
Régions : DEVANT LE MANQUE D’ÉQUIPEMENTS À BÉJAÏA Les stomisés appellent à la générosité de tous
Les jours se suivent et se ressemblent pour les stomisés de la région de Béjaïa. Une écrasante hypothèque pèse toujours sur leur quotidien. L’éternel problème demeure en la disponibilité des poches de stomisés d’abord en quantité puis en qualité, mais cela est une autre question, révèlent les spécialistes en la matière. «Ce problème est apparemment le point faible de l’entreprise chargée du monopole de la distribution de ces produits, à savoir l’Onaaph, non seulement au niveau de sa direction générale, mais également sa direction régionale de Tizi-Ouzou», nous dira Rachid M., responsable de la structure à Béjaïa, avant d’ajouter : «En 2010, le schéma de distribution de cette entreprise reste encore et toujours celui des années de pénurie, et ce, malgré les facilitations inhérentes au monopole de fait qui lui a été accordé dans ce domaine.» L’Association des stomisés de Béjaïa se bat justement contre vent et marées pour la survie dans la dignité de ses adhérents, elle a été créée en 2001 grâce à une quête de dons et de sponsoring, d’associations étrangères (françaises) et d’entreprises économiques locales (EPB, APC de Béjaïa, APW de Béjaïa) et nationales (Naftal et Medec-Convatec). Cette association a réussi en un laps de temps très court à répondre à de nombreuses demandes, alors qu’elle destinait ces dons de poches principalement aux nombreux stomisés non assurés sociaux et démunis. Nous avons appris par le biais des responsables de celle-ci (ASB) que pour les derniers mois, et pour la seule ville de Béjaïa et de ses environs, plusieurs dossiers de demande de poches sont en souffrance, auprès des services de l’antenne onaaph de la wilaya, elle-même dépendante de la direction générale basée à Tizi-Ouzou. «L’ASB n’a pas vocation à s’occuper de la distribution de poches. Son objectif premier est de créer les conditions psychologiques et scientifiques pour une meilleure prise en charge du stomisé dans notre région. Chaque personne stomisée devrait avoir le droit de pouvoir trouver à proximité, en quantité et en qualité, des équipements, à savoir poches, ceintures, pommade, poudre, pâtes adhésive, irrigateur clonique, nécessaires à son handicap et à son confort», soulignent les stomisés de Béjaïa dans une déclaration parvenue à notre rédaction. L’ASB, dans le même contexte, estime que «cela est la fonction naturelle des circuits commerciaux, tant publics que privés. Pour assurer ce service, les pouvoirs publics, face au déficit en structures de distribution (officines de proximité), ont pris la décision historique d’octroyer un monopole à l’Onaaph. Cet organisme se devait donc de remplir cette mission dans les conditions les plus optimales, à savoir proximité, disponibilité, qualité et rapidité. Malheureusement, les choses n’étant jamais définitivement acquises, les nécessaires adaptations tant en matière de gestion que de distribution n’ont pas été possibles. La conséquence fait que les problèmes persistent et s’aggravent.» Les stocks, selon les rédacteurs de la déclaration, sont disponibles au niveau de la tutelle et sur tout le territoire national en quantité et en qualité. Les fournisseurs sont perplexes, car ils n’ont reçu aucune commande en la matière de la part de cet organisme. «C’est inexplicable à leurs yeux au vu des commandes précédentes et des besoins courants des stomisés algériens.» L’ASB, selon toujours Rachid M., n’a pas de prétention à jouer un quelconque rôle dans l’organisation du marché des poches pour stomisés en Algérie, si ce n’est celui d’informer les acteurs attitrés de la situation des stomisés de sa wilaya. Dans ce cadre, elle est disposée à aider ces organismes afin d’arriver à juguler de manière permanente ce problème. L’association des stomisés de Béjaïa lance un appel à toutes les autorités compétentes de tutelle, à toutes les personnes stomisées influentes à la rejoindre ce combat humanitaire. «Leur intervention est vivement souhaitée par la conscience nationale et humaine face au drame de ces personnes et que les images de bouteille en plastique et du sachet de lait soient à jamais enfouies dans le passé.»
Kamel Gaci
|