Régions : Le ras-le-bol de la population de Boghni face à l’insécurité

A l’instar de la commune d’Iflissen, près de Tigzirt, au début de l’année en cours, et des Ouacifs, au début de l’été 2009, la ville de Boghni a connu une mobilisation citoyenne mardi dernier.
Dans ces régions situées aux antipodes de la wilaya de Tizi-Ouzou, les citoyens sont sortis dans la rue pour exprimer leur exaspération devant la montée en puissance du phénomène des enlèvements à main armée ciblant les commerçants et les entrepreneurs. Ils refusent, surtout, de céder à la fatalité de cette spirale infernale que rien ni personne ne semble pouvoir arrêter. Depuis 2006, ce sont près d’une quarantaine de rapts d’entrepreneurs et de commerçants qui ont été enregistrés à travers de nombreuses localités de la wilaya de Tizi-Ouzou, Ouacifs, Tirmitine, Béni Zmenzer, Maâtkas, Boghni, au sud de Tizi-Ouzou. Les localités des flancs nord et nord-est de la wilaya qui vont de Mizrana, Iflissen jusqu’à Fréha ont été les principales zones ciblées par les enlèvements. Une activité criminelle que la population qui n’est pas dupe de l’existence de réseaux interlopes et de banditisme attribue aux groupes terroristes du GSPC, AQMI. Cette situation, qui constitue un terrain fertile pour la prolifération de ces réseaux sur lesquels pèsent de forts soupçons de collusion avec les groupes terroristes armés, n’est pas faite pour rassurer la population. Cet état de faits ne manque pas, par ailleurs, de frapper par son aspect paradoxal, suscitant beaucoup de questionnements au sein de l’opinion qui ne cache plus son exaspération devant la multiplication de ces actes attentatoires aux biens et à la sécurité des personnes alors qu’au même moment on observe sur le terrain un déploiement massif des services de sécurité et la mise en place d’un dispositif sécuritaire autour et à l’intérieur des agglomérations urbains et tout au long des principaux axes routiers de la wilaya. A Boghni, mardi, comme ce fut le cas aux Ouacifs, il y a quelques mois puis à Iflissen, au début de l’année en cours, la colère de la population qui est sortie dans la rue est significative d’un double défi. Si les pouvoirs publics sont mis en demeure d’assurer la sécurité des populations et de leurs biens, comme l’ont dit de vive voix les représentants des communes de la daïra de Bogni devant le représentant de l’Etat au niveau de cette institution, le message s’adresse aussi aux terroristes, auteurs de ces enlèvements. «Il y a une prise de conscience au sein de la population qui est déterminée à s’opposer par tous les moyens au diktat des terroristes. Rien ne dit que la mobilisation des citoyens d’Iflissen qui a fini par payer ne produira pas les mêmes effets chez nous», nous dira un citoyen de Boghni, mettant l’axant sur l’esprit de solidarité et le devoir de résistance qui animent ces citoyens qui ne jurent que par la libération de l’otage originaire du village d’Aït- Koufi.
S. A. M.