Actualit�s : PRINTEMPS BERBERE Que s�est-il pass� dans la nuit du 19 avril 1980 ? Le t�moignage de Ramdane Hakem
Utilisant comme pr�texte l��crit de
Aziz Tari dans un livre Avril 80(que je n�ai pas lu), trois anciens (ex
?) militants du FFS, Hocine Sadi, Arab Aknine et Ramdane Achab, ont cru
bon, dans le Soir d�Alg�rie du 3 octobre 2010, de d�noncer le peu de
berb�risme de Tari du fait de sa proximit� du Parti de l�avant-garde
socialiste (Pags). Mon propos n�est pas de d�fendre Aziz, majeur et
vaccin�, mais de r�agir � la man�uvre. Ce n�est, en effet, pas la
premi�re fois que les Sadi s�attaquent au Pags. Leur m�galomanie
commence � peser, y compris pour ceux qui n�ont cess� de les m�nager.
Revenons � cette nuit du 19 avril 1980. Je confirme, contrairement au
r�cit de Tari, que Hocine Sadi �tait avec nous, le comit� de
coordination du Cuto, la nuit du 19 au 20 avril 1980. Je confirme
�galement que ce fut l�un des rares (le seul ?) �l�ments du FFS qui
�tait en accord avec nous pour ne pas mettre fin au mouvement de gr�ve
avec occupation cette nuitl�. De toute �vidence, il ne savait pas ce qui
allait se passer par la suite. De fait, � cette r�union de coordination
qui dura toute la nuit, des militants FFS (faut-il citer des noms ?)
�taient venus nous demander de tout arr�ter, sans qu�aucune de nos
revendications ne soit accept�e. Toutes nos souffrances pour rien !
Je dois dire que cette proposition �tait un refrain qui nous �tait
familier. Nous �tions habitu�s � ces positions allant de �c�est
l��tincelle qui va donner le feu � toute la prairie� � �nous ne pouvons
rien. Ils sont trop forts !�. Nos arguments pour les contrer �taient les
suivants : - Y-a-t-il un d�but d�acceptation � l�une quelconque de
nos revendications ? Je rappelle modestement � nos alli�s que
quelques semaines auparavant, ils n�avaient m�me pas id�e de ce qu�est
un cahier de revendications. Ce qui avait oblig� Aziz Tari et ses
camarades � imposer, en passant par l�AG du Cuto, la premi�re plateforme
de revendications contenant tamazight � la radio, la t�l�,
l�enseignement� - Avez-vous une quelconque preuve que nous allons �tre
attaqu�s ? Nos contradicteurs ne pouvaient les donner sans d�noncer
leurs liens avec les hommes du pouvoir ! Pour l�histoire, c�est Sidi
Sa�d, l�actuel et indigne SG de l�UGTA, qui avait �t� charg� d�informer
des �l�ments FFS de l�universit� que l�assaut �tait imminent. En tout
cas, je t�moigne que dans la nuit du 19 au 20 avril 1980, Hocine (Hend)
Sadi �tait sur nos positions. Il avait vot� pour la continuit� du
mouvement, contre ses propres camarades et avec �les pagsistes� qu�il
insulte aujourd�hui. (Son fr�re aura un comportement similaire quelque
temps plus tard � Berrouaghia, mais c�est une autre histoire). Nous
avions vot� ; une d�cision fut prise et tous nous nous y conformions.
