Actualit�s : ILS RENDENT HOMMAGE AU COLONEL BOUGARA, CHEF DE LA WILAYA IV
Ith Yala se r�approprient leur histoire de r�sistants


Ce 5 juillet 2010 aura �t� un autre jour faste pour la r�gion des Ith Yala. Les Yalaouis, ces Berb�res des rudes montagnes de la Basse-Kabylie, fortement pr�sents dans l�histoire et le combat pour la dignit� du peuple alg�rien, ont inscrit un autre grand nom sur leur �tendard de la libert�. Apr�s Arezki Kehal, Malika Ga�d, Debbih Cherif, Medouni Mohamed Cherif, Youcef Yalaoui et tant d�autres, c�est au colonel Si M�hamed Bougara, chef de la Wilaya IV historique et figure de proue de l��pop�e de Novembre, qu�ils ont tenu � rendre un vibrant hommage.
Un grand chef du FLN/ALN qui tire sa filiation g�n�alogique et culturelle de la r�gion des Ith Yala. C�est en pr�sence du colonel Si Hassan, qui a �galement occup� le poste de commandant de cette wilaya historique, et de Mohand Cherif Amokrane que les festivit�s ont d�but�, le 3 juillet � Titest, dans la commune de Harbil, da�ra de Guenzet, dans la wilaya de S�tif. Une st�le comm�morative a �t� inaugur�e en pr�sence d�un des neveux du chahid, Bougara Benyakoub, et des moudjahidine des Wilayas II et IV, ainsi que des autorit�s civiles et militaires de la capitale de la Basse-Kabylie, S�tif. Apr�s avoir assist� � une c�r�monie comm�morative devant ce monument, la foule s�est rendue au nouveau complexe sportif, inaugur� le m�me jour. Les familles des chouhada Bougara, Debbih Cherif et Mohamed Zekal, originaires de la r�gion, ont �t� honor�es. Devant une nombreuse assistance, le colonel Si Hassan, toujours en verve, a pris la parole pour retracer de mani�re succincte le parcours du chahid. Sadi Abdelkrim, fils de la r�gion, a �t� invit� � intervenir. L�orateur a donc �voqu� l�arbre g�n�alogique des Bougara � Titest. Ses recherches l�ont amen� � consulter la matrice de l��tat civil de la commune de Guenzet, depuis son instauration au XIXe si�cle dans la r�gion. Preuves � l�appui, Si Hassen a d�montr� l�ancrage de la famille Bougara dans la localit� et son attachement � la r�gion. Rappelons, pour m�moire, que Bougara Larbi, le p�re de Si M�hamed, alors fonctionnaire des PTT de Bouga� (S�tif), avait �t� mut� dans les ann�es 1920 � Khemis-Miliana. Avant de rejoindre sa nouvelle destination, Larbi a laiss�, � Titest, une �pouse et deux enfants, d�c�d�s par la suite. Une fois �tabli � Khemis- Miliana, il s�est remari�. De cette seconde union sont n�s sept enfants. Ahmed, le troisi�me � �tre venu au monde, est n� le 20 d�cembre 1928. Il est � souligner que la famille de Larbi n�a jamais coup� les liens avec Titest, d�autant plus que le p�re avait h�rit� de quelques terres agricoles. M. Bouchama, le troisi�me orateur, a fait un tour d�horizon sur la r�sistance s�culaire des Yalaouis contre l�oppression, ceux-ci ayant de tout temps consenti des sacrifices dans leur combat pour la libert� et la dignit�. Dans son intervention, Bouchama a fait savoir que les Yalaouis avaient d�p�ch� des hommes et des armes au profit de l�arm�e de l�Emir Abdelkader. �Ils ont �galement apport� leur soutien � l�insurrection des cheikhs, comme celle d�El-Mokrani�, dira-t- il, avant de retracer leur implication dans le mouvement national et la guerre de Lib�ration. En r�alit�, la pr�sence des Yalaouis aux c�t�s de la r�sistance, contre les envahisseurs qui ont souill� le territoire alg�rien, remonte � plus loin. Ils ont �t� de la partie lors d�une bataille dans les ann�es 1 600 pour d�fendre la ville de Jijel contre l�armada fran�aise qui s�appr�tait � envahir le port de cette r�gion. C�est ce qu�a affirmait, en avril dernier, le journaliste et historien Arezki Ferrad, alors qu�il animait une conf�rence � Guenzet. Il a r�v�l�, en outre, que des combattants originaires de la r�gion des Ith Yala �taient partis d�fendre El-Qods contre les Crois�s. Ceci conforte la th�se selon laquelle la culture du combat pour la libert� des Yalaouis a �t� transmise au chef et chahid de la Wilaya IV.
