Le Soir d'Algérie

Sofiane Aït-Iflis - Alger (Le Soir)- Parmi les premiers membres de campagne du candidat Barack Obama à la Maison Blanche, Michael Moffo était attendu pour animer un atelier autour de l’équation «Les jeunes et la politique». L’atelier devait être présidé par son compatriote Jeffrey England, directeur supérieur du programme NDI pour le Maghreb. Le Polonais, Zbigniew Bujak, cofondateur de Solidarnosc, député et ancien détenu politique, devait animer, lui, un atelier sur «La société civile dans la tradition démocratique». Ces trois invités à l’université d’été du RCD, sauf miracle de dernière minute, ne seront pas aujourd’hui à Zéralda où se tient l’activité. Jusqu’à hier matin, ils ne sont pas vus délivrer leur visa d’entrée. «Si ce refus venait à être maintenu, seule une interprétation politique peut être donnée à ce blocage. Les Américains devaient traiter de la délicate et décisive question de la surveillance internationale des élections. Quant au cofondateur de Solidarnosc, Zbigniew Bujak, il devait intervenir sur le rôle de la société civile, en l’occurrence les syndicats, dans la transition démocratique. Traduit, «ce refus veut dire que les deux questions, qui ne figurent pas dans l’agenda politique du système algérien, doivent être éliminées de tout débat public», a dénoncé hier le RCD qui, par ailleurs, a informé que le reste des intervenants étrangers, Français, Italiens et Allemands, ont fini par obtenir leur visa. La situation s’est débloquée pour ces derniers après que le RCD eut saisi officiellement le ministre des Affaires étrangères. Deux alertes successives, le 29 septembre et le 13 octobre, n’ont pu faire sortir, a souligné le RCD, Mourad Medelci de son mutisme. Ce n’est qu’à quelques jours de l’université d’été du parti que les invités européens du parti ont pu disposer du sésame leur permettant d’être du rendez-vous. En dépit de cette censure, qui dit bien son nom, l’activité organisée ce week-end par le parti de Saïd Sadi reste de haute facture, tant par les thèmes soumis à débat que par la qualité des intervenants. Parmi les thèmes retenus, on en retient ceux liés aux répercussions de la crise financière internationale sur l’émergence du Sud, à la participation des femmes musulmanes dans la vie politique, aux alternatives possibles face aux autoritarismes, aux stratégies de communication en politique, aux stratégies de développement dans les économies émergeantes, etc. Le RCD a retenu également de replonger dans l’histoire nord-africaine à travers une escale analytique du traité de Tanger de 1958. Mohand Laenser, ministre d’Etat et secrétaire général du Mouvement populaire marocain, Fredj Chaieb, ancien secrétaire aux relations internationales du RCD tunisien et enseignant à l’université de Tunis et Saïd Sadi, président du RCD et député, auront, tour à tour, à parler de Tanger 1958, entre pertinence historique et mise en œuvre politique. Au menu de l’université d’été figure aussi la problématique Nord-Sud. Celle-ci sera analysée dans son origine et ses conséquences de coopération avortée, par Gian Paolo Calchi Novati, directeur de l’Observatoire sur l’Afrique (ISPI) et responsable de la revue italienne de politique internationale. La crise financière internationale sera décortiquée par deux spécialistes, Emmannuel Dupuy, président de l’Institut prospective et sécurité en Europe (IPSE), et Karl-Heinz Paque, ancien ministre des Finances du land de Saxeanhalt et professeur d’économie internationale. Deux Françaises, Caroline Fourest, écrivain essayiste, et Faimentta Venner, écrivain cinéaste, parleront respectivement de l’alternative au totalitarisme et de comment faire partager la parole des femmes musulmanes. Des universitaires algériens, à l’instar de Slimane Medhar, psychosociologue à l’Université d’Alger, et Abdemadjid Merdaci, historien à l’Université de Constantine, se chargeront de remonter l’histoire pour mieux parler du présent.
S. A. I.