Vox populi : QUAND LA PHILAT�LIE REND HOMMAGE AUX CONTES POPULAIRES

Alg�rie Poste vient d'enrichir le tr�sor philat�lique d'une tr�s belle �mission de timbres poste sur les contes populaires alg�riens. L��mission est sortie dans le mois courant avec un th�me artistique superbe sur le patrimoine culturel ancestral, exprim� par de tr�s belles images vivantes et tr�s color�es avec des dessins magnifiques qui repr�sentent des sc�nes de contes populaires de la ravissante Badra, �Loundja la fille de l'ogre�, �la f�e colombe� et �la rose rouge� ; tout cela pour le bonheur des passionn�s de philat�lie.
L'histoire populaire traditionnelle se perp�tue sur ces petites vignettes miniatures dentel�es qui sont un v�ritable conte pour enfant transmis par l'image. Entretenir la m�moire et les recueils de contes populaires du pass�, c'est nourrir l'histoire de l'enfance et des a�n�s � travers les �crits et les images qui glorifient un riche patrimoine s�culaire. Jadis, dans notre pass� de l'enfance et de l'innocence, nous �tions tr�s li�s � nos grands-parents qui nous ch�rissaient et nous dorlotaient et nous aimions tellement leur compagnie que nous �tions tr�s attach�s � leur pr�sence pr�s de nous pour l'amour avec lequel ils nous couvraient et nous prot�geaient de l'ogresse, la m�chante qui d�vorait les petits enfants. On �tait petits et on aimait se blottir contre nos grands-m�res la nuit venue, au milieu de la petite chambre �clair�e par le feu du quinquet et chauff�e par les braises du kanoun, sous le ronronnement m�lodieux du chat de la maison et des bourrasques de vent dehors. Dans l'obscurit� totale, la cour de la maison �tait vide et abandonn�e au souffle du vent qui faisait craquer de temps en temps les branches des arbres dans la grande nuit hivernale. Et dans le silence nocturne des longues veill�es, on �coutait nos a�n�s nous narrer les histoires de �Ghoula� (l'ogresse) de �Boukdideche�, de �Djeha� et du conte de la f�e magique ; on �tait tr�s attentifs � ces r�cits fabuleux qui nous effrayaient quelques fois et qui nous subjuguaient d�autres fois par le r�cit enchanteur qui nous transportait dans un monde myst�rieux plein de d�couvertes. Quelle chance pour notre �poque et pour ceux qui l'ont v�cue ; c'�tait le temps des disettes, on �tait pauvre et on vivait au jour le jour mais on �tait heureux avec le peu qui nous entourait, qui nous comblait et qui nous faisait vivre loin du modernisme et du changement des m�urs de l'�poque qui s'est abattu comme une calamit� sur notre pr�cieux h�ritage familial d'aujourd'hui. Qu'en est-il de ce legs ancestral au milieu de la soci�t� actuelle ? Walou ! Tout est parti avec les anciens. Une grande perte pour la tradition et les conteurs. Les journaux, la t�l�vision et les jeux �lectroniques ont pris le relais pour remplacer les vieilles grands-m�res auteurs des contes imaginaires et qui sont d�sormais d�clar�es obsol�tes. Les contes d'aujourd'hui ont chang� de style et sont devenus impopulaires. Et les histoires populaires de �Boukdideche� font partie du pass� culturel ringard de la soci�t�. Nos veill�es contemporaines sont anim�es aujourd'hui par les dossiers sombres qui pourrissent et qui alimentent notre vie quotidienne pleine de d�sespoir. Des histoires scabreuses cont�es par les m�dias sont � la page actuellement : contes sur la corruption, contes sur la d�linquance juv�nile, contes et aventures rocambolesques sur les comptes bancaires, contes sur une travers�e de harraga, etc. On fait le compte de sa fortune, on fait le compte de quelqu'un, on r�gle ses comptes avec les autres, on rend des comptes � la justice, on met tout sur le compte de quelqu'un et on trouve son compte dans tout ce fourbi. �El-ghoula� (l'ogresse) ne fait plus peur et n'int�resse plus les petits enfants. Le livre des contes fabuleux qui �tait ouvert � une �poque heureuse s'est referm� brusquement pour �tre jet� aux oubliettes. L'ogresse qui mangeait les petits enfants hier est pourtant bien r�elle aujourd�hui ; elle est devenue plus avide et gourmande et, avec le temps, elle mange m�me des adultes niais�
Hamid Dahmani

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