Histoire tronqu�e
�Il faut �pouser une cause juste et lutter pour la justice, sans chercher de r�compense, sans chercher � savoir s�il y en a une�, disait Bougara. C��tait un id�aliste compl�tement en phase avec ses convictions. Ce n��tait pas un homme de guerre, mais l�on peut d�celer � travers son parcours, ses d�clarations et ses prises de position, que l�homme et le militant qu�il �tait poss�dait une stature de grand homme d�Etat. Lorsque nous avons commenc� � faire des recherches en 2008 sur le conseil de Ghafir Mohamed, dit Moh Clichy, membre de la F�d�ration de France historique, d�fenseur acharn� de la r�gion des Ith Yala et grand fouineur dans le pass� glorieux, et des hommes qui ont fait l�histoire des montagnes de Kabylie et de notre pays, nous avons �t� agr�ablement surpris par la stature de M�hamed Bougara. C��tait un homme hors du commun qui en fascinait plus d�un. Le plus acharn� des d�mocrates alg�riens restera, sans doute, envo�t�, � la lecture des prises de position en mati�re de tol�rance de cet homme qui �tait en symbiose politico-militaire avec Amirouche, le Lion du Djurdjura. Et pour cause, ils se connaissaient bien avant le 1er Novembre 1954. Par ailleurs, ils ont h�rit� de la m�me culture du combat pour la d�fense des causes justes. Dans le contexte de l��poque, les id�es et les prises de position de Si M�hamed semblaient relever de l�utopie. Mais il a combattu, les armes � la main, pour ses id�es. Bien mieux, il les a strictement mises en application lorsqu�il a pris le commandement de la Wilaya IV. M�me Bigeard, le plus sanguinaire des chefs militaires des forces d�occupation, a �t� contraint de reconna�tre les capacit�s politiques, militaires et humaines de Bougara Ce chef exemplaire de l�ALN �tait-il victime de sa vision moderniste de la lutte de lib�ration et du futur Etat alg�rien ? Etait-il jalous� pour sa grandeur comme le furent Ben M�hidi, Abane Ramdane, Amirouche, Si Haou�s et tant d�autres chouhada ? Des indices corroborent cette hypoth�se. En tout �tat de cause, les circonstances de la disparition de Si M�hamed continueront malheureusement � hanter la conscience nationale, tant que le myst�re ne sera pas �lucid� et que son corps ne sera pas remis � la R�publique. Le po�te et artiste A�t Menguelet dit � peu pr�s ceci dans l�une de ses chansons : �Plus ils sont grands, plus vous �tes petits.� A m�diter ! L�histoire de l�Alg�rie contemporaine n�a-t-elle pas l�s� la m�moire de Bougara ? Une question que nous avons pos�e au colonel Si Hassan. �Bien s�r qu�il est l�s� par l�histoire. Cela ne date pas d�aujourd�hui. Cela remonte � 1962. La Wilaya IV a �t� compl�tement marginalis�e bien avant l�ind�pendance �, nous a-t-il dit, non sans rappeler qu�il a eu l�honneur et la chance de c�toyer Si M�hamed. Etait-il d��gale envergure que Amirouche ? R�ponse affirmative du dernier chef de la Wilaya IV : �Oui ! Et vous pouvez l��crire ! Je n�ai pas eu le privil�ge de conna�tre Amirouche, mais je savais que lui et Bougara s�entendaient tr�s bien.�
Gisement de l�histoire
L�explication du d�tournement de l�Histoire par des gens qui ont pris le pouvoir apr�s 1962, par la violence, ne suffit pas � elle seule pour justifier l�oubli envers ceux qui se sont sacrifi�s pour notre libert�. Une libert� qui s�amenuise malheureusement en ces temps troubles. Effectivement, le combat qu�ont men� des hommes de grande valeur et qui a abouti � la lib�ration de notre pays a �t� d�tourn�. Comble de la l�chet�, des tentatives pour souiller la m�moire de certains d�entre eux, qui nous ont l�gu� un pays libre, ont �t� sournoisement men�es. Mais les citoyens que nous sommes avons observ� un silence coupable. Nous avons permis au grand banditisme politique de ternir nos rep�res identitaires issus du sang vers� par nos martyrs. Pour rester dans le cadre de la Wilaya IV, notons qu�il y a peu d��crits, et encore moins de recherches, sur l�histoire de cette wilaya historique et sur les hommes qui se sont sacrifi�s dans cette r�gion. Il y a fort heureusement un d�but de prise de conscience chez bon nombre de compatriotes, qui s�impliquent dans cette qu�te de l�histoire r�elle de notre pays. M. Sadi Abdelkrim, cit� plus haut, a fait un travail sur Bougara certes modeste, mais d�une grande efficacit�. Il y a un immense gisement inexploit� sur l�histoire du pays en g�n�ral, et de la Basse-Kabylie en particulier. Aux acteurs encore en vie d�apporter leur t�moignage. L�activisme sans rel�che de Ghafir et de ses compagnons commence � donner des r�sultats tangibles dans la r�gion du Nord s�tifien. Notons que c�est l�association Ith Yala qui a initi� cet hommage � Bougara. Les membres fondateurs de cette association avaient initi�, avant la cr�ation de cette structure, les hommages rendus � Arezki Kehal, membre fondateur de l�Etoile nord-africaine et du PPA, mort dans les ann�es 1940 sous la torture des forces coloniales, ainsi qu�� Malika Ga�d, une ic�ne de la r�volution de Novembre, � Madouni Mohamed Cherif, d�sign� par Amirouche capitaine de l�ALN, � Djema� Saharidj, � Bouznade. Cette association a �galement contribu� � l�hommage rendu aux deux chouhada Belhouchet Mouloud dit Mouloud Oumazouz et Regoui Abdelhamid, de la Wilaya III. Elle pr�voit, en outre, d�apporter sa contribution � des hommages aux chouhada Debbih Cherif, Mohamed Zekal et Khelifa Boukhalfa, originaires de la r�gion des Ith Yala et connus pou avoir �t� des cadres du FLN historique de la Zone autonome d�Alger. Faut-il rappeler que l�association Ith Yala, que pr�side Athmani Nadjib, fait de la revalorisation de l�Histoire mill�naire des Yalaouis dans ses dimensions politique, culturelle, spirituelle et militaire, l�un des principaux axes de ses activit�s visant � �manciper la r�gion, marginalis�e, et � donner ainsi des rep�res solides aussi bien � la jeunesse rest�e au pays qu�� celle expatri�e. Elle veut �galement mettre en exergue la contribution, au niveau national, de nombreux combattants originaires d�Ith- Yala-Guenzet, dont les noms figurent en lettres d�or sur les tablettes de l�Histoire de l�Alg�rie.
Abachi L.

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