
Culture : ALGER, UN LIEU, UNE HISTOIRE Les murs parlent
On dit que certaines demeures gardent, enfouis dans leurs murs, les souvenirs de ceux qui les ont occupés. Parce qu’elles sont associées à d’illustres personnalités, certaines adresses transmettent une forte charge émotionnelle. Kateb Yacine
Si les murs du pavillon n°47B, situé à l’intérieur du Centre familial de
Ben-Aknoun, pouvaient parler, ils nous diraient plein de choses sur
l’auteur de Nedjma. C’est entre ces murs où il a passé une partie de sa
vie, qu’un dernier hommage lui fut rendu lors de sa disparition en 1989.
Alphonse Daudet
La villa abritant actuellement l’ambassade de France à Hydra dans le
parc Peltzer a hébergé deux personnalités. En effet, Alphonse Daudet y
séjourna entre 1861 et 1862. Quant à l’empereur Napoléon III, il y fut
hébergé en 1865.
Albert Camus
C’est à Belcourt, plus précisément au n°93 de la rue Mohamed- Belouizdad
(ex-rue de Lyon) qu’a grandi le célèbre écrivain et philosophe Albert
Camus, prix Nobel de littérature en 1957. Il y a partagé un appartement
avec sa mère. Son oncle, Gustave Accault, boucher-artisan, gérait une
boucherie au 39, rue Michelet (Didouche-Mourad). Albert Camus adorait
lui rendre visite à son appartement de la rue du Languedoc (actuellement
Lieutenant-Touileb). Le tonton possédait une riche bibliothèque. C’est
là où le futur prix Nobel passait des heures à éplucher les livres.
Outre son métier de boucher, Gustave Accault était membre de la loge
franc-maçonnique du Grand- Orient de France dont le siège se situait au
n°2 de la rue Jacques- Cartier (rue Larabi), futur local de
l’hebdomadaire Algérie Actualité. Cette bâtisse est actuellement en
cours de restauration. Une autre demeure a accueilli Albert Camus : «la
maison Fichu», située au Télemly (en descendant les escaliers du chemin
Sidi-Brahim, non loin du chemin Laperlier (Sfindja). C’était en 1936,
après son divorce avec Simone Hié. Il y avait retrouvé ses amies
Marguerite Dobrenn, Jeanne Sicard et Cristiane Galindo dont il fit les
personnages de son premier roman : La Mort heureuse, publié en 1971.
El-Hadj M’hamed El-Anka et Roger Hanin
Au n°25 de la rue Marengo (Casbah), se dresse l’immeuble où a
habité, au premier étage, Hadj M’hamed El-Anka. D’ailleurs, une plaque
en marbre le signale aux passants : «Ici a vécu Halo Mohammed Idir dit
Hadj M’hamed El-Anka de 1944 à 1959». Le célèbre chanteur chaâbi
fréquentait régulièrement hammam Bouchlagham, attenant à cet immeuble.
Un autre illustre personnage, à savoir l’acteur français Roger Hanin a
également occupé un appartement dans cet immeuble dans les années 1950».
Messali Hadj
Sa sœur habitait l’allée des Mûriers (actuellement Mohamed- Missoum),
à Belcourt. Lors de ses séjours à Alger, Messali Hadj y déposait ses
valises pour quelques jours.
Jean Sénac
Entre 1962 et 1967, Jean Sénac habita la villa Venizia à la Pointe-
Pescade (Raïs-Hamidou). Puis il déménagea dans une cave d’Algercentre
(la Cave-Vigie) comme il l’appelait lui-même, à la rue du capitaine
Noureddine- Menani (ex-rue Horace- Vernet). C’est dans cette cave qu’il
fut retrouvé mort en 1973.
Camille Saint-Saëns
Il a occupé la villa Xuéreb sur la corniche de la Pointe-Pescade
(Raïs- Hamidou). C’est là qu’il composa son opéra Ascani en mars 1890.
Les héritiers de Mustapha Pacha
A Belcourt, à la rue Saïd-Djabi (ex-Chopin) se trouve la villa Qsab El-
Hind (les roseaux d’Inde), appelée également villa Cervantès. C’est dans
cette demeure qu’ont vécu les héritiers de Mustapha Pacha.
Ahmed Ben Bella
La villa Joly, actuel siège administratif et résidence du gouverneur de
la Banque centrale d’Algérie (rue Franklin-Roosevelt, en face du Palais
du peuple) est l’ancienne résidence d’Ahmed Ben Bella.
Les héritiers de l’Emir Abdelkader
Dar El-Baraka est une magnifique demeure de style néomauresque sise au
n°8 de la rue des Fontaines (rue des Moussabiline). Elle est occupée par
Mohamed El-Fatih (73 ans) l’arrière- petit-fils de l’Emir Abdelkader.
Sabrinal
sabrinal_lesoir@yahoo.fr
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