Culture : PI�CE TH��TRALE LE CONSEIL DE DISCIPLINE
Le proc�s du colonialisme


Une Simca Ariane tous feux allum�s s�approche du petit groupe d�enseignants. Un homme en descend apr�s avoir �teint le moteur de la belle voiture bleue.
Ceci n�est pas un film d�action, mais une sc�ne de la pi�ce th��trale Madjliss etta�edib (le conseil de discipline), qui a �t� pr�sent�e samedi soir � la salle Atlas � Alger, devant un nombreux public. La pi�ce est jou�e, donc, dans un d�cor �r�aliste �, avec, � gauche, une vraie voiture et, � droite, la carcasse d�un half-track de l�arm�e fran�aise portant l�inscription (clandestine) : �Vive le FLN�. L�homme qui descend du v�hicule automobile est M. Mauser, un Fran�ais d�origine allemande. Il rejoint ses coll�gues r�unis autour du directeur de l��cole. Sultana, le prof de fran�ais, un pied-noir d�origine maltaise, est tout excit�. Il y a l� aussi Tahar, le prof de math�matiques alg�rien, Cohen le juif et Billard le communiste fran�ais. Cette mosa�que de races (on ne disait pas ethnies � l��poque), de nationalit�s et de confessions, constitue le conseil de discipline de l��cole. Son ordre du jour : l�affaire de l�agression � l�arme blanche commise par l��l�ve europ�en Giacomino � l�encontre de son coll�gue Athmourth, un �indig�ne�. La discussion s�enflamme et un banal fait divers prend des allures �politiques �. Par exemple, un �mod�r� parle d�int�gration des �indig�nes� qui, ainsi, deviendront des �Fran�ais musulmans�. Tahar lui r�pond que dans ce cas, on devrait aussi �crire �Fran�ais chr�tien� et �Fran�ais juif� pour les autres minorit�s vivant en Alg�rie. �Ah non, je suis juif fran�ais, pas fran�ais juif !� lui r�pond Cohen. Cette r�plique va d�vier la discussion vers le d�cret Cr�mieux. Les avis et les opinions des membres du conseil divergent. Tahar, le communiste Billard et Mauser sont pour les droits individuels et collectifs des �autochtones�, malgr� quelques divergences minimes entre eux. De l�autre c�t� de la barricade, Sultana est oppos� � toute �concession�, si minime soit-elle, en faveur des �Arabes�. L�histoire se passe � Alger en mai 1959. Dans les djebels, la guerre fait rage. Mais dans les villes, des ultras comme Sultana s�accrochent � leurs illusions et refusent de voir la r�alit� en face. A la fin et bravant tous les dangers qui peuvent en d�couler, Tahar se prononce ouvertement pour l�ind�pendance de l�Alg�rie. La pi�ce se termine par le chant r�volutionnaire Min Djibalina annon�ant le d�but de la fin du colonialisme fran�ais en Alg�rie. Madjliss eta�edib est �crite et mise en sc�ne par Slimane Bena�ssa qui a �galement interpr�t� le r�le de Tahar dans la pi�ce. Le r�le de Sultana est incarn� par Mustapha Ayad et celui de Billard par Arslane. Les com�diens Djamel Bounab, Mohamed Remas et Brahim Chergui figurent �galement au casting de cette production du Magasin d��criture th��trale de Bruxelles, en Belgique, et dont les Alg�rois ont vu la version en langue arabe, samedi � la salle Atlas, l�ex-Majestic, de Bab-El-Oued. Slimane Bena�ssa est natif de Guelma � l�est du pays. Il est auteur, metteur en sc�ne et com�dien. Apr�s une vingtaine d�ann�es de th��tre en Alg�rie, il s�exile en 1993 en France. Cr��e � Alger en arabe, puis �traduite� en France, sa pi�ce Au-del� du voile va le faire conna�tre du public fran�ais. Il est l�auteur de plusieurs �uvres litt�raires et d�art dramatique dont Marianne et le Marabout en 1995 et Un homme ordinaire pour quatre femmes particuli�res (1997), publi�es aux �ditions Lansman en France. Slimane Bena�ssa est laur�at du Grand Prix de la francophonie de la SACD en 1993.
Kader B.

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