Le mardi 30 mars 2010 restera un jour historique pour la Mauritanie. Ce jour-l�, au cours d�une visite inopin�e � la t�l�vision publique (TVM), le chef de l�Etat, Mohamed Ould Abdel Aziz, a promis la lib�ralisation de la communication audiovisuelle avant juin 2010. Au cours de cette r�union, Mohamed Ould Abdel Aziz a �t� tr�s critique � l�encontre de la TVM.

�J�ai commenc� � suivre hier soir l��mission �Le gouvernement sur la balance�, au bout de 30 minutes, j�ai arr�t�, car ce n��tait pas int�ressant. Le journaliste n�a fait que tendre le micro � l�invit� (le ministre de l�Industrie et des Mines) en le laissant parler � sa guise. Les images ne valent rien, la qualit� du son est mauvaise. Ce que j�attends de la t�l�vision, c�est l��cho des pr�occupations des citoyens mauritaniens, pas les ministres que je vois chaque semaine�, a dit le chef de l�Etat aux journalistes de la t�l�. Le pr�sident a ensuite lanc� au personnel de la TVM : �Vous n�avez pas le choix. Il faut vous adapter ou dispara�tre, car d�ici juin prochain, la communication audiovisuelle sera lib�ralis�e.� Le 10 d�cembre dernier, Mohamed Ould Abdel Aziz �a instruit le gouvernement mauritanien � favoriser la libert� d�expression et l��mergence d�une culture d�mocratique, en particulier, � travers l�ouverture des m�dias publics aux d�bats contradictoires �. Trois mois apr�s ce premier appel � ouverture, le pr�sident de la R�publique a r�cidiv�.
Ouvrir les m�dias publics � tous les citoyens
Lundi 22 f�vrier, devant les directeurs des organes de presse de l�Etat (Radio Mauritanie, TVM et AMI), Mohamed Ould Abdel Aziz �a appel� � l�ouverture des m�dias publics devant tous les citoyens, ind�pendamment de leurs affiliations politiques, afin qu�ils expriment leurs pr�occupations, leur appr�ciation des services fournis par l�Etat et leurs rapports avec l�administration.� �Le chef de l�Etat a exhort� les m�dias officiels � jouer pleinement leurs r�les dans les domaines du d�veloppement et de la communication, loin de toute flagornerie.� Malgr� ces injonctions pr�sidentielles, la TVM n�a pu se d�faire d�une longue culture de flagornerie. Quand il y aura d�autres cha�nes de t�l�vision, pour soutenir la concurrence, TVM cessera d��tre � une petite Pravda�. Le projet de loi portant lib�ralisation de la communication audiovisuelle en Mauritanie est rest� bloqu� au niveau du S�nat apr�s le coup d�Etat du 6 ao�t 2008. Apr�s cette d�claration du chef de l�Etat, il sera certainement remis sur table. Seul le vote de la loi portant lib�ralisation des ondes rendra effective le pluralisme � la t�l� et � la Radio. Le 21 juillet 2007, le minist�re de la Culture et de la Communication, en partenariat avec le Groupe d��tudes et de recherche sur la d�mocratie et le d�veloppement �conomique et social (GERDDES), les associations FASSA et CORALI, a organis� un colloque sur �Le r�le et l�impact de la lib�ralisation audiovisuelle pour l��mergence et le d�veloppement des radios communautaires/associatives en Mauritanie.� Plusieurs professionnels des m�dias audiovisuels de la sous-r�gion �taient invit�s. L�objectif �tait de tirer profit de l�exp�rience des autres pour ne pas rater l�entr�e dans le pluralisme audiovisuel. M�me les m�dias publics mauritaniens, notamment Radio Mauritanie, se pr�pareraient � faire face � un environnement concurrentiel.
�Officiellement acceptable��
Du Conseil des ministres, le projet de loi relatif � la communication audiovisuelle a atterri � l�Assembl�e nationale. Il devait ensuite passer au S�nat. Le 6 ao�t 2008, le pouvoir de Sidi Ould Cheikh Abdellahi est renvers� par un coup d�Etat militaire. Les m�dias publics qui, en perspective de la lib�ralisation avaient timidement commenc� � s�ouvrir, ont replong� dans la pens�e unique. Pendant les 11 mois de pouvoir de la junte militaire auteur du coup d�Etat, � l�AMI (Agence mauritanienne d�information), � la Radio Mauritanie et � la T�l�vision de Mauritanie, toute note discordante a �t� strictement bannie. Le directeur de la T�l�vision nationale de l��poque, pour avoir permis � un homme politique de parler librement pendant un d�bat en direct, a �t� limog�. Pour s�informer, les Mauritaniens n�ont qu�une alternative : la pens�e unique des m�dias d�Etat ou les cha�nes satellitaires �trang�res qui ne parlent gu�re d�eux. A TVM et � Radio Mauritanie, on ne voit et on n�entend que ce qui est �officiellement acceptable�. Malgr� la double injonction du pr�sident de la R�publique, la TVM est rest�e confin�e dans les limites de l�officiellement acceptable. Les d�bats au Parlement sont trait�s de mani�re s�lective et partielle. Les journ�es nationales de concertation en 2006 avaient recommand� la lib�ralisation des ondes en Mauritanie. Cette lib�ralisation figurait parmi les engagements pris par la Mauritanie aupr�s de l�Union europ�enne. Elle a �t� �galement demand�e par les r�centes journ�es de r�flexion organis�es par la majorit�. L�Etat mauritanien, conform�ment � l�article 10 de la Constitution du 20 juillet 1991, est tenu de garantir � tous les citoyens la libert� d�opinion et de pens�e, la libert� d�expression� Dans un pays d�mocratique ou qui se proclame tel, l�acc�s � une information plurielle est un droit pour le citoyen. Le monopole de l�Etat sur le paysage audiovisuel est une violation du droit � l�information. Une violation qui cessera d�ici juin 2010.
Khalilou Diagana (www.cridem.org)

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