Actualités : NOS ENFANTS EXPOSÉS À TOUS LES DANGERS D’INTERNET
Aucun programme de protection sur le marché


Les logiciels de contrôle parental ne sont pas disponibles sur le marché ! Personne n’y a pensé ! Ainsi, nos enfants surfent sur le Net sans aucune surveillance.
Irane Belkhedim - Alger (Le Soir) - Une tournée dans les cybercafés d’Alger nous laisse perplexes. Les enfants, qui représentent une clientèle importante pour ces endroits, et qui ne sont jamais accompagnés de leurs parents, viennent souvent après les heures d’école jouer sur le web, écouter de la musique, regarder des films et consulter des sites pornographiques. Kamel, propriétaire d’un cybercafé, affirme que ces enfants ont entre 8 et 16 ans. «Je ne surveille pas tout le temps ce qu’ils font, ce n’est pas possible car j’ai d’autres tâches à accomplir», dit-il. En effet, le cybercafé assure d’autres services : impression, scanner, graveur et traitement de textes. Cependant, pour contrôler ses internautes, Kamel dispose d’un petit logiciel. Ainsi, une alerte se déclenche automatiquement sur son poste de surveillance dès que l’un de ses clients se connecte à des sites de sexe ou écrit des mots obscènes. «Il n’y a pas une clientèle particulière pour ce genre de site, toutes les catégories d’âge sont concernées, les hommes, les femmes, les jeunes et même les enfants», dit-il, en souriant. Kamel ne réprimande pas son client, il se contente d’éteindre l’ordinateur et au bout de la troisième fois, si celui-ci recommence, il le fait sortir carrément surtout s’il dérange les autres internautes. Ce jeune propriétaire précise qu’il a eu à affronter des situations similaires avec des gosses dont l’âge ne dépasse pas 13 ans ! «C’est dingue ! Ils viennent juste pour se connecter à des sites de sexe alors qu’ils sont âgés de 8 à 12 ans !» indique-t-il, ajoutant qu’il ne les accepte plus dans sa boutique. Dès qu’ils tapent à sa porte, il leur trouve des excuses, ne voulant plus assumer cette responsabilité. «Je leurs dis que tous les postes sont occupés, alors que cela n’est pas vrai, je me sens obligé de le faire». Parfois, Kamel recourt à un autre moyen, il interdit complètement l’accès aux enfants après 18h. Il est rare que des mômes soient accompagnés de leurs parents, Kamel a du mal à se rappeler la dernière fois qu’un enfant était venu avec un adulte. «Il arrive que je reçoive des adultes qui accompagnent des enfants de moins de 5 ans pour leur montrer des dessins animés sur le PC. C’est vraiment rare !» explique-t-il. Des parents sont déjà venus solliciter son aide pour s’initier au PC et à l’Internet, mais le jeune propriétaire estime qu’il ne peut pas assurer cette tâche, par manque de temps.
Plus de 5 millions d’internautes

En Algérie, plus de 5 millions de personne utilisent Internet. Selon le ministère de la Poste et des Technologies de l'information et de la communication, ils devraient dépasser les 13 millions en 2013. Comme partout à travers le monde, Internet est devenu un outil indispensable de communication, de travail, de recherche et d’ouverture sur le monde. Malgré ces chiffres, aucune étude sérieuse n’a été consacrée à la connexion des enfants à l’internet. Tout ce qui se dit ou se fait reste de la pure spéculation. Ils sont plus de 1,5 milliard d'internautes à se connecter à travers le monde sur près de 240 millions de sites. Certains de ces sites constituent un véritable danger pour les enfants, si ces derniers ne sont pas orientés et surveillés.
Aucun logiciel de protection pour les enfants

Bakelli Lamine, ingénieur en informatique qui exerce à Kindi Technologies, une société nationale de services en ingénierie informatique, explique que les parents doivent contrôler leurs enfants quand ils surfent sur Internet. Cela fait partie de l’éducation. L’enfant peut, sans le vouloir, accéder à des sites présentant un danger certain pour lui. «Aujourd’hui, il existe des logiciels performants qui permettent d’espionner l’enfant quand il est sur son ordinateurs et de savoir ce qu’il fait. Il est indispensable de s’en servir pour prévenir les plus jeunes des dangers de l’Internet.» Cependant, l’expert fait remarquer qu’en Algérie, un problème persiste : les logiciels de contrôle parental ne sont pas mis en vente ! «Il y a des versions téléchargeables sur le net mais elles restent payantes ! Faisons alors avec ce qu’il y a.» Bakelli Lamine préconise alors d’utiliser le logiciel Contrôle parental mis en ligne sur Windows, qui est gratuit. «Nous avons remarqué que les versions latines sont performantes, la version arabe l’est moins, le blocage des sites se fait au deuxième niveau car ces programmes sont réalisés par des entreprises étrangères. Mais elles restent tout de même bonnes». Il conseille également de recourir aux antivirus et aux bloqueurs de spams qui sont indispensables et efficaces, en plus des formules gratuites téléchargeables on-line. Dimanche dernier, la Forem (Fondation nationale pour la promotion de la santé et le développement de la recherche) a organisé une journée de sensibilisation et d’information sur Internet et ses dangers sur les enfants au Centre culturel de Hussein-Dey, à Alger. Hormis les trois ingénieurs et les journalistes, il n’y avait aucun parent ! Depuis quelques mois, Kindi Technologies assure des formations aux parents qui souhaitent s’initier à l’informatique et à Internet, mais les candidats ne sont pas nombreux. «Cela viendra peut-être avec le temps», estime notre interlocuteur. En plus, la société a dû créer ses propres supports pour assurer ces formations puisqu’il n’y en a pas sur le marché national.
I. B.



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