R�gions : TLEMCEN
Mis�re et solidarit�


Au troisi�me jour du mois de Ramadan, les bourses moyennes sont mises � rude �preuve, et commencent � s�essouffler. C�est ce qui explique en quelque sorte la stabilit� relative des prix des produits de large consommation.
L�offre d�passe largement la demande : fini les grandes bousculades dans le march� couvert. Le souci premier de tout un chacun est de s�assurer la baguette de pain, le sachet de lait. Ceux qui ne pouvant plus soutenir le rythme des d�penses ramadanesques se sont r�sign�s � pointer � la soupe populaire. De longues cha�nes de n�cessiteux se forment � partir de midi devant l�entr�e de Sidi- Ahmed-Belahcen ; cet endroit qui ne d�semplit jamais en dit long sur la mis�re rampante de ces derni�res ann�es. D�ailleurs, les gens n��prouvent aucun complexe � r�clamer l�aide. La cha�ne des n�cessiteux grossit chaque jour un peu plus devant le si�ge de l�action sociale. Il y a quelques ann�es, peu de gens osaient s�afficher publiquement, c��tait des enfants qu�on envoyait � Sidi- Ahmed-Belahcen ramener le couffin du f�tour. Cette ann�e aussi devant le nombre croissant des exclus, il a fallu recourir � des b�n�voles pour faire face � la situation qui a fait du pauvre d�hier le mis�rable d�aujourd�hui. Enfin, vous trouvez toujours quelqu�un qui se f�licite des prouesses r�alis�es par l�Alg�rie dans le domaine des r�formes et qui vous vante les m�rites de l�action officielle de solidarit�. Cette esp�ce d�aum�ne est une insulte � l'Alg�rien. Il suffit que les richesses de ce pays soient distribu�es et on n�aura m�me pas besoin d�un minist�re de la Solidarit� nationale. Ce qui r�chauffe n�anmoins le c�ur des Alg�riens, c�est cet �lan de solidarit� qui se manifeste dans les moments difficiles � l'exemple de ce bienfaiteur qui a fait don de 50 000 DA (5 000 couffins) aux handicap�s. Malgr� la fatigue et la canicule, les b�n�voles ne se d�couragent pas pour venir en aide aux nombreux d�munis. Un grand bravo � tous ces braves gens. Les passagers et les SDF sont aussi pris en charge dans les restos am�nag�s. A Tlemcen, � l�heure du f�tour, il n�y a pas une seule personne qui reste dehors sans repas, la solidarit� n�est pas un vain mot pour ces c�urs d�or. Ce Ramadan r�v�le au moins une chose, l�indiff�rence n�a pas sa place dans la soci�t� alg�rienne. Devant la paup�risation des masses laborieuses, il y a un v�ritable sursaut d�orgueil et c�est ce qui a pu encourager l�Etat � foncer dans des r�formes o� le social est un mot ignor� du lexique actuel. M�me les imams dans leurs pr�ches s�en sont pris violemment aux sp�culateurs et incit� les gens � plus de g�n�rosit� et de solidarit�. Cependant, on se pose la question sur cette fameuse �soci�t� civile tlemc�nienne� qui se met en hibernation durant ce mois sacr� et retrouve de la voix (d�nonciation et promesses de campagne...) quand les int�r�ts et privil�ges sont en jeu...
M. Zenasni

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