Vox populi : La nuit est longue et peut-�tre sans jour...

Finalement, le r�ve n�est qu�un r�ve ! La r�alit�, c�est tout autre chose. Je pense si le r�ve veut dire �ambition�, la r�alit� veut dire �maturit�. C�est toujours bien de faire de beaux r�ves la nuit mais le matin, quand on se r�veille, on doit voir la r�alit� et laisser ces r�ves dans leurs foyers et dans leurs temps.
Car si on cherche le r�ve qu�on a fait la nuit pendant la journ�e, on abandonne beaucoup de choses et on se consacre enti�rement � la qu�te de ce r�ve qui nous fascine. Alors on court derri�re le vent, on danse devant l�aveugle et on chante pour le sourd. Et vite on s�aper�oit qu�on a pris le mauvais chemin, qu�on a finalement tort de chercher ce r�ve dans la journ�e ; et d�ailleurs notre fatigue t�moigne des efforts qu�on a fournis. Et lorsqu�on s�appr�te � abandonner notre qu�te, un silence cath�dral nous envahit, un espoir nous submerge quand on voit cet aveugle qui �change sa place avec le sourd, quand on se rend compte que tout s�est arr�t� pour laisser place au soleil ; ou alors on se dit, qu�on a mal fait les choses, finalement il fallait chanter � l�aveugle, danser devant le sourd et se laisser emporter par le vent sans le contrarier. Alors on oublie la fatigue et on se met � l��uvre avec une volont� plus grande et avec une conviction plus forte de r�ussir cette fois-ci et le r�ve nous para�t si pr�s. Alors, on chante pour l�aveugle, on danse devant le sourd et on se laisse emporter par le vent. Mais l� on s��tonne ! Car � un moment, on a l�impression qu�on a fait ce qu�il fallait pour voir enfin que notre danse soit appr�ci�e par le sourd et que notre chant soit �cout� et applaudi par l�aveugle et que, finalement, ce vent nous porte vers le r�ve qu�on a fait la nuit derni�re. Mais rien de tout �a ne se r�alise, au contraire, l'aveugle nous insulte de l�avoir d�rang� car d�j� lui n�aime pas la chanson et le bruit le d�range tant. Le sourd nous jette dessus des objets, c�est sa fa�on de protester contre votre danse qu�il a pris comme une provocation et une atteinte � sa dignit�. Enfin, le vent nous punit d�avoir d�rang� l�aveugle et insult� le sourd, il nous d�shabille pour nous faire d�filer sous les pluies qu�il apporte avant de nous jeter dans un trou noir. Pendant tout ce temps, la journ�e s�est �coul�e et on se rend compte qu�on n�a pas fait nos devoirs et donc on est syst�matiquement sans destin�e et on n�a pas fait notre combat quotidien, et donc on a �chou� ; pis encore, on est bless�. On apprend aussi que le train est pass� ce jour-l�, ce train qu�on a tous attendu, ce train qui transportait tout ce qu�on voulait (jeunesse, argent, femme, pouvoir�) et que depuis notre jeune �ge, on s�appr�tait � faire tout pour �tre � bord de ce train. La nuit interrompt notre pens�e sans autant interrompre nos remords ; elle s�appr�te � nous prendre dans ses bras quand on se souvient de sa s�ur a�n�e et du r�ve qu�elle nous a offert. On en veut � sa s�ur et � son cadeau et on refuse d��tre dans ses bras, on pr�f�re veiller sans dormir. Mais la nuit est longue et peut-�tre sans jour !
Ghemras Lyes

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