Chronique du jour : LETTRE DE PROVINCE
Les enchanteurs d�senchant�s
Par Boubakeur Hamidechi
hamidechiboubakeur@yahoo.fr


Un miracle ne se r�p�te pas ou alors, le mot qui le d�signe n�a plus de sens. Toute r�surrection est singuli�re, par d�finition, et la n�tre ne devait pas �chapper � cette mystique de l�inexplicable. Bref, nous ne voul�mes gu�re en tenir compte et, h�tivement, avions traduit la bravoure d�un moment, cet instinct de survie, en �talon de notre force et de notre valeur.
Imbattus, par la seule gr�ce de la glorieuse incertitude du ballon, nous nous cr�mes invincibles partout o� nous allions passer et quelles que fussent les adversit�s. P�ch� d�orgueil et absence de discernement nous ont pouss�s � emboucher trop vite les �trompettes de la renomm�e �. Mais voil� que tout d�un coup, ce soir-l�, s�effondre le mythe et que l�on se d�couvre fragile jusqu�� errer dans cette morne campagne angolaise . � Waterloo , Waterloo, morne plaine�, comme le rappelle la c�l�bre litanie du po�te. Une d�route insupportable qui vient gommer d�un trait rouge la fugace gloire des jours pr�c�dents. L�armada qui coula par le fond une certaine C�te d�Ivoire n��tait plus qu�une felouque d�rivant sans voiles. Le seul naufrage qu�il ne fallait pas subir. Celui qui allait permettre � l�arrogance �gyptienne d�exprimer sa haine � notre �gard. Triste soir�e dans ma province o� le crachin du ciel annon�ait la couleur bien avant la rencontre. Entre le combat de Khartoum, le 18 novembre, et la revanche de Benguela, il n�y avait en somme que la mince diff�rence dans l�enjeu impos� par le r�glement sportif. Hier, la Coupe du monde et cette fois, la Coupe d�Afrique alors que, dans les esprits, l�hostilit� recuite est demeur�e intacte. Entre l��gypte et nous, aucune convention chevaleresque ne sera possible dans le domaine sportif. Ils sont l�gendairement truqueurs et com�diens alors que nous demeurons maladivement na�fs. Car dans l�Olympe de leur succ�s angolais, ils sont en droit d��riger une statue � ce jobard d�arbitre b�ninois qui se r�v�la un faussaire � leurs bottes. Lui qui ne sanctionna que les crampons alg�riens quand l�antijeu �tait la marque de fabrique de l�adversaire. Jamais donc le mot �rencontre�, tant usit� dans le sport, n�a pris un sens p�joratif. A moins qu�il ne doive d�sormais signifier brutalit� et roublardise, doit-il encore �tre recommand� � l�usage de ce football d�voy� ? Dans ce registre, ceux qu�il faudra accabler exclusivement sont ces suppos�s vainqueurs d�une manche. Les n�tres, m�me si par moments ont touch� le fond, ne se sont jamais �cart�s de leur art : celui de s�efforcer de �jouer�, comme on dit. C��tait eux, les malmen�s au score, qui s��taient appliqu�s � donner � voir ce que le football voulait dire. Rares moments qui leur appartiennent et dont le vis-�-vis �tait d�muni. Admirables s�quences visuelles qui ont ponctu� cette gu�guerre sur gazon. Ah ! ce geste imp�ratif du botteur de coup franc �cartant les bras pour sceller, � toute vitesse, la sph�re dans les premi�res lignes. L� o�, de part et d�autre, vont se pr�cipiter les t�tes hautes � la conqu�te du ballon. Et puis, ces chevauch�es d�sesp�r�es d�un �quipage r�duit � huit, dans le champ, qui repart � l�assaut d�un adversaire indigne qui n�a pour loyaut� que de solliciter le coup de sifflet d�un arbitre� arbitraire. Tout �tait, finalement, somptueux dans l��chec des n�tres quand la victoire des autres �tait honteuse. Certes, nos gar�ons vont rentrer � la maison avec des bleus dans l��me et des bosses dans le moral mais eux se sont abstenus de tricher. Eux pouvaient, � la fin du calvaire, s�enivrer des sueurs de leur d�faite quand il ne reste aux autres qu�� s�aigrir des succ�s de leur fausse gloire. Imp�tueuse �quipe qui n�aura, finalement, c�d� que face � des calculs extra-sportifs. A ce point d�extr�me fatigue, apr�s six mois de tension, n�a-t-elle pas un besoin urgent de notre sympathie ? En effet, serions-nous ingrats au point de dresser un b�cher � ces footballeurs qui ont r�enchant�, hier, un pays ?
B. H.

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