Vox populi : Regard sur une soci�t� agonisante

Au seuil du troisi�me mill�naire, notre peuple vit encore des situations, voire des d�b�cles dont la gen�se remonte aux p�riodes primaires de l�humanit�.
Une m�me mani�re de penser, une rituelle fa�on de se comporter r�sument ais�ment notre quotidien. Cette v�n�ration maladive de la chose oiseuse nous abr�ge l�acc�s � l�univers de la pr�histoire avec tous ses attributs r�gressifs. L�avenir de cette patrie demeure grev� par cette singuli�re nonchalance qui d�finit fonci�rement notre volont� d�assister jovialement � l�ensevelissement de notre statut de nation. L�amour que nous �prouvons journellement pour la chute de nos symboles rejoint parall�lement notre haine de se voir au firmament des vertus. Une forme de pathologie enrobe nos esprits pour devenir, sans r�action aucune, notre arch�type de conduite. D�noncer fait partie de ces verbes victimes de la censure dans cette patrie o� le droit � la citoyennet� reste une revendication des plus chim�riques. Tout le monde ne cesse de s�interroger sur cette dangereuse avanc�e du mal qui s�enracine au sein de la soci�t� alg�rienne. Certains imputent cette d�rive au fait de carence en culture, d�autres t�moignent que cette situation, dont l�origine est cette vacuit� qui d�peint notre quotidien, est le produit d�un attachement ancestral aux id�es tribales qui font de l�individu un sujet d�nu� de toute capacit� de s��voluer. Une sempiternelle transmission de ce d�vastateur h�ritage de g�n�ration en g�n�ration d�fie les si�cles, brade la sagesse. Le ph�nom�ne de la jalousie que nos fr�res cultivent et entretiennent avec une minutie inou�e a longtemps garni notre esprit tout en reconnaissant en nous cette corrosive tare qui consiste � d�nigrer nos meilleurs, � m�dire de nos �lites pour le vil plaisir d�assouvir notre obsession de voir nos �mules souffrir pour s�en r�jouir. Une course � la succession au sale tr�ne de l�h�ro�sme en mati�re de la fausset� demeure une comp�tition appuy�e par ignorance de la vertu de la bienfaisance. Cette tendance � abaisser gratuitement les n�tres explique notre r�gression intellectuelle consolid�e par cet enseignement r�trograde de la langue arabe que toute la communaut� s�accorde � consid�rer comme �tant le v�hicule de toutes les pens�es passives. Ce retard accus� en culture menace toujours cette nation de disparition sur la sc�ne universelle. Une forme de r�volte se manifeste de temps � autre exigeant un changement fondamental dans les abstractions obsol�tes qui influent, avouons-le, sur tous les autres milieux de la vie humaine. Le vide qui comble le quotidien du citoyen l�accule � s�adapter avec cette autre mani�re d�imaginer des solutions insolites pour affronter une actualit� infernale impos�e par les l�gislateurs de la privation. Les fa�ons favorites adopt�es par l�ensemble de la nation pour briser toute tentative de r�tablissement de la paix par des perles rarissimes qui ne veulent que la r�appropriation historique de notre patrimoine, incitent ces g�nies � ne plus s�inqui�ter du pr�caire sort de notre existence. D�autres d�cident irr�m�diablement de se r�duire au mutisme vu la gravit� de la conjoncture, redoutant la salissure par la rumeur qui devient le style privil�gi� de ceux que l�intelligence agace. Cette m�thode reste la plus efficace afin d'aboutir � des desseins diaboliques qui r�sident dans cette volont� de chasser tout homme apte � innover au giron m�me de l�archa�sme. La b�tise se r�p�te pour devenir enfin notre mod�le de conduite qui conditionne nos comportements, hante nos mentalit�s tant la pathologie a atteint notre moelle spirituelle. La soif d�empi�ter sur les droits des autres reste le souci capital pour ceux qui refusent toute confession plausible devant l'obstination de rassasier leur d�sir de ruiner leur proche. Les nations avancent d�une fa�on av�r�e � la conqu�te du savoir avec une harmonie inexprimable dans leurs alliances sociales. Leur soci�t� est prise en charge par une forme de complicit� g�n�ratrice de mouvements constructifs � la recherche de l�euphorie plan�taire tandis que le d�sordre qui �maille notre v�cu demeure la cons�quence incontestable de notre penchant aux choses futiles comme pour juger les personnes au sens d�valorisant de l�expression. Le manque singularis� en initiatives accompagne cette chronique paresse qui a reconverti notre soci�t� en une secte dont le rite consiste � incomber tous les �checs aux forces de la fatalit�, ainsi le recul vers l��re de la pr�histoire s�illustre o� l�indigence et la violence en sont nos seuls viatiques. Chekri Rachid, enseignant et �crivain, Akbou

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