Le président de la Commission consultative nationale de promotion et de protection des droits de l'homme (CCNPPDH) continue de promouvoir l’idée d’une amnistie générale. Farouk Ksentini pense même que l’option est «inévitable », se défendant au passage d’empiéter sur les prérogatives de Bouteflika.
Nawal Imès - Alger (Le Soir - S’étendant longuement sur
la question, Farouk Ksentini a expliqué, jeudi, lors de son passage au Forum d
’El Moudjahid, que c’est l’évolution de la situation en Algérie qui
imposerait une telle démarche. Il s’agirait de redonner un second souffle à
la réconciliation nationale. «Au regard de ce qui s'est fait dans le passé
dans le monde et à travers l'Histoire, l'amnistie générale me paraît
inévitable. La réconciliation nationale a besoin d'un second souffle et de
s'étendre à l'amnistie générale, mais à la condition que tous les
terroristes encore en activité se rendent ensemble et en même temps et que le
peuple algérien soit de nouveau consulté par voie référendaire», a-t-il
estimé. A ceux qui lui ont reproché de lancer des ballonssondes, le président
de la CCNPPDH répond qu’il a parfaitement le droit de s’exprimer sur la
question et que l’amnistie générale ne devait pas être un tabou. Cette
amnistie, Ksentini l’imagine comme la solution qui apporterait la paix sociale
et qui viendrait corriger les insuffisances de la politique de réconciliation
nationale. L’invité du forum a néanmoins pris la précaution de dire que
«l'amnistie générale relève des seules prérogatives du président de la
République». «C'est lui l'initiateur de la réconciliation nationale et il
lui appartient de terminer cette démarche.» Interrogé sur la promulgation de
l’ordonnance concernant l’organisation de l’institution qu’il préside,
Ksentini, visiblement irrité par les commentaires selon lesquelles la CCNPPDH
serait trop proche des thèses du pouvoir, a répondu que son institution était
«totalement indépendante». La preuve ? «Je n’ai jamais reçu d’instructions
ni d’injonctions de qui que ce soit, encore moins du président, et je n’ai
même pas de salaire en ma qualité de président de la CCNPPDH».
N. I.
Détenus torturés en Libye : «Nous ne pouvons que
déplorer…»
En sa qualité de défenseur des droits de l’Homme, Ksentini ne peut que
déplorer le fait que des détenus algériens aient été torturés en Libye.
Nuançant ses propos, il affirmera n’avoir aucune preuve tangible sur des cas
de torture et qu’il ne faisait que reprendre les déclarations faites par les
détenus eux-mêmes. Même s’il était en possession de preuves, Ksentini
estime qu’il ne peut que déplorer cet état de fait, n’envisageant en aucun
cas des actions pour demander réparation. Ksentini se dit soucieux de
préserver les relations algéro- libyennes, et les droits de l’Homme devront
s’en accommoder !
N. I.