Actualit�s : CE MONDE QUI BOUGE
Amnon Kapeliouk, ou l�engagement d�un juif isra�lien envers la Palestine


Par Hassane Zerrouky
Un ami de la cause palestinienne vient de partir. Amnon Kapeliouk, 78 ans, n� en Palestine, est mort des suites d'une intervention chirurgicale vendredi dernier.
Journaliste isra�lien, il a collabor� � plusieurs journaux, dont Yedioth Aharonoth, le Monde, le Monde diplomatique, mais aussi l'Humanit�. Ecrivain, il a �crit une remarquable biographie de Yasser Arafat, pr�fac�e par Nelson Mandela, Arafat l'indestructible (ed.Fayard) ainsi que plusieurs livres-t�moignages sur les crimes de guerre isra�liens, dont Enqu�te sur un massacre (ed. Sned Alger 1982) sur Sabra et Chatila, H�bron : Un massacre annonc�(1994). Amnon Kapeliouk, juif antisioniste, ami d'Arafat et de plusieurs dirigeants palestiniens, s'est de tout temps tenu aux c�t�s des Palestiniens. A chaque fois que c'�tait n�cessaire, il prenait sa plume pour d�noncer et t�moigner. Voici ce qu'il �crivait le 16 janvier dernier dans les colonnes de l'Humanit�sur le si�ge de Ghaza : �La sauvagerie qui vise une population sans d�fense se r�sume en 1050 personnes tu�es, dont un quart d'enfants et 130 femmes. Le nombre de bless�s atteint 4 500 dont quelques centaines sont dans un �tat grave. Cette op�ration barbare n'a �pargn� personne, et la terrible puissance de feu de l'aviation, de l'artillerie, des chars et de la marine militaire d'une arm�e tr�s forte et sophistiqu�e a vis� les quartiers civils dont les camps de r�fugi�s� avant de conclure : �Sans doute la Haute Cour internationale de La Haye va-t-elle examiner ce qui s'est pass� sur cette bande martyre de Ghaza�. S'exprimant couramment en arabe tant � l�oral qu�� l��crit, oppos� aux guerres successives d'Isra�l, � la colonisation des territoires palestiniens, Amnon Kapeliouk a �t� l'un des rares journalistes �trangers � avoir interview� Yasser Arafat alors assi�g� dans ses bureaux de la Moukata, � Ramallah. En 2005, il �crit un article dans le Monde diplomatique dans lequel il d�veloppe la th�se suivant laquelle Yasser Arafat avait �t� empoisonn�. Voici son t�moignage : �Le 28 septembre, lors du quatri�me anniversaire de l'Intifada Al-Aqsa, je le revois pour la derni�re fois (...) Son visage est amaigri, et il semble flotter dans ses v�tements (...) Au mois d'octobre, son �tat de sant� se d�grade. Le 12, quatre heures apr�s le d�ner, il commence � souffrir de maux de ventre, de vomissements et de diarrh�es. Soign� pour une grippe intestinale, il ne r�agit pas aux m�dicaments (...) Le 27, aggravation subite : il perd connaissance pendant un quart d'heure. L'ex-ministre de la Culture Yasser Abed Rabbo, qui vient de lui rendre visite, me confie : Son �tat est tr�s grave, tr�s grave�. Le 29 octobre, quand Arafat est �vacu� vers la France, Kapeliouk �crit : �Au lieu de son �ternel keffieh, le ra�s porte un chapeau de fourrure et sourit �trangement: ce n'est pas le Arafat que je connais depuis notre premi�re rencontre en ao�t 1982, � Beyrouth-Ouest assi�g�e (...) A Clamart, il arrive conscient, mais tr�s affaibli. Les premiers examens ne mettent en �vidence ni leuc�mie ni tumeurs, mais une grave inflammation du tube digestif, que les m�decins combattent avec de fortes doses d'antibiotiques et d'anti-inflammatoires. Son �tat s'am�liore : il marche un peu dans sa chambre, parle au t�l�phone avec le pr�sident Jacques Chirac et avec plusieurs dirigeants palestiniens. Mais, le 3 novembre, il sombre soudain dans le coma. Il souffre d'une s�rie de sympt�mes graves, attribu�s � une toxine inconnue que les m�decins fran�ais ne parviennent pas � d�tecter (...) Deux semaines apr�s son arriv�e, le pr�sident Yasser Arafat ferme les yeux pour toujours. Pour expliquer cette mort subite, la presse isra�lienne, on l'a vu, a �voqu� trois causes : infection, sida ou empoisonnement.� Tel �tait Amnon Kapeliouk dont l'engagement et les �crits sur la lutte du peuple palestinien ont fait beaucoup plus pour la cause de celui-ci que les attentats-suicides ou les discours braillards de certains dirigeants arabes et musulmans.
H. Z.

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