Vox populi : LA STRAT�GIE DU CHOC
�Celui qui voit la mort, se r�jouit de la fi�vre !�


Voil� une citation bien de chez nous que Chea�yeb Lekhdim, en insoucieux et malheureux infortun�, ne cesse, pourtant, de r�p�ter, � chaque crois�e des affres lancinantes caract�risant les dos-d��ne de sa vie qu�il tra�ne en bandouli�re, dans une qu�te de Sisyphe, telle une guerba du Rif ! Il ne pouvait, lui, l��ternel �pr�occup� � par le cours de son baril de p�trole r�duit au g�n�reux et inflexible filet social, au labyrinthe de la toile d�araign�e dans laquelle �on� a majestueusement emprisonn�, sans droit d�appel, son nom, tant par manque d�ambition � un quelconque koursi que par son ignorance du cours de change de �merci� !

Imaginons ce qu�il aurait pu gagner comme brevet d�invention et droits d�auteur qui en d�coulent s�il avait �vendu� aux v�ritables �coles � partir desquelles les g�nies d�collent, cette th�orie qu�ils ont finalement baptis�e par �la th�orie du d�sordre� et �la strat�gie du chaos��! Il est vrai que m�me si on ne lui avait pas l�gu� un somptueux bien vacant ou une miraculeuse fiche communale, il a cependant h�rit� toute la sagesse d�Abderrahmane El Mejdoub dont, entre autres, �dors tout nu sur les �pines jusqu�au lever de ton jour� ou l�interpr�tation qu�on lui avait, mauvais gr� mal gr�, greff�e au sujet du verset �Mais il se peut que vous ayez de l�aversion pour une chose qui constitue pourtant un bien pour vous, et il se peut que vous ch�rissiez une autre, alors qu�elle constitue un mal pour vous�(1). C�est de l�, d�ailleurs, qu�il puise toute la force tant pour affronter ces indomptables colonnes journalistiques qui �noircissent� son na�f �cran par les interminables feuilletons de corruption que pour tromper ce mal qui ronge sa A�ni et ses A�cha et Omar, qui, en chanceux damn�s de la terre, peinent, sous leur taudis, � gagner le pain maudit, bien qu�ils soient les mis�rables actionnaires � la Sonatrach and Family et qu�ils n�aient aucune chance d�emprunter, faute de quatre/quatre, une autoroute qui fait �gagner� des milliards ! Avant que l�aurore n�e�t �tal� les rayons de l�aube de l�Alg�rie post-coloniale, et alors que Chea�yeb Lekhdim � qui se souvient comme si cela datait d�hier �, en brave soldat Chv��k, envo�t� par l�euphorique �tahia El Djaza�r�, dansait, drapeau alg�rien en mains, sur les toits des v�hicules, parcourant les routes et rues � �pil�es des tortionnaires de Ben M�hidi et bourreaux de Zabana � � proximit� des hanches des Fatmas moul�es telles des colombes dans leurs ha�ks blancs, les �initi�s� � l�gitimit� r�volutionnaire oblige � se partageaient les luxueux biens vacants qu�ils �s�curis�rent� en y plantant des drapeaux dissuasifs ! Sous le soleil de ce bon vieux temps, les uniques trois pi�ces de Louis d�or, que A�ni avait h�rit�s de sa d�funte m�re, ornant un chapelet de fausses perles noires, furent g�n�reusement et joyeusement c�d�es contre un bon portant le cachet humide de l�Alg�rie ind�pendante, au repr�sentant des forces locales pour approvisionner le Tr�sor public �vid� par les d�port�s ! Chea�yeb Lekhdim �tait aux anges ! �On� allait tous savourer la libert� en profitant ensemble des richesses de cette terre sacr�e, arrach�e par le sang et le feu ! Les jours �toil�s succ�d�rent aux nuits ensoleill�es et les eaux coulant sous les ponts finirent par d�border la jet�e d�Octobre 1988 ! Les stridents cris de la jeunesse r�v�l�rent au mauvais �il toutes les cons�quences de cette �dangereuse� hardiesse ! La main �trang�re, �conspirationnisme� opaque, diront les uns, les forces occultes et apprentis sorciers, diront les autres, s�attel�rent � la t�che pour accoucher, par c�sarienne, de la th�orie du d�sordre en mettant la strat�gie du chaos en marche ! Ainsi, de la revendication de la �semoule� qui avait comme charge s�mantique : emploi, logement, dignit�, libert�. Chea�yeb Lekhdim et A�ni, r�sign�s et dompt�s par les images atroces du terrorisme �chaotique �, consentirent au sacrifice de leurs acquis sociaux en r�duisant leurs revendications � ces pri�res lanc�es, dans un ultime soubresaut d�une �me en agonie, au ciel �Allah yenazzal bezzoult errahma�, �Allah yettaffi had ejjamra�� Et la salvatrice r�conciliation nationale fut ! L�herbe verte ayant repouss�, les revendications reprenaient de plus belle, avec une jeunesse pr�te tant � la casse qu�� la f�te en masse ! Les gr�ves ajoutaient leurs touches au d�cor et Chea�yeb Lekhdim ne pouvait plus savoir qui avait vraiment tort ? Son grand c�ur �tait parasit� par sa petite t�te qui s�est retrouv�e, malgr� elle, en train de compter ces faramineuses suites de �z�ros� qui font la queue derri�re le premier chiffre �imposant�, caract�risant la dubitative richesse des nouveaux h�ros (liaison facultative !) et dont les �m�charkines el foum� n�arr�tent pas d�indexer comme labyrinthique mafia politico-financi�re ! Quel �d�sordre� faut-il encore importer/ inventer pour calmer cette d�rangeante grogne qui ne cesse de monter !? �Seule une crise, r�elle ou suppos�e, peut produire des changements�, disait Milton Friedman(2), et dont l�id�ologie inspira la Canadienne Naomi Klein � publier en 2007 La Strat�gie du choc(3), essai sur la g�n�alogie du n�olib�ralisme, �les foules �tant nettement plus mall�ables lorsqu�elles sont en �tat de choc�. O� est-elle all�e trouver cette �v�rit� !? Chea�yab Lekhdim, en travaillant ses neurones, s�est finalement dit qu�il s�agit de cette �vieille� sagesse qu�il avait h�rit�e de sa grand-m�re �celui qui voit la mort, se r�jouit de la fi�vre !� �La lumi�re de l'apr�s-midi �claire les bambous, les fontaines babillent d�licieusement, le soupir des pins murmure dans notre bouilloire. R�vons de l'�ph�m�re et laissons-nous errer dans la belle folie des choses.�(4)
B. Khelfaoui (Sa�da)

Notes :
1- Coran, 02,216
2- (1912-2006). Prix Nobel d��conomie 1976, conseiller des pr�sidents Richard Nexon et Ronald Reagan
3- �uvre ayant inspir�e, � son tour, Michael Winterbottom et Mat Whitecross � l�adapter � l��cran par un film documentaire britannique, sorti en salle le 3 mars 2010, qui, en utilisant de nombreuses images d'archives, d�montre la puissance du texte de Naomi Klein et la n�cessit� de r�sister.
4- Okakura Kakuzo.

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