r�alis� en 2005 et est sorti le 9 janvier 2006. Jean-Claude Petit a �crit les cordes et les bois. Carla Bruni a chant� avec moi sur cet album une chanson en italien. Par la suite, j�ai sorti un autre album chant� intitul� Etat de fait en novembre 2007. J�ai enregistr� un autre album Just Jazz mais en tant, que batteur. A la prochaine rentr�e, je sors un autre album dans lequel je chante.
F. H.





Source de cet article :
http://www.lesoirdalgerie.com/articles/2009/06/10/article.php?sid=84328&cid=16