Cela fait plus de vingt ans que le discours politique en Alg�rie � et pas seulement le discours politique � souligne le caract�re vuln�rable de l��conomie nationale, trop d�pendante des hydrocarbures et de la volatilit� de leurs prix sur les march�s mondiaux (volatilit� de plus en plus importante maintenant que les sp�culateurs s�y mettent). Il faut sortir du tout-p�trole rappelle sans cesse Bouteflika, appel repris r�guli�rement par ses diff�rents Premiers ministres.
Oui mais encore ? Comment faire concr�tement ?
L�analyse de l�exp�rience indon�sienne est de ce point de vue pleine d�enseignements.
En 1985, le p�trole et le gaz assurent � l'Indon�sie 80 % de ses recettes
globales d�exportation. La soci�t� p�troli�re publique Pertamina est un
Etat dans un Etat. EN 2008, soit quelque vingt ans apr�s, le secteur des
hydrocarbures ne repr�sente plus que 11 % du PIB contre 30 % en 1980, et l�Indon�sie
se retire de l�Opep, � laquelle elle a adh�r� en 1962, �tant incapable de
respecter ses quotas. La production hydrocarbures a diminu� et depuis 2004, le
pays importe une partie de ses besoins en p�trole brut et en produits
raffin�s. En 2008, l��conomie indon�sienne pr�sente un tout autre profil :
les industries manufacturi�res repr�sentent 27 % du PIB, l�agriculture 13 %
et les services, notamment les transports et les t�l�communications,
connaissent une croissance forte � l�instar du tourisme.
L�Indon�sie a r�ussi � sortir du tout-p�trole
C�est le contre-choc p�trolier de 1986 et l�effondrement des recettes d�exportation
qui s�en est suivi qui ont contraint l�Indon�sie � la mise en �uvre d�un
programme de r�formes �conomiques et financi�res et d�ouverture aux
capitaux et investissements �trangers, notamment japonais, confirmant par l�
que c�est en situation de crise que les r�formes ont le plus de chances de
r�ussir. La diversification des exportations se d�veloppe et la croissance
�conomique, bien que lente, affiche tout de m�me r�guli�rement un taux
annuel de 5 %. Il faut, cependant, pr�ciser tout de suite que l�ouverture
�conomique de l'Indon�sie a lieu sous le contr�le de l�Etat qui a gard�
les leviers de guidage et de pilotage de l��conomie et continue d��tre
producteur et investisseur, le cas de l'Indon�sie confirmant, par l�, les
caract�ristiques d�un �mod�le asiatique � de d�veloppement (Malaisie,
Cor�e du Sud, Inde, Chine... ont toutes accord� un r�le �conomique �minent
� l�Etat).
1) Un secteur manufacturier dynamique
Les industries manufacturi�res en Indon�sie affichent un taux de
croissance annuel moyen de + 10 %. La valeur ajout�e du secteur manufaturier se
r�partit ainsi :
(2006 - 2008)
V. A. par branches
Agroalimentaire |
33 % |
Habillement, textile, cuir |
9% |
Papier, bois, ameublement |
7 % |
Raffinage |
11 % |
Mat�riaux de const. |
14 % |
Sid�rurgie |
0,3 % |
Ind. m�canique |
13 % |
Epqpt de transport |
6 % |
Electronique |
3 % |
Les industries manufacturi�res ont export� en 2006 pour une
valeur de 62,1 milliards de dollars sur un total des exportations de 108,8
milliards de dollars, soit 55 % des exportations totales (les hydrocarbures ne
repr�sentent plus d�exportations significatives : 10 % du PIB)
*Le second poste de cr�ation de richesses en Indon�sie est l�agriculture.
D�s 1973 et le premier choc p�trolier, le pr�sident Suharto surnomm� �le
p�re du d�veloppement �, d�cide de �semer son p�trole� et affecte une
partie des recettes d�exportation des hydrocarbures en financement du secteur
agricole (la rizicultire) avec comme objectif atteint : l�autosuffisance. Mais
aussi l�huile de palme, h�v�a, contreplaqu�s produits dans de grandes
plantations. L'Indon�sie est aussi un grand pays touristique. Elle a aussi
d�velopp� une �conomie de services performante.
2) La situation financi�re
Malgr� la baisse des recettes d�exportation des hydrocarbures et au
contraire une hausse de la facture des importations de p�trole brut et de
produits raffin�s, la situation financi�re de l�Indon�sie est soutenable :
� Un processus de d�sendettement a �t� engag�, et entre 1997 et 2007, la
dette ext�rieure est pass�e de 60 % � 31 % du PIB et le service de la dette
de 41 % des exportations � 13 %.
� Les r�serves de devises sont pass�es de 21 milliards � 57 milliards de
dollars en dix ans.
� Le solde commercial hors p�trole et gaz a �t� en 2007 de 27 milliards de
dollars et le solde commercial de 33 milliards de dollars. Il faut quand m�me
rappeler que l�Indon�sie est encore un grand exportateur de gaz.
� En mati�re d�entr�es nettes de capitaux �trangers, la situation est
favorable et l�attractivit� du site Indon�sie reste bonne malgr� un mauvais
climat des affaires.
Le stock d�investissements directs �trangers est de 10,5
milliards de dollars en provenance des Etats-Unis et de 7,5 milliards de dollars
en provenance du Japon. Les autres investisseurs sont l�Inde, la Malaisie, la
Chine. Et il faut souligner que la politique du pays en mati�re d�IDE n�est
pas lib�rale et reste tr�s contraignante pour les investisseurs. L�Indon�sie
occupe la 123e place dans le classement �climat des affaires� de la Banque
mondiale. La crise mondiale actuelle reste pour l�instant d�un faible impact
sur l��conomie indon�sienne. Deux raisons essentielles � cette faible
sensibilit� � l�ext�rieur.
1 - La croissance �conomique est tir�e principalement par
la demande int�rieure soutenue par une politique de transferts sociaux et de
subventions de l�Etat et surtout d�aide aux classes moyennes urbaines qui
maintiennent la consommation interne � un haut niveau.
2 - Les exportations sont diversifi�es : produits manufactur�s, mati�res
premi�res, produits agricoles.
En conclusion, on peut souligner le fait que l�Indon�sie, pays p�trolier et
gazier, est parvenu � sortir son �conomie du toutp�trole et � changer de
r�gime de croissance par une politique volontariste de r�formes structurelles.
La croissance �conomique de ces dix derni�res ann�es a �t� de 5 % en
moyenne annuelle et les pr�visions pour les cinq prochaines ann�es la fixent
� 6,5 % par an. Bien �videmment, l��conomie indon�sienne tra�ne encore
des handicaps. Quatre probl�mes attendent d��tre r�gl�s.
1 - La croissance est molle et reste tir�e par la consommation
2 - Il y a une faiblesse de l�investissement de l�Etat qui consacre son aide au soutien
� la consommation
3 - L�investissement priv� est insuffisant pour cause de mauvais climat des affaires,
notamment mauvaise interm�diation bancaire
4 - Il y a un d�ficit en infrastructure de base qui risque de freiner encore plus la
croissance.
A. B.