Chronique du jour : DECODAGES
DES CLASSES PR�PAS ET DES GRANDES �COLES POUR SEPTEMBRE
C�est peut-�tre le r�veil ?
Par Abdelmadjid Bouzidi
abdelmadjidbouzidi@yahoo.fr


En Alg�rie, et si l�on devait s�en tenir � la seule �conomie, il n�est pas difficile d��tablir que l��cole, l�universit�, la formation professionnelle, bref tout le syst�me d��ducation-formation constituent de plus en plus un v�ritable handicap qui ob�re s�rieusement toute ambition de faire de l��conomie alg�rienne, une �conomie �mergente. Les cohortes form�es dans chacun des paliers du syst�me sont, certes, de plus en plus nombreuses, mais elles ne trouvent pas � s�employer.
L��cole alg�rienne est comme une immense machinerie qui fonctionne pour elle-m�me. Et on peut observer que les dipl�m�s qui ne trouvent pas � s�employer le doivent moins � un manque d�occasion d�emplois qu�� l'inad�quation des formations qui leur ont �t� dispens�es, aux postes de travail disponibles dans les diff�rents secteurs d�activit� �conomique revitalis�s ces dix derni�res ann�es par les colossales d�penses publiques engag�es dans le cadre des plans de relance. Les entrepreneurs, tant nationaux qu��trangers, install�s chez nous ne cessent de r�p�ter qu�ils rencontrent d��normes difficult�s � recruter des cadres et des agents de ma�trise comp�tents. A la m�diocrit� de la formation dipl�mante s�ajoute l�absence d�une formation qualifiante. Comment progresser d�s lors dans la r�duction de la fracture technologique et le rattrapage ne serait-ce que des pays � niveau de revenu similaire, sans la disponibilit� sur le march� du travail d�ing�nieurs et de cadres de divers profils qualifi�s, comp�tents et �up to date� ? Comment d�velopper r�ellement la recherche-d�veloppement et l�innovation dont a si besoin notre �conomie si le syst�me d��ducation-formation ne produit pas des dipl�mes adress�s � des qualifications r�elles acquises, aussi, au sein de l�entreprise par de fr�quents stages (formation altern�e) ? Si ce syst�me n�offre pas de cursus de formation en prise r�elle avec les probl�mes de l�entreprise quels que soient les secteurs d�activit� : �conomiques, sociaux (gestion des h�pitaux) ou culturels ? Comment enfin attirer les capitaux internationaux dans le pays sous forme d�investissements directs, si les champions mondiaux porteurs de savoir-faire et de technologie et d�sirant investir chez nous, ne trouvent pas sur le march� du travail local la main-d��uvre qualifi�e dont ils ont besoin ? Il faut en effet souligner que c�est moins le co�t de la main-d'�uvre que son niveau de qualification qui d�cident aujourd'hui les investisseurs �trangers � choisir tel ou tel autre site d�accueil pour leurs projets. L�Inde, l�Indon�sie, la Malaisie ou, plus pr�s de nous, bien qu�� un degr� moindre, la Tunisie et le Maroc, nous l�enseignent chaque jour. Chez nous, la massification de l�enseignement tout � fait acceptable (et m�me recommandable) pour le premier palier (primaire) ne doit plus se faire au d�triment de la qualit� de la formation dispens�e dans les cycles secondaires et surtout sup�rieurs. L�Etat ne pourra pas continuer � financer int�gralement, comme il le fait actuellement, les trois paliers du syst�me �ducatif sans hypoth�quer tr�s s�rieusement la qualit� de la formation dispens�e dans chacun d�entre eux. L�enseignement primaire, qui d�termine tout le reste, doit ob�ir au principe de l��galit� des chances pour tous les enfants en �ge d��tre scolaris�s et l�Etat doit concentrer ici, en priorit�, ses efforts. Mais, secondaire et surtout sup�rieur doivent conna�tre des discriminations en fonction des performances des �l�ves et surtout de leur situation sociale. Cette discrimination existe, d�ailleurs, d�j� entre ceux qui peuvent payer des cours individuels suppl�mentaires et ceux qui ne le peuvent pas. Seuls les plus d�munis b�n�ficieront du soutien de l�Etat qui devra, par ailleurs, encourager l�ouverture de lyc�es priv�s pour casser le monopole �tatique de l��cole et introduire des �l�ments de comp�tition entre �tablissements. La d�cision qui vient d��tre prise de cr�er des cycles de formation d�excellence en instituant des classes pr�paratoires pour les meilleurs bacheliers, puis l�acc�s � de grandes �coles d�excellence pour ceux qui r�ussiront les concours d'entr�e est une bonne d�cision. Il est grand temps de commencer � se pr�occuper de la formation d�une �lite scientifique dans les diff�rentes fili�res car c�est de cette mani�re (supr�me banalit� !) qu�on dote le pays de la locomotive n�cessaire � sa progression. Ce syst�me de classes pr�pa. et de grandes �coles qui, tout le monde le sait, ne date pas d�hier, et qui a prouv� son efficacit� sous d�autres cieux a, h�las, �t� totalement d�laiss� chez nous on ne sait pourquoi. Pourtant, Bela�d Abdeslam, suivi par d�autres d�partements minist�riels, avait mis en place, au d�but des ann�es 1970, de grandes �coles pour produire les cadres dont il avait besoin pour son ambitieux projet d�industralisation. Rappelons-nous : Boumerd�s et ses instituts, l�Ecole des travaux publics. L�Ecole nationale d�informatique, l�Ecole sup�rieure d'�lectronique etc. Tout cela a �t� balay� par on ne sait quelle main invisible et nous voil� revenus � la case d�part.
