Soci�t� : GARDIENS DE PARKINGS SAUVAGES
A�mo, rana h�na !


Ils font tinter leur monnaie dans leurs mains pour marquer leur pr�sence, s�improvisent chef d�orchestre gesticulant � s�en d�crocher les bras, se plantent devant votre v�hicule feignant de vous assister � vous garer m�me si vous �tes un as du cr�neau et surgissent de nul part en vocif�rant �rana h�na a�mo, t�heb t�gari ?� (On est l� tonton ! Tu veux garer ?).
Eux, ce sont les gardiens de parking auto-proclam�s. Ils squattent chaque empan de la capitale affichant une assurance doubl�e d�une arrogance qui d�stabiliserait m�me Joe alias Gringo camp� par Clint Eastwood dans Pour une poign�e de dollars.
Nouveaux cow-boys

Et n�allez surtout pas vous amusez � leur refuser la poign�e de dinars sous peine de provoquer leur courroux. L��il mena�ant et l�index point� vers vous, ces cow-boys des temps modernes vous cracheront � la figure : �Si vous ne retrouvez plus votre pneu, votre phare ou les deux, ne venez surtout pas vous plaindre ! A vos risques et p�rils !� Du c�t� des automobilistes, la col�re est � son paroxysme. �Marre, marre, marre d��tre rackett� � longueur de journ�e�, �ructe ce quinquag�naire qui vient juste de se garer dans une ruelle d�Alger-Centre. �Lorsque je paye une fois par jour, passe encore. Mais quand je stationne plusieurs fois, la facture devient sal�e.� Et de fustiger les autorit�s : �Le citoyen est pris entre le marteau et l�enclume. Il est le dindon de la farce devant l�absence de l�Etat qui laisse faire ce rackettage sans lever le petit doigt !� Sacr� culot L�ire des automobilistes augmente d�un cran lorsqu�ils sont confront�s � des situations ubuesques. Derni�rement, Sid-Ahmed (m�decin, 48 ans) en est arriv� aux mains. �J�avais laiss� ma femme et ma file dans la voiture le temps de faire une petite course, raconte-t-il. Ne voyezvous pas qu�� mon retour, je vois surgir un hurluberlu qui me somme de m�acquitter d�un droit de gardiennage, en brandissant un gourdin. Mon sang n�a fait qu�un tour ! Si les gens ne me l�avaient pas arrach� des mains, il serait en train de manger du pissenlit par les racines � l�heure o� je vous parle !�
Pas le choix
Si la plupart des conducteurs voient rouge lorsqu�ils tombent nez � nez avec ses �parasites� comme certains les appellent, d�autres se montrent plus conciliants. R�sign�s, ils mettent la main � la poche en essayant de rester positifs. C�est le cas de cette dame qui travaille dans une banque situ�e au boulevard Amirouche. �Trouver un stationnement rel�ve du miracle, dit-elle. Pour ne pas arriver en retard, j�ai pris l�habitude de laisser les clefs de mon v�hicule � la garde d�un jeune. C�est pratique lorsqu�il n�y a aucune place libre. Contre 50 DA, je suis tranquille toute la journ�e�, assure-t- elle. M�me s�ils savent qu�ils ne sont pas en odeur de saintet�, ces jeunes gardiens de parkings sauvages rongent leur frein en attendant une meilleure situation. Rafik (29 ans) a accapar� toute une partie de la rue Mulhouse. Natif de ce quartier situ� � la lisi�re du tunnel des Facult�s, il habite actuellement � Bab-Ezzouar. �C�est le ch�mage qui m�a conduit � ce boulot que j�exerce depuis 4 ans�, confie-t-il. De 7h30 � 17h30, j�aide les gens � stationner, �paul� par mon copain. J�ai deux sortes de clients : les passagers, ceux qui ne tardent pas, et les habituels. Ces derniers travaillent dans les entreprises �tatiques ou priv�es situ�es dans les environs. Il y a aussi les commer�ants du passage souterrain de la place Audin qui garent ici�. Et d�ajouter : �Les conducteurs ont une confiance aveugle en moi. Ils me laissent leurs cl�s lorsqu�ils sont press�s. J�aide aussi les jeunes filles titulaires d�un nouveau permis de conduire � stationner. Si certains clients payent sans rechigner, d�autres exigent un ticket et me traitent de voleur.� Sur le montant des recettes, Rafik se montre plut�t circonspect : �J�empoche 30 DA pour un stationnement rapide. Les abonn�s de la journ�e me donnent ce qu�ils veulent. � Il pr�cisera toutefois qu�il est de repos les week-ends !
Les nouveaux nababs des trottoirs

Aucune art�re de la capitale n�est �pargn�e par ce ph�nom�ne. M�me de nuit. A cause de la raret� et de la chert� des parkings et devant la recrudescence des vols de v�hicules, les riverains de la rue Krim-Belkacem et Robertseau (T�lemly) ont opt� pour le syst�me D. �Depuis plusieurs ann�es d�j�, je paye un abonnement mensuel de 1 000 DA � des gardiens du parking sous le pont du T�lemly�, nous r�v�le Abdelaziz (51 ans). �Deux gardiens s�y relayent. L�un de jour, l�autre de nuit. Ce dernier assure des rondes avec un chien-loup pour dissuader d��ventuels maraudeurs. Le hic, c�est que nos places ne sont pas r�serv�es. Il m�arrive parfois de patienter jusqu�� une heure de temps avant de trouver o� me garer.� Ces pseudo-gardiens de parking se sont empar�s du moindre recoin de la ville. Ils sont partout m�me dans les espaces o� l�on ne s�attend gu�re � les voir, comme � l�int�rieur des cit�s � usage d�habitation, o� le citoyen est �harponn� m�me pour rentrer chez lui. Les abords des for�ts r�cr�atives ne sont pas �pargn�es, comme c�est le cas du chemin champ�tre ceinturant le Village africain de Sidi-Fredj. A quand la fin de la dictature impos�e par ces nouveaux nababs des trottoirs ?
SabrinaL
sabrinaL_lesoir@yahoo.fr

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