Monde : Jeux de hasard et autres vices pour le �d�veloppement de l�Afrique�

Quand la solidarit� en faveur de l�Afrique d�pend d�une loterie ou comment se servir des pauvres de l�Hexagone pour aider d�autres pauvres du continent africain, ou, plus pernicieux encore, comment camoufler les carences de l�aide publique fran�aise promise et se pr�senter en �grand philanthrope�.
De notre bureau de Paris, Khadidja Baba-Ahmed
Le secr�taire d�Etat fran�ais � la Coop�ration a annonc�, en grande pompe, jeudi, que la France �tudiait de pr�s, en association avec la Fran�aise des jeux, la cr�ation, d�s l�ann�e prochaine (2010), d�un loto ou d�un bingo �pour l�Afrique� accessibles sur Internet. Ce loto permettrait de r�colter �quelque dix millions d�euros par an� dont �une partie de la mise irait � la bonne cause, permettant de sensibiliser la population et mobiliser les diasporas�, a expliqu� le g�n�reux secr�taire d�Etat. Ce que ne dit pas le secr�taire d�Etat, c�est que la France va comptabiliser, dans son aide publique au d�veloppement, les sommes qu�elle r�coltera de ce jeu de hasard. Ce qu�omet aussi de rappeler le secr�taire d�Etat, c�est la promesse faite officiellement par la France d�assurer un accroissement r�gulier de l�Aide publique au d�veloppement (APD) jusqu�� atteindre 0,7% de son budget d�ici 2015. Aujourd�hui, la France n�est qu�� 0,5% de son budget. �Scandaleux, choquant, paternaliste et � la limite insultant�, ce sont les qualificatifs qui reviennent le plus souvent suite � cette trouvaille, qualifi�e de �financement innovant�. Ce qui est moins innovant, c�est certainement ce m�pris avec lequel le continent africain est trait� depuis des lustres par les politiques fran�ais. �La coop�ration fran�aise ne doit pas �tre aussi impr�visible qu�une loterie �, a r�agi � l�annonce S�bastien Fourny, responsable de l�ONG Oxfam France-Agir, pour qui cette nouvelle trouvaille masque l�absence de volont� et d�effort du pouvoir en faveur de l�aide au d�veloppement. �Pas tr�s moral, pas tr�s digne�, s�est �cri� Patrick Lozes, pr�sident du Conseil repr�sentatif des associations noires de France (Cran) sur les ondes radiophoniques hier matin. Bruno Tardieu, d�l�gu� national d�ATD Quart Monde, pense, quant � lui, que �la solidarit� internationale ne dit pas se jouer ; elle n�est pas une marchandise ; elle se doit d��tre un engagement des Etats�. Et pour �tre plus explicite : �Va-t-on aussi faire une casse� pour assurer cette aide ? De nombreux Africains ont vivement r�agi face � ce nouveau cynisme. �Tout ce que l'Afrique demande, c'est aux pays occidentaux de ne pas accepter les roitelets qu'ils maintiennent au pouvoir en Afrique, de vider les caisses des Etats et de venir les placer dans des paradis fiscaux en Occident, c'est d'avoir un peu l'orgueil d'acheter ses mati�res premi�res au prix co�tant sur le march� mondial� c�est de ne pas piller les ressources du sous-sol des pays africains. C'est aussi de demander au Tr�sor fran�ais de ne plus retenir 60 % des avoirs ext�rieurs des pays membres de la zone CFA dans ses caisses, car ce n'est pas � l'Afrique de supporter les d�ficits des Fran�ais, Enfin, c'est de couper avec les liens coloniaux encore maintenus � travers la Fran�afrique�. La majorit� des r�actions vont dans ce sens, et il s�est m�me trouv� une auditrice qui s�est �cri�e : �A ce train- l�, la France va utiliser l�argent de la prostitution pour �viter de rembourser ce qu�elle a spoli� en Afrique !�
K. B.-A.

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