Actualit�s : EDWARD KENNEDY
Une amiti� avort�e avec l�Alg�rie


Par Khaldi Adnane
Je me rappelle de ce mois de septembre 1966 lors de la visite du s�nateur Edward Kennedy dit Ted avec sa femme Joan � l�h�pital de B�ni-Messous pour l�inauguration du service d�ophtalmologie portant le nom de son fr�re pr�sident (assassin� en 1963) JFK. Tout avait commenc� une ann�e auparavant quand l�ambassadeur des Etats-Unis � Alger prit attache avec mon p�re alors directeur de l'h�pital, pour l�informer que la famille Kennedy �tait int�ress�e pour d�aider la jeune R�publique alg�rienne dans le domaine m�dical au nom de l�amiti� que son fr�re d�funt portait � la R�volution alg�rienne.
Mon p�re qui avait dans son programme la mise en place de services pluridisciplinaires, parmi les premiers dans le pays, fut tout de suite emball� par cette id�e et pour sa concr�tisation, demanda l�autorisation � son ministre de tutelle de l��poque et n�anmoins ami (du temps du PPA et du MTLD), le professeur Tidjani Haddam. Ce dernier, un grand homme et s�rement l�un des meilleurs ministres de la Sant� qu�a connu l�Alg�rie avec le docteur Nekkache, le premier ministre de la Sant� post-ind�pendance, l�encouragea tout en lui demandant de temporiser, le temps d�avoir le quitus du pr�sident de la R�publique, le regrett� H. Boumediene, puisque tout ce qui provenait des USA �tait sensible et devait avoir l�aval du pr�sident luim�me. Suite � l�accord des autorit�s politiques du pays, le directeur de l'h�pital de B�ni-Messous, M. Khaldi Mohamed eut alors une rencontre avec le professeur Hofman, sp�cialiste en cardiologie, ami de la famille Kennedy, un des responsables de la politique de Sant� aux Etats-Unis et qui se d�pla�a sp�cialement en Alg�rie pour la r�alisation du projet. Le choix s�est port� sur la cr�ation d�un service d�ophtalmologie avec toute la technologie de pointe existante � l��poque aux USA. De m�me que l�envoi de sp�cialistes am�ricains en traumatologie, en chirurgie, en orthop�die et en cardiologie, ainsi que des anesth�sistes et des infirmi�res en soins m�dicaux et soins intensifs. Le responsable am�ricain a tout pris en charge sur le plan financier, en collaboration avec l�ambassade am�ricaine. Le mat�riel m�dical le plus performant de l��poque atterrit � l�h�pital B�ni- Messous en provenance des USA avec deux blocs chirurgicaux en prime. (En 1966, cela �tait consid�rable pour un pays qui venait d��tre ind�pendant et qui manquait cruellement de sp�cialistes). Le personnel m�dical am�ricain �tait pay� par le gouvernement US ainsi que leur h�bergement. (Dans des appartements lou�s � des particuliers dans le Grand-Alger. C�est ainsi qu�au d�but de l�an 1966 �d�barqu�rent� une quarantaine de personnes en provenance des USA avec un �quipement colossal et des Cadillac (de grosses berlines am�ricaines) avec chauffeurs. En remerciement, la d�cision fut prise de baptiser le service d�ophtalmologie au nom de JFK et son fr�re Ted Kennedy officiellement invit� � son inauguration. Et c�est ainsi qu�au mois de septembre 1966, Ted et sa femme Joan sont venus inaugurer le service baptis� JFK. Cette visite a permis aussi � Ted d�aider financi�rement � la construction de la place qui porte aujourd�hui le nom de Kennedy � El-Biar. Certains disent m�me qu�il a aid� � la construction de la mosqu�e jouxtant cette place. Les diff�rents services accueillaient des malades de toutes les villes d�Alg�rie avec un succ�s extraordinaire. Le bouche � oreille fonctionnait � une vitesse vertigineuse. Tous les malades voulaient �tre pris en charge par les m�decins US. Les jeunes �internistes� alg�riens de l��poque (aujourd�hui devenus d��minents professeurs) ont beaucoup appris au contact de ces sp�cialistes. Au service d�ophtalmologie, il y a eu m�me des opticiens o� le malade repartait apr�s correction de sa vue avec la monture et les verres en provenance des USA. Mais la politique prend toujours le dessus sur l�humanitaire. Ainsi, apr�s la guerre des 6 jours, les Am�ricains ont failli �tre expuls�s mais le regrett� Tidjani Haddam s��tait oppos� � une telle d�cision. Le service a continu� � fonctionner jusqu�au d�part de Tidjani Haddam du minist�re de la Sant� puisque, juste apr�s, (octobre 1970), les Am�ricains ont �t� pri�s de quitter le pays pour des consid�rations politiques (conflit du Proche-Orient). A leur d�part, l�Alg�rie n�avait d�pens� aucun centime � leur profit. Ils furent remplac�s par des m�decins nord-cor�ens au d�but de l�ann�e 1971.Je me rappellerai toujours, moi jeune enfant, du premier geste des m�decins nordcor�ens au premier jour de leur venue � l'h�pital, la distribution de pin�s � l�effigie de Kim Il Sung et du livre rouge � sa gloire et la r�action d�un malade hospitalis� : �Ce n�est pas �a qui va me gu�rir.� A la diff�rence de leurs pr�d�cesseurs qui avaient toute une logistique � leur service et quand quelque chose venait � manquer, il prenait attache avec l�ambassade qui ramenait le mat�riel en rupture de stock dans les 72 heures. Pour les Nord-Cor�ens, il fallait tout leur ramener pour l'exercice de leur fonction, ce qui devenait au fil du temps intenable puisque beaucoup de mat�riel m�dical �tait inexistant en Alg�rie... Le directeur de l'h�pital fut mut� dans une autre structure et dans la foul�e, le service fut d�baptis� pour prendre le nom d�Errazi alors qu�on pouvait donner ce nom � d�autres services qui n�avaient encore m�me pas de nom. La famille Kennedy fut extr�mement pein�e, ainsi que tout le personnel diplomatique US en fonction en Alg�rie... Quel g�chis et quelle opportunit� perdue pour des relations fortes avec le clan Kennedy et dont Ted allait devenir un des membres les plus influents au S�nat am�ricain. Ce fut une occasion perdue mais ce n��tait pas la derni�re... pour le malheur du peuple alg�rien.
K. A.

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