Chronique du jour : KIOSQUE ARABE �tat de si�ge et femmes assi�g�es
Par Ahmed Halli
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Il y a une r�gle non �crite que tous nos th�ologiens, soucieux de
facilit�, appr�cient �norm�ment : pour �viter la faute, ou le p�ch�, il
faut en supprimer les causes. Pour ne pas troubler la s�r�nit�
spirituelle et surtout physiologique du m�le, ils ont �uvr� � �loigner,
sinon � camoufler, la cause principale de trouble : la femme. Comme
l'interdiction de la mixit� ne peut pas �tre permanente, � cause
pr�cis�ment des besoins physiologiques masculins, on a invent� toutes
sortes d'artifices. Ainsi sont n�s les hidjabs et autres ustensiles de
camouflage, destin�s � prot�ger l'homme des s�ductions f�minines. Tout
cela expliqu�, bien s�r, sous l'angle de la n�cessaire pr�servation de
la �pudeur f�minine�, condition essentielle au maintien de la paix
sociale. Comme ils ignoraient encore l'existence des ph�romones, les
p�res fondateurs du camouflage anti libido ont commenc� par la partie
visible de l'iceberg. Encore qu'il faille faire justice d'une telle
comparaison s'agissant de ce que l'homme ne voit pas, et dont la simple
�vocation suffit � enflammer les sens. Si Dieu avait voulu, il aurait
mis des Arabes l� o� il y a des icebergs, et s'il ne l'a pas fait, c'est
qu'il avait ses raisons. D�tentrice de l'omniscience et de la
prescience, la divine providence ne pouvait, toutefois, ignorer
qu'aucune forteresse ne pouvait �tre dress�e contre les beffrois �rig�s
par la concupiscence. Dire encore aujourd'hui que l'homme, c'est-�-dire
le m�le, ne peut pas convoiter ce qu'il ne voit pas est, en effet, une
insulte � son intelligence et une offense envers son Cr�ateur.
L'essentiel n'est-il pas de sauver les apparences et de donner l'image
de soci�t�s o� l'ordre et l'harmonie r�gnent, m�me si apr�s la derni�re
pri�re du jour, et � l'abri des regards� Pour �tre parfait et conforme
aux normes, de nos jours, il suffit d'�viter d'�tre vu et surtout d'�tre
film�. Les amateurs d'images croustillantes sont de plus en plus
exigeants et veulent voir des sc�nes qui correspondent le mieux � leurs
fantasmes. Il para�t que les images les plus courues actuellement sont
celles montrant des femmes se baignant dans un hammam. Filmer des gens �
leur insu, jusque dans leurs moments les plus intimes, est d'une telle
facilit� depuis que les t�l�phones portables sont munis de dispositifs
performants ! A en croire le magazine �lectronique Elaph, les hammams
d'Alg�rie seraient de plus en plus d�sert�s par les femmes. Ce qui
serait une r�volution dans un pays o� les p�nuries d'eau et les
logements exigus et non �quip�s ont fait du hammam un passage oblig�
vers la propret�, autant que pour les hommes que pour les femmes. Ces
derni�res pr�f�reraient renoncer � une tradition sociale, consid�r�e
comme imp�rissable, plut�t que de risquer de se voir montr�es �
demi-nues sur le r�seau internet. Les images sont prises, � l'insu des
baigneuses, gr�ce aux t�l�phones portables. Les victimes sont parfois
l'objet de divers chantages, assortis de la menace de publier les photos
compromettantes sur le Net. Depuis quelque temps, et la rumeur enflant,
les clientes des bains maures sont syst�matiquement fouill�es � l'entr�e
et sont pri�es de d�poser leurs portables. Cependant, il y a eu des cas,
note le journal, o� les hammams eux-m�mes sont �quip�s de cam�ras, comme
c'est le cas d'un �tablissement du centre-ville. Le journal cite le
t�moignage de plusieurs femmes qui ont renonc� au hammam, depuis qu'il y
a toutes ces informations et ces rumeurs sur l'existence de �cam�ras
cach�es�. Ces femmes ont renonc� d'elles-m�mes o� sur injonction de
leurs conjoints. Mais il y a mieux, ou pire, note encore Elaph : il y a
des hammams d'Alger o� hommes et femmes se baigneraient ensemble et en
m�me temps. Alors, � quand l'interdiction des hammams aux femmes, sous