* Le financement de ces grandes �coles devra mettre � contribution les futurs utilisateurs de ces cadres hautement qualifi�s : entreprises nationales et �trang�res, institutions publiques, Etat et Collectivit�s locales chacun en ce qui le concerne. Ici aussi, ce syst�me des grandes �coles doit �tre ouvert au secteur priv�. Mais un secteur priv� novateur, efficace �professionnel � et non pas � l�image de nos �tablissements d�enseignement priv� qui ont actuellement �pignon sur rue� et dont les �sortants � grossissent aussi pour leur part, les rangs des ch�meurs. Il faut aussi rappeler que le pays qui est all� le plus loin dans le syst�me des grandes �coles (et qui en est fier depuis bien longtemps), la France, a rattach� l�essentiel de ces �coles aux minist�res techniques et notamment le minist�re de l�Industrie, tant leurs finalit�s �taient bien pr�cises et bien cibl�es. De m�me, et en compl�ment � ces �coles, ont �t� mises en place des �corporate universities� financ�es par les organisations patronales et produisant des top managers dont leurs entreprises ont besoin (Paris, Lyon, Toulouse, Chamb�ry, Grenoble...) pour que notre syst�me ne soit pas bancal et ne reste englu� dans �la philosophie g�n�rale qui marque notre enseignement sup�rieur, il faut poursuivre et approfondir la r�flexion sur cette bonne initiative et la compl�ter dans le cadre d�une r�forme globale de notre syst�me de formation sup�rieure. Il faut arr�ter d��tre superficiels, de se contenter de r�formes ponctuelles qui restent sans effet sur les objectifs cibl�s. Il nous faut des actions � la mesure des ambitions l�gitimes de notre grand pays et de la faim des sciences et de savoir de notre formidable jeunesse. Et quoi qu�en pensent les cassandres : �Yes we can !�
* Il est, d�autre part, entendu que ces grandes �coles dont les premi�res (au nombre de dix) ouvriront leurs portes en septembre de cette ann�e, pour �tre efficaces et atteindre leur objectifs qui est, faut-il le rappeler, de produire des formations d�excellence, exigent des capacit�s av�r�es de gestion non seulement p�dagogiques mais aussi administratives. La question que se posent les Alg�riens, de plus en plus nombreux � �tre rong�s par le doute sur leurs propres capacit�s est celle de savoir si nous serons capables d�atteindre les standards internationaux qu�exigent ce genre d��tablissements ? On peut noter en tout cas que, c�est bien dans le contexte alg�rien, avec un encadrement alg�rien, des �quipes p�dagogiques alg�riennes, des programmes d'enseignement con�us par des professeurs alg�riens que les hautes �coles d�ing�nieurs et de technologues relevant du minist�re de la D�fense nationale (ENITA, Ecole sup�rieure de Rouiba, Ecole de Tafraoui... pour ne citer que celles-l�) fonctionnent selon les standards internationaux et dispensent des formations de haut niveau qui n�ont rien � envier � celles assur�es par les grandes �coles des pays du nord. Pourquoi donc ce que nos militaires ont su faire, ne pourrait-il pas l��tre par nos gestionnaires et p�dagogues �civils�, bien s�r dans leur style propre.
A. B.

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