Actualit�s : LES CANCANS DE L�ESCALE
Nous avons effac� l'humiliation !
Par Ma�mar Faarah


Ils sont venus, ils sont tous l� ! Il y a m�me le responsable local du RCD qui a tenu � visionner ce match avec nous. Il se d�m�ne comme un diable, donnant de la voix pour entra�ner la salle � entonner : �One, two, Three, viva l�Alg�rie�� Sans savoir comment, nous nous levons tous, jeunes, vieux, femmes, hommes, pour chanter haut et fort. Je vois Chawki et Sma�n, l�-bas pr�s de la cuisine. Abdelhamid et ses amis occupent l�aile gauche. Quant � Rachid, Salah et leurs copains, ils sont � droite.
Tayeb est omnipr�sent. Sa�d anime les �cancans� ailleurs, � l�autre bout de la plage. Les autres amis sont debout, align�s devant le comptoir� Il y a beaucoup de nouveaux visages� Tous attendent le coup d�envoi ! L�arbitre siffle le d�but de la partie. Le sort en est jet� ! Dans moins de deux heures, nous saurons si les Verts ont une chance d�y croire encore ou s�ils doivent dire Adieu � la CAN. �S�ils doivent quitter la sc�ne, qu�ils le fassent en gentlemen, en livrant un baroud d�honneur ! Qu�ils jouent bien et si la chance ne leur sourit pas, tant pis�� Les premi�res images montrent une �quipe nationale totalement diff�rente de celle qui a jou� contre le Malawi. Au bout d�un quart d�heure, tout le monde est rassur�. Les Verts sont pr�sents dans le match. Ils semblent avoir retrouv� leur esprit combatif, leur �me perdue sous le soleil angolais, un sinistre lundi � jeter vite aux oubliettes. Ils jouent bien. Combines, occupation strat�gique des espaces, fra�cheur physique ! Les supporters sont rassur�s. �a chauffe devant les bois maliens. Nous nous levons comme un seul homme. Nous y croyons. Un jeune crie : �Le blanc c�est notre porte-bonheur. Quand ils jouent en vert, c�est mauvais signe�� Les pr�sents approuvent. En blanc, les Verts sont �l�gants. Ils dominent leur sujet et si ce n��tait la malchance ou la pr�cipitation, ils auraient d�j� marqu�. Les Maliens ne restent pas les bras crois�s. Un tir vicieux � ras du poteau droit est d�tourn� in extremis par Chaouchi. Ah, ce Chaouchi ! Il semble avoir oubli� la d�b�cle d�il y a trois jours. C�est un autre homme, serein, s�r de lui et toujours agile comme un chat. Une autre salve de �one, two, three� fait vibrer la salle� Halliche, excellent depuis le d�but de la partie, semble nous avoir entendu. Il saute plus haut que les autres et d�une t�te imparable, trompe le gardien malien, totalement impuissant� C�est le d�lire ! Personne ne reste � sa place. Nous hurlons, nous dansons, nous sommes comme des enfants. Le football et l�amour des couleurs nationales nous ont transform�s. Une grande fraternit� nous lie. On se retrouve en train d�embrasser des inconnus. C�est la magie de la balle ronde, le seul sport qui nous fait �prouver de telles sensations� A la mi-temps, je re�ois un coup de fil de Sa�d qui suit le match � quelques centaines de m�tres d�ici. Le bruit m�emp�che d��couter. Je sors et j�entends nettement Sa�d pleurer au t�l�phone. Il n�arrive pas � articuler ses mots. L��motion l��trangle. Il ne peut pas poursuivre et coupe la communication. Sacr� Sa�d : il y croyait tellement ! Il n�avait pas du tout gob� les derniers commentaires sur l��quipe nationale et les insultes � peine voil�es contre Sa�dane� La deuxi�me mi-temps est �prouvante. Les minutes s��ternisent. Tout le monde garde en m�moire le retour fulgurant des Maliens en fin de partie, face � l�Angola. Quelques actions bien men�es par notre attaque nous font encore lever et hurler� Nous surveillons nos montres. Il faut tenir ! Il faut le gagner ce match. Sa�fi rentre. C�est une bonne chose dans la mesure o� il joue tr�s bien sans ballon et mobilise toujours les d�fenseurs. Mais les avis sont partag�s. Les minutes sont des si�cles. Encore 4 minutes de prolongation. Le ballon se trouve beaucoup plus dans le camp malien et si les n�tres avaient pouss� un peu, ils auraient pu facilement marquer un second but lib�rateur. Les Maliens sont � genoux. Ils n�y croient plus� Nous avons gagn� ! C�est la joie qui revient. Tout le monde se congratule. Une larme m��chappe. Pour Sa�dane victime de la calomnie des sans-c�ur. Pour ces enfants de l�Alg�rie victorieuse� Pour toute celle foule, sortie f�ter un succ�s de l�Alg�rie qui gagne. Les voitures animent leur ballet habituel au milieu des klaxons et des chants � la gloire des Verts� Je retrouve Sa�d. Ses larmes n�ont pas s�ch�. L�enfant de Dellys ne dormira pas ce soir. Il r�vera � une autre victoire contre l�Angola. Peu importe maintenant ! Nous pouvons perdre et rentrer � la maison� Nous avons effac� l'humiliation. Peu importe ce qui se passera par la suite. Tous nos regards sont d�sormais tourn�s vers l�Afrique du Sud�
M. F.

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