Culture : AREZKI A�T-LARBI PARLE DU PRINTEMPS BERB�RE :
�Fixer les faits et confronter les diff�rentes versions�


Le Soir d�Alg�rie : Beaucoup de choses ont �t� dites et �crites, jusque-l�, � propos des �v�nements du Printemps berb�re. En quoi le nouvel ouvrage collectif traitant de cette question, dont vous avez coordonn� l��laboration, apporte-t-il des nouveaut�s ?
Arezki A�t-Larbi : La premi�re nouveaut�, c�est que des insurg�s du Printemps berb�re et des officiels du pouvoir qui leur faisaient face t�moignent dans un m�me ouvrage, chacun rapportant sous son propre angle les faits v�cus. Ils s��taient affront�s parfois violemment, mais maintenant, ils en parlent avec s�r�nit�, sans haine. La deuxi�me nouveaut�, c�est cette subjectivit� assum�e sans complexe. Les auteurs ne pr�tendent pas �crire �l�histoire du Printemps berb�re �, mais raconter cet �v�nement majeur de l�Alg�rie contemporaine � travers des histoires individuelles qui n�occultent ni les angoisses, ni les doutes, ni m�me parfois les faiblesses. En un mot, des histoires profond�ment humaines, malgr� une forte charge politique. Enfin, il s�agit de fixer les faits et de confronter les diff�rentes versions pour �viter les surench�res des uns ou le nihilisme des autres.
Des officiels du pouvoir, acteurs politiques de l��poque, s�expriment pour la premi�re fois sur ces �v�nements. Selon vous, � quoi ob�it cette volont� d��voquer, trente ans apr�s, ces �v�nements ?
Il faudra sans doute leur poser la question. N�anmoins, ce que je peux dire, c�est que lorsque j�ai sollicit� Abdelhak Brerhi, ancien ministre de l�Enseignement sup�rieur, Hamid Sidi-Sa�d, ex-wali de Tizi-Ouzou et El-Hadi Khediri, qui �tait le chef de la police nationale � cette �poque, � l�effet de participer � l��laboration de cet ouvrage collectif, ils ont r�pondu favorablement, sans aucune h�sitation. Sur le plan p�dagogique, cette exp�rience me semble avoir �t� int�ressante.
Dans la pr�sentation de l�ouvrage, vous plaidez implicitement pour un d�bat, m�me si une certaine pol�mique venait � s�installer. Pensez-vous que les t�moignages recueillis peuvent �tre sujets � certaines critiques ?

Il appartient aux lecteurs d�en juger. Pour ma part, j�invite � une lecture lucide du Printemps berb�re. Il ne s�agit pas de c�l�brer d��anciens combattants� parmi les contestataires, en tombant dans une forme de nombrilisme ou de nostalgie, ni de �r�habiliter � d�anciens responsables qui seraient pris d�une crise de conscience. Il s�agit de faire un bilan critique, sans complaisance, pour tirer des enseignements de ce mouvement populaire qui avait �branl� le r�gime. Si les contestataires d�avril 1980 doivent avoir un motif de fiert�, c�est sans doute celui d�avoir d�fi� la dictature du parti unique, les mains nues, sans relever un seul mort. Malgr� la violence qui leur avait �t� oppos�e, les contestataires avaient sauvegard� leur autonomie, en refusant de s�inscrire dans les jeux claniques du s�rail.
Trente ann�es sont pass�es depuis les �v�nements d�Avril 1980. Existe-t-il, aujourd�hui, selon vous, un certain esprit du Printemps berb�re ?

L�esprit du Printemps berb�re, c�est d�abord l�autonomie de r�flexion et de d�cision. C�est, ensuite, un engagement total pour un id�al, pour une cause qui, au-del� de la langue et de la culture berb�res qui restent marginalis�es, est celle de la libert�, des libert�s. Trente ans apr�s, nous sommes revenus, par un processus de r�gression sans fin, � la case d�part, dans un climat d�une rare violence. Par ces temps d�agressions liberticides multiformes, de �normalisation� autoritaire et d�incertitudes sur l�avenir, il faut revisiter l�esprit du Printemps berb�re pour retrouver les fondamentaux de la lutte autonome et pacifique. C�est la seule voie qui permettra � la cause de la libert�, de l�Etat de droit et des droits de l�Homme de rebondir.
Propos recueillis par Abder B.

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