
Actualités : Pour une histoire citoyenne
La publication du livre de Saïd Sadi a
soulevé une polémique sans précédent mettant à nu un grand nombre de
préjugés et de non-dits de l’histoire politique de l’Algérie. Ceux qui
désignent la Kabylie et les hommes politiques de la région comme des
fauteurs de troubles menaçant la stabilité et l'unité du pays sont les
mêmes qui ont interdit, en 1980 à Mouloud Mammeri de donner à Tizi-
Ouzou une conférence sur les poèmes kabyles anciens, invoquant un
complot ourdi par la main de l’étranger.
L’Histoire a montré depuis, que
la Kabylie, loin de constituer une menace pour l’unité de la nation, est
au contraire à la pointe du combat démocratique et de la renaissance
culturelle. La nation algérienne a été fondée par le génie, le sang et
les larmes de tous ses enfants. Du reste, les ossements de notre plus
vieil ancêtre, «l’homme de Ain El Hanech (Sétif) datent de 1 700 000
ans. Nous ne sommes venus ni de l’Est, ni de l’Ouest, ni du Sud, même si
notre sang s’est nécessairement mêlé à celui de tous ces migrants que la
Méditerranée et le Sahara ont généreusement brassés. C’est la chance de
l’Algérie de bénéficier de cette diversité. Il faut une grande cécité
politique et autant d’ignorance pour vouloir imposer le dogme de
l’unicité politique ou idéologique qui nous ghettoïse et nous voue à un
déclin inéluctable. L’Algérie appartient à tous ses enfants et les flots
de sang qui l’ont arrosée durant le 19e et le 20e siècles ont
définitivement cimenté le socle national. Le temps de la pensée unique
est révolu. Le peuple algérien a conquis, par le sang versé, le droit de
prendre librement en charge son destin, dans le pluralisme et la
démocratie. L’évocation dans le livre de Saïd Sadi, de la vie d’Amirouche
et la séquestration de sa dépouille et de celle de Haouès par le
gouvernement de Boumediene est l’occasion pour nous, citoyens
signataires de ce texte, originaires de toutes les régions d’Algérie, de
toutes conditions sociales, respectueux du pluralisme des opinions de
chacun, de déclarer notre adhésion aux principes suivants :
1. C’est le droit et le devoir de Saïd Sadi, comme de tout Algérien
d’agir pour la manifestation de la vérité historique sur tous les
événements dont il a connaissance. C’est par des approches plurielles et
contradictoires que l’Histoire s’écrit.
2. Il n'appartient ni à un clan, ni à une institution, ni même à l'État
de dicter la vérité historique. A ce dernier, il est fait obligation
d’ouvrir les archives nationales aux chercheurs, aux médias et à tout
citoyen qui le désire pour qu'enfin les Algériens se réapproprient leur
bien commun, l’histoire de leurs parents, de leurs régions et de leur
pays.
3. Nous en appelons à la sagesse et au patriotisme des acteurs encore
vivants du combat de la Libération nationale pour libérer leur
conscience dans le respect des serments de Novembre et de la Soummam, et
du sacrifice glorieux de nos aînés. Les faux moudjahidine, les fausses
attestations communales, les faux témoignages tout comme les fortunes et
les rentes constituées sur le sacrifice des chouhada ont sali la mémoire
de notre peuple. Ces errements ont conduit au népotisme et à la misère
sociale, à l’injustice, à la régression culturelle et à la perte des
valeurs morales qui ont préservé notre pays de la déchéance durant tant
de siècles de domination.
4. Forts de notre conviction indéfectible dans le destin national
algérien, nous proclamons notre foi :
- en l’unité fraternelle du peuple sur chaque pouce du territoire
national et rejetons toute idéologie raciste, régionaliste qui
marginalise ou stigmatise une quelconque fraction de notre peuple ;
- en l’instauration d’un État libre, démocratique et social tel
qu’énoncé par la proclamation de Novembre et précisé par le Congrès de
la Soummam il y a 54 ans ;
- en la nécessité pour toutes les familles de pensées philosophiques et
politiques de renouer les fils du dialogue entre elles afin de redonner
espoir à une jeunesse qui possède un drapeau mais pas encore d’avenir.
Les premiers signataires :
1. Abane Belaïd, professeur en médecine
2. Achab Ramdane, universitaire, linguiste
3. Adjaoud Rachid, ancien officier de l’ALN
4. Aït Menguelat Lounis, chanteur
5. Aït Menguelat Wahab, entrepreneur (fils du chahid Embarek Aït
Menguelat)
6. Azzi Abdelmadjid, syndicaliste, ancien moudjahid
7. Belouizdad Othmane Djelloul, consultant O&G
8. Ben Mohamed, Poète
9. Benbouriche, administrateur de l’ACB (Paris)
10. Boukella Mourad, économiste, universitaire
11. Goudjil Mohamed, universitaire (Paris)
12. Hamdani Hocine, enseignant
13. Issad Mohand, universitaire, Professeur de droit
14. Ketane Nacer, président de Beur TV
15. Laceb Djamel, enseignant
16. Lakabi Arezki, ancien cadre du secteur public
17. Metref Arezki, journaliste
18. Mezani Ferroudja, juriste
19. Mezil Saïd, avocat
20. Ouadi Boussad, éditeur
21. Saadi Nourredine, juriste
22. Sadat Fetta, avocate, universitaire
23. Sansal Boualem, écrivain
24. Sebkhi Mohand, ancien moudjahid
25. Si Ahmed Yacine, journaliste
26. Slimane Amara, président de l’ACB (Paris)
27. Smaïl Nabila, avocate
28. Touabi Mahmoud, ancien officier de l’ALN
29. Touati Mokhtar, médecin (fils du chahid Touati Bachir)
30. Yousfi Madjid, économiste
31. Zalani Azzedine, juriste (Paris)
32. Zerouky Hacène, journaliste
Chers concitoyens,
Si vous approuvez le texte de cette pétition, vous pouvez y
adjoindre votre signature de plusieurs façons :
1) Rendez-vous sur le site : http ://www.petitionenligne.fr/petition/algeriepour-
une-histoire-citoyenne/47/ et remplissez le formulaire de signature
2) Adressez un message indiquant vos nom, prénom, qualité et lieu de
résidence éventuellement à l’adresse E-mail suivante : histoirecitoyenne@yahoo.fr
3) Ecrivez à l’adresse postale suivante : Boussad OUADI
Librairie des Beaux-arts, 28 rue Didouche Mourad 16000 Alger
Tél. : +213 21 64 12 40 4)
Pour les signatures sur papier, vous pouvez adresser vos listes par fax
aux numéros :
00(213) 21 64 12 40 / 00(213) 21 79 39 80
Attention : les signatures anonymes ne peuvent trouver place dans cette
démarche citoyenne.
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