C��tait comme �a et non par l�insulte que nous tranchions nos
divergences, messieurs ; ce qui sauvegardait notre union et l�avenir du
mouvement. Nous nous sommes s�par�s � trois heures quatre heures du
matin. Sous la brume �paisse, Aziz Tari et Idriss Lamari (j�en suis
convaincu pour Aziz, moins s�r pour G�rard), comme ils l�avaient fait
quasiment durant tout le mouvement, s��taient rendus dans la chambre du
b�timent G qui m��tait attribu�e en tant qu�enseignant. C�est l� que
nous nous concertions. Avec Djamel Zenati, nous formions un cercle
politique et notre entente �tait parfaite. Nous faisions partie d�un
groupe militant activiste de gauche (qui n��tait ni Pags ni extr�me
gauche) dans lequel il y avait �galement, � Alger, Mustapha Bacha, Ali
Brahimi, Salah Boukrif, Mokrane Gacem et d�autres camarades. C�est l�
que l�attaque des CNS (gendarmes ou je ne sais quoi) nous r�veilla, �
moiti� nus. La porte de ma chambre avait vol� en �clats ; la horde
meurtri�re se jetait sur nous et tapait avec une sauvagerie inou�e. Nous
�tions loin de nous attendre � cette attaque ! Reste une question en
partie soulev�e par Aziz Tari : comment se fait-il que Hocine et Sa�d
Sadi aient �chapp� � la r�pression qui s�est abattue sur nous le 20
avril 1980 ? �tant, l�un � Hasnaoua et l�autre � l�h�pital de
Tizi-Ouzou, il �tait techniquement impossible aux deux fr�res (� moins
d��tre prot�g�s par des forces occultes comme dirait Loun�s Matoub)
d��viter le sort commun. Qui a permis que Hocine Sadi se retrouve �
Paris, le soir du 20 avril ? Qui a fait en sorte que Sa�d Sadi ne soit
arr�t� que plusieurs jours apr�s ? A-t-il subi le m�me traitement que
les autres militants (notamment FFS) ? Pourquoi ? Car, entre-temps, des
militants du Front des forces socialiste, des militants du Parti de la
r�volution socialiste, des militants trotskystes d�Alger, mes camarades
Aziz Tari, Lamari Idris, Djamel Zenati, Ali Brahimi, Salah Boukrif,
Bacha Mustapha� ont subi, notamment, le supplice de la baignoire.
Devrais-je aller plus loin ? Non. Je ne doute de la probit� d�aucun des
compagnons du 20 Avril 1980. Je ne doute m�me pas de ceux qui ont failli
� un moment important, et ils se reconna�tront. Je sais qu�il �tait dur
de r�sister et que personne n�est parfait. Nous n��tions pas des
guerriers mais des intellectuels pacifiques. Plus ou moins du FFS, plus
ou moins pagsistes, plus ou moins berb�ristes. Tous, tout aussi perdus
(nous nous cherchions, politiquement) qu��perdument amoureux de
l�Alg�rie. La force du mouvement de 1980 en Kabylie lui �tait venue de
la justesse des revendications et de la pertinence de la d�marche. En
son c�ur ,il y avait l�alliance (y compris dans la confrontation), entre
segments diff�rents de la grande famille d�mocratique alg�rienne. En
nous dotant d�une proc�dure formalis�e pour trancher les divergences,
nous avions mis en �uvre nos compl�mentarit�s. Cela nous a permis d��tre
utiles � la Kabylie et � l�Alg�rie. En voulant contr�ler, seuls, cette
formidable promesse, en cherchant � la mettre au service d�ambitions
personnelles, d�aucuns vont par la suite la d�voyer. Le pouvoir
arabo-islamique qui r�gne sur l�Alg�rie est la cause premi�re des maux
du pays; il n�est cependant pas le seul responsable du chaos qui r�gne
actuellement en Kabylie. Mon souhait aujourd�hui est que les d�mocrates
et patriotes de l�Alg�rie, qu�ils soient arabophones ou berb�rophones,
s�unissent pour que, ensemble, nous �difions l�Alg�rie de demain, sans
le d�ni apparent ou d�guis� de notre berb�rit�. Je dis aux fr�res Sadi :
attention, vous n�en prenez pas le chemin. J�en profite pour dire �
l�intellectuel progressiste Ali El-Kenz, vous n�en prenez pas le chemin
�galement. L�issue pour l�Alg�rie n�est pas d��crire le tamazight en
graphie arabe, mais d��crire l�arabe alg�rien �galement en graphie
latine. Cordialement
R. H.
* Un des animateurs du mouvement d�Avril 1980.
P.S. : � ma connaissance, il n�y avait � l�universit� de Tizi-Ouzou, en
1980, aucun militant qui soit organiquement militant du PAGS. Hocine
Sadi le sait pour avoir �t� � un moment tr�s proche de Bacha Mustapha,
Salah Boukrif et Ali Brahimi. Moi-m�me, je ne rejoindrais ce Parti (dont
je reste fi�re !) qui n�existe plus depuis une quinzaine d�ann�es, qu��
partir de 1986.
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