Culture : 2e COLLOQUE INTERNATIONAL SUR L�ANTHROPOLOGIE ET LA MUSIQUE
Le chercheur Amine Della� revisite Sidi Lakhdar Benkhlouf


Parmi les th�mes abord�s lors du 2e colloque international sur l�anthropologie et la musique, celui consacr� au po�te et grand barde du Dahra, Sidi Lakhdar Benkhelouf, n�a pas manqu� d�int�resser l�assistance d�autant que son communicateur, le chercheur et �crivain Ahmed Amine Della�, a, dans l�approche anthropologique et eschatologique du po�te, relev� les particularit�s enfouies dans les po�sies du po�te pour le d�crire dans le contexte qui est le sien.
Ainsi, Ahmed Amine Della� pr�l�vera 170 citations du corpus po�tique de Sidi Lakhdar Benkhlouf pour expliquer sa vie terrestre et spirituelle. D�embl�e, il le nommera le fou du proph�te. Temporellement, il le situera dans la p�riode o� l�Alg�rie a connu l�occupation espagnole, la fin du r�gne de la dynastie de Tlemcen, le d�but de la r�gence turque et l�expulsion des derniers musulmans d�Espagne. �Il �tait contemporain de Cervantes qui a s�journ� � Oran en 1581, de Sidi Abderrahmane El- Medjdoub, mort � Mekn�s en 1569, et du grand po�te Abdelaziz El-Meghraoui n� vers 1564 au Tafilelt�, pr�cisera- t-il. Pour Amine Della�, Sidi Lakhdar Benkhlouf a vou� une passion sans limite au medh ou chant pan�gyrique � l�endroit du proph�te (QLDSSL). �Et en chantant le proph�te, Benkhlouf ne faisait pas simplement dans la chanson religieuse. Dans cette �poque de lutte entre le croissant et la croix, le medh �tait une sorte de chanson engag�e. En tout cas, une chanson de combat et de mobilisation autour de la figure centrale de l�Islam�, aimera-t-il � le souligner. Il ajoutera que son medh �tait un chant de bataille pour exciter l�ardeur guerri�re des combattants avant la m�l�e. Mais, paradoxalement, le communicateur fera savoir qu�en louant le proph�te, Benkhlouf n�a eu que du m�pris de la part de ses semblables. El-meddah hqir y�yrou kou naqess(le meddah devient mesquin par la r�probation des vils), �crivait le po�te dans sa khezna el-kbira. N�emp�che que Benkhlouf �d�bouchera sur une crise mystique qui va transformer sa vie� et ce, apr�s son voyage � Tlemcen o� il recevra en songe son initiation mystique des mains de Sidi Boumediene. �Le proph�te va lui appara�tre alors 99 fois en songe et une centi�me fois � l��tat de veille�, indiquera Della�. �Il se peut que je vous d�plaise en peignant la r�alit�. Je ne chante pas pour passer le temps� : ce sont les paroles de Jean Ferrat reprises par Della� pour faire une analogie avec la vis�e de Benkhlouf, car s�il chantait le proph�te c�est pour s�accorder le privil�ge de la chafa�ou l�intercession de celui-ci aupr�s de Dieu pour sauver les �mes au jour du jugement dernier. Et c�est l� que Benkhlouf, dira Della�, tentera de faire jouer cette intercession en sa faveur et en faveur de tous les siens qui sont les Maghr�bins, ceux-l� m�mes qu�il appelle �zelti. Pour ce faire, Sidi Lakhdar Benkhlouf va chanter � tout bout de champ. �Celui que je rencontre, je lui chante. Je ne l�che aucun musulman�, traduira Della�. Un vers d�une po�sie de Benkhlouf pour peindre la fr�n�sie du po�te � vouloir co�te que co�te transmettre son message. Amine Della� renseignera sur la sacralit� du chant de Sidi Lakhdar Benkhlouf que beaucoup de gens venait �couter. Il fondera, � cet effet, une zaouia avec ses enfants. Pour y attirer les personnes, une formule est vite lanc�e, dira Della�. C�est ainsi que sa zaouia sera connue par ce slogan publicitaire : �Celui qui n�a pu visiter le proph�te, n�a qu�� rendre visite � son po�te.� Depuis, sa zaouia ne d�semplit pas, informera le conf�rencier. Pour la transmission de ses �uvres, poursuivra Della�, Sidi Lakhdar Benkhlouf �tait entour� d��l�ves et de chanteurs qui faisaient fonction de haffadh ou de raoui, qu�il traduira par m�morisateurs et copistes. A ce sujet, Della� fera un point d�orgue : �Donc tr�s t�t, il faut comprendre que le melhoun a �t� transmis par �crit et Sidi Lakhdar Benkhlouf le dit.� Dans son expos�, Amine Della� dira que Sidi Lakhdar a cit� dans ses qacidate les instruments de musique et affirmera qu�on peut chanter en s�accompagnant d�instruments. Par ailleurs, Benkhlouf semble curieusement se renier en d�clarant qu�il n�a jamais chant� en s�aidant d�instrument comme le luth ou le rbeb, comme il n�a jamais dans� au milieu des souks et des campements. � Ma mdahtek bel �oud wala liss berbaba, ma chta�ht bet�mahedj wast souk wa mrah�, de ce fait, Della� dira que Benkhlouf �tait un adepte du sama� sans instrument. C�est ce qui a �t� confirm� �dans le maigre h�ritage qu�il r�partit � ses enfants avant sa mort�. �Benkhlouf ne cite aucun instrument de musique�, attestera-t-il avant de s�interroger : �Les instruments de musique dans sa po�sie n�ont-ils d�existence que dans la m�taphore ?� Enfin, Amine Della� dira que Sidi Lakhdar Benkhlouf est venu souvent � Alger pour donner des concerts � l��poque des Turcs, mais en chantant ou d�clamant sa po�sie, il n�est jamais all� jusqu�� la transe comme c�est le cas de certains po�tes soufis. Durant toute sa vie qui s�est �tal�e sur 125 ans h�giriens, Benkhlouf ne s�est �consacr� qu�� renouveler le d�fi redoutable de ne chanter qu�un th�me qui est le medh sans pour autant se lasser ni lassait�, cl�turera Amine Della�.
Mohamed Belarbi

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