pr�texte de dissuader le p�ch� ? Ceci, bien entendu, apr�s avoir
interdit d�finitivement la mixit� dans les piscines(1) et sur les
plages. Auparavant, et en application du programme du FIS ressorti des
tiroirs depuis 1999, on aura r�solu le probl�me de la mixit� dans les
transports publics(2). Il sera temps plus tard, beaucoup plus tard,
d'�tudier le cas de la mixit� dans le m�tro et le tramway. De ce
c�t�-l�, rien ne presse, mis � part la question de la promiscuit� homme
femme sur les restes de trottoirs laiss�s libres par les chantiers. Les
th�ologiens devront, toutes affaires cessantes, trouver une solution �
ces zones de haute tension que sont devenues les art�res d�volues aux
chantiers du m�tro et du tramway. Car, si � leurs yeux, l'homme ne peut
pas convoiter ce qu'il ne voit pas, il n'en est pas de m�me pour ce
qu'il touche. On pourrait, par exemple, instaurer un couvre-feu pour les
femmes, qui n'auraient pas �t� encore clo�tr�es, � certaines heures de
pointe. Je fais confiance � l'imagination de nos th�ologiens qui ont si
bien su r�duire l'Islam au voile et � l'enfermement de la femme. On
pourrait aussi s'inspirer de l'exemple du Hamas qui gouverne � Ghaza, et
qui a trouv� des solutions originales pour sa population f�minine. Le
Hamas sait mieux que tout le monde combien le tabac est nuisible pour la
sant�. Il vient donc d'interdire aux femmes de fr�quenter les caf�s qui
offrent des s�ances de narguil�, ou chicha. Les autorit�s ont commenc� �
fermer certains �tablissements ouverts � la gent f�minine, sous des
pr�textes divers. Mais, comme les Palestiniennes s'obstinaient � encore
user de cet instrument diabolique, la sentence est tomb�e : le narguil�
est �haram� pour les femmes(3). Et nul besoin de rappeler encore qu'il
reste toujours �halal� pour les hommes. Les propri�taires de caf�s
sp�cialis�s ont d'abord re�u instruction de ne pas servir de narguil�
aux mineurs de moins de 18 ans, sans distinction de sexe. Puis, des
injonctions plus pr�cises et concernant les femmes ont �t� donn�es par
des policiers. Le repr�sentant du minist�re de l'Int�rieur a expliqu�
cette d�cision par le souci de respecter les traditions et les m�urs de
la soci�t�. Encore un probl�me de pudeur, puisque les Palestiniennes
pourront encore fumer la chicha dans les h�tels et les restaurants, �
l'abri des regards, c'est-�-dire dans des endroits ferm�s. Ce qui
�quivaut � une interdiction totale puisque ce genre de pratique
n�cessite des lieux ouverts, tels que les terrasses de caf�s. Le message
est clair : ruinez-vous la sant�, mais � l'abri des regards ! C'est un
comble, et au moment o� tous les gouvernements du monde s'acheminent
vers l'interdiction du tabac dans les espaces publics clos. Voil� un
blocus dont on ne parle pas, celui impos� aux femmes de Ghaza par le
gouvernement du Hamas. Ceux qui veulent aider le Hamas, sous pr�texte de
secourir Ghaza, devraient aussi penser � ces Palestiniennes, assi�g�es
dans une ville en �tat de si�ge !
A. H.
1) On m'a r�cemment rapport� qu'une piscine d'Alger avait exig� d'une
m�re de famille une autorisation paternelle pour que son enfant soit
accept� dans le bassin. Une information � v�rifier, mais qui serait tout
� fait cr�dible dans le contexte actuel.
2) Je ne sais pas si vous l'avez remarqu�, mais de nombreux taxis
collectifs, et ils le sont tous, appliquent l'interdiction de la mixit�,
avec ou sans l'assentiment des client(e)s.
3) Il faut vraiment se pr�occuper d�s maintenant de la situation de nos
concitoyennes qui fument.
Elles se r�fugient encore dans certains caf�s ou salons de th� pour
fumer, mais que deviendront-elles le jour o� le tabac sera interdit dans
ces �tablissements ? Fumer une cigarette dans la rue ? Vous n'y pensez
pas ! A moins de la consid�rer comme la cigarette du condamn�.
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