Actualit�s : SITUATION S�CURITAIRE
Ce qui a chang� dans le terrorisme Alg�rie


L�intrusion directe d�Al-Qa�da, la semaine derni�re, contre l�Alg�rie � travers le discours enregistr� d�Abou Yahia Al-Libi, est venue confirmer la mutation qui s�est op�r�e dans la sph�re terroriste dans le pays et dont les balbutiements remontent � septembre 2006, quand le GSPC s�est affili�, organiquement et officiellement, � l�organisation de Ben Laden.
Jusque-l�, les diff�rentes et rares sorties d�Al- Qa�da, en direction de l�Alg�rie, avaient �t� le fait de Zawahiri et se limitaient � de petits passages dans des discours orient�s vers d�autres objectifs ne concernant pas le pays. L��l�ment nouveau dans l��volution d�Al-Qa�da, depuis son implantation en Alg�rie, est que pour la premi�re fois, elle s�est elle-m�me, et non sa filiale criminelle qui la repr�sente dans le pays et pr�tendument dans tout le Maghreb, autoris�e � intervenir pour tracer carr�ment ce qui s�apparente � une �feuille de route� o� elle fixe ses priorit�s. L�on comprend que jusque-l�, elle a laiss� toutes les initiatives � la discr�tion de sa filiale en attendant de faire ses preuves dont elle s�est montr�e plus que satisfaite � travers les �loges sans limites adress�s � Droukdel et auxquels n�a jamais eu droit avant lui aucun dirigeant local d�Al-Qa�da si ce n�est apr�s la mort, comme ce fut le cas de Zerqaoui en Irak. En mettant tout son poids pour battre clairement et tr�s explicitement le rappel des troupes � l��chelle de tout le Maghreb et des pays subsahariens afin de renforcer sa filiale en Alg�rie, elle sait qu�elle sera entendue par ses partisans ou, � tout le moins, qu�elle a d�j� r�uni les conditions pour que cette �mobilisation g�n�rale� ne soit pas un appel dans le vide. Sous cet angle, il se per�oit que le terrorisme qu�a eu � subir le pays a �t� une simple premi�re �tape � partir de laquelle le �vrai djihad� qui ne reconna�t ni les fronti�res, ni les nationalit�s, ni les origines va enfin commencer. D�sormais, et � dater tr�s pr�cis�ment de la diffusion du discours d�Abou Yahia Al-Libi de la semaine derni�re, il y a lieu de noter que le terrorisme en Alg�rie n�est plus le m�me que celui qui a pr�valu jusque-l�. Ind�pendamment du mode op�ratoire dont Droukdel a vite fait de donner un avant-go�t, d�s son all�geance � Al-Qa�da, c�est que ce m�me Yahia Al-Libi, que certains voient d�j� comme le probable successeur de Ben Laden � la t�te d�Al- Qa�da, s�il n�est en r�alit� qu�un terroriste, comme les autres, a pris sur lui (ou a �t� d�sign�) de veiller personnellement � la poursuite de la strat�gie criminelle de son organisation en Alg�rie. Etant devenu lui-m�me le premier maghr�bin � acc�der dans le cercle tr�s �troit des principaux dirigeants d�Al-Qa�da, il semble qu�il lui a �t� d�volu de suivre de tr�s pr�s l��volution de son aile maghr�bine. Il a d�j� eu � intervenir par deux fois en 2007 et 2008, mais � travers des �crits et non pas un discours solennel comme la semaine derni�re, m�me s�il ne reste au fond qu�un pr�che aux allures martiales. D�abord pour y apporter sa b�n�diction aux attentats-suicides et, en suite, pour prendre la d�fense d�Al-Qa�da au Maghreb contre ceux qui se sont �lev�s au Moyen-Orient contre sa pr�sence et son action en Alg�rie. Mais, �tant le seul � avoir fait des �tudes th�ologiques (par rapport � Ben Laden qui est ing�nieur de formation et Zawahiri m�decin), il s�est �galement construit une rh�torique doubl�e d�un verbe facile, dans une langue parfois recherch�e et m�me ch�ti�e � m�me de faire des ravages dans les esprits mal pr�par�s qui auraient � �couter ses enregistrements, qui se comptent d�j� par dizaines depuis son �vasion en 2005 d�une prison am�ricaine en Afghanistan. Il va falloir s�attendre, d�sormais, � d�autres sorties de sa part en faveur du terrorisme en Alg�rie, comme il l�a d�j� fait pour la Somalie o� peut �tre mesur�e la situation entre la p�riode des �tribunaux islamiques� qui n� �taient pas affili�s organiquement � Al-Qa�da et celle d�aujourd�hui avec �Harakat shabah� qui lui est li�e. Autrement dit, le contre-terrorisme en Alg�rie, en plus des moyens militaires et policiers dont il dispose pour r�duire les maquis, a, aussi, � faire face � la v�n�nosit� d�une �minence intellectuelle et spirituelle qui ne manquera pas de faire des petits. Et ce ne sont pas les contre-fetwas des oul�mas classiques qui p�seront d�un poids d�cisif pour la contrer. Encore une fois, la solution demeure dans la solidit� des convictions r�publicaines, patriotiques et d�mocratiques qui ont �t� � l�origine de la victoire sur le GIA. Se faire l�illusion qu�Al-Qa�da au Maghreb pourrait �tre vaincue sans ce passage oblig� serait mortel pour l�Alg�rie.
Mohamed Issami

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