Vox populi : Agent immobilier ou roi de l’esbroufe ?

Je n’ai aucune intention de stigmatiser les agences immobilières qui exercent à…, il doit, sûrement, y avoir d’honnêtes agents immobiliers qui font leur travail de façon intègre. Mais, je dois avouer aussi qu’ils sont très rares de nos jours, la majorité d’entre eux ne sont que de vulgaires petits aigrefins qui pensent avoir trouvé le bon filon pour s’enrichir en escroquant les crédules, ou les pigeons, qui viennent solliciter leurs services.
Dès que vous franchissez le seuil de leurs tanières, je parle bien entendu uniquement des gens peu scrupuleux, ils vous jaugent, vous soupèsent et préparent déjà la sauce à la quelle vous allez être assaisonné à leur prochain festin. A l’accueil vous allez être gratifié d’un sourire, ou plutôt d’un rictus, de bienvenue et ils vont vous abreuver de paroles mielleuses à la limite de l’obséquiosité et cela que vous soyez acheteurs ou vendeurs, ils y a même ceux qui pousseront le bouchon un peu loin en vous proposant une collation servie par une secrétaire aguicheuse, alors que vous n’avez même pas encore ouvert la bouche. Ces vautours ont du flair, ils savent, d’un clin d’œil, reconnaître une grosse proie quand celle-ci a le malheur de vouloir mettre un bien immobilier entre leurs mains avides et cupides. Si j’ai plein de rancœur à l’égard de cette branche d’activité, c’est que j’ai eu la malchance de tomber entre les griffes d’un de ces lascars. J’avais eu un pressentiment que le monsieur n’était pas quelqu’un de recommandable rien qu’à son physique, regard fuyant, bouche édenté avec jusque quelques chicots noirâtres, mal coiffé, le tout formant un visage qui n’inspire pas confiance, il faut reconnaître que dame nature ne se trompe presque jamais. Ce monsieur, ayant un cursus scolaire lamentable et presque insignifiant, apprend sur le tas le métier de coiffeur dans son petit village, il exerce cette profession durant quelques années, mais constatant que cette noble activité ne lui permettra jamais un engraissement financier rapide, il se mit à la recherche d’une besogne plus lucrative et la seule, à ses yeux, qui répond parfaitement à ses ambitions d’une réussite fulgurante est celle d’agent immobilier. Cette activité ne nécessite ni qualification particulière, ni apport financier, ni diplômes et offre des opportunités d’enrichissement rapide pour des gens insatiables comme lui. Il troque donc ses ciseaux et ses peignes pour se lancer dans les affaires de négoces immobiliers, étant déjà de nature peu regardant sur la moralité, il découvre un univers où il peut, enfin, étaler toute sa malice et sa roublardise. En un laps très court, il s’est taillé une réputation d’affairiste vorace, et ses victimes se comptent par dizaines, il n’épargne personne, associé, famille, ami, voisin, collègue de travail. Il promet toutes sortes de solutions, vous voulez un appartement, un terrain, un échange tout ce qui vous passe par la tête, il réussira à vous convaincre que vous êtes devant l’homme qu’il vous faut, mais une fois qu’il aura encaissé l’argent de la transaction, pfitt ! il disparaît. Vous aurez beau chercher après lui, à vous dire que vous avez eu affaire à un fantôme, son portable ne répond plus, il vous aura classé parmi sur son répertoire comme une personne indésirable, vous ne risquez pas de le retrouver sur son lieu de travail, puisqu’il change de local, comme de chemise, dès que ça sent le roussi, il prend la poudre d’escampette. J’ai fait le tour de la ville, afin de trouver une seule personne qui puisse me dire du bien de ce zigoto, mais impossible de dénicher l’oiseau rare qui pourra prendre sa défense. Si toutes les personnes qu’il a arnaquées se décident à créer une association pour comptabiliser toutes les escroqueries de ce filou, son nom pourra figurer aux premières loges dans le Guinness des records. Aujourd’hui, quand on lui serre la main, il faut compter tous ses doigts pour s’assurer de tous les récupérer. A chaque fois qu’il encaisse de l’argent, ses mains tremblent, il n’arrive pas à croire que certaines personnes puissent encore croire à ses boniments. Pour me prouver à quel point il était roublard, il m’a raconté cette anecdote : le simplet du village où il réside lui a fait cette réflexion au sujet d’un échange de téléphone portable : «Même si je constate que mon mobile coûte dix fois moins cher que le tien après la transaction, j’aurai toujours le pressentiment que quelque part tu m’as arnaqué», il était fier de constater que sa cote de popularité ait atteint ce crédule personnage. Enfin pour conclure, je tiens à préciser que je n’ai cité ni le nom ni le prénom de ce sinistre personnage malveillant, d’ailleurs car rien qu’à l’idée d’avoir à le faire j’ai peur de m’écorcher les lèvres et le fait qu’il se reconnaisse dans cet écrit prouvera que cette description lui sied comme un gant. Pour conclure, une nouvelle fois, je tiens à préciser qu’il existe encore, heureusement, des agents immobiliers honnêtes qui font honneur à leurs activités, mais comme dans chaque profession, on rencontre des brebis galeuses, en plus une nouvelle réglementation vient d’être instaurée et ne pourra plus devenir agent immobilier qui veut et les requins comme lui préparent déjà leurs conversions vers d’autres fonctions moins risquées.
B. Mokhtar



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