Culture : PR�SENT�E PAR LA TROUPE FRAN�AISE PASSEURS DE M�MOIRES
Les folies coloniales � Alger


Une pi�ce fran�aise qui d�nonce le colonialisme, jou�e en premi�re � Alger, c�est un �v�nement historique. Cette pi�ce, c�est Les folies coloniales (Alg�rie, ann�es trente) programm�e pour la deuxi�me soir�e du Festival international du th��tre d�Alger.
�Je suis vraiment �mu. Au cours des r�p�titions en France, c��tait pour nous un r�ve de pouvoir pr�senter cette pi�ce en Alg�rie. Certains �v�nements �voqu�s dans la pi�ce se sont d�roul�s ici dans cette m�me salle. Ce n�est pas vraiment une pi�ce, mais des bout-�-bout sur le discours colonial. Tout ce que vous allez entendre est v�ridique, tout a �t� r�ellement dit et �crit�, a d�clar� le metteur en sc�ne Dominique Lurcel, quelques minutes avant le d�but de la repr�sentation, vendredi soir. L�objectif, poursuit Lurcel, c�est de parler du colonialisme fran�ais en Alg�rie et de le d�noncer, afin de �d�passer ensemble ce pass� qui ne passe pas� en France. Le nom de la compagnie artistique fran�aise est r�v�lateur : Passeurs de m�moires. Sa pi�ce sur les �folies coloniales�, nous replonge dans les �grandioses� festivit�s de l�ann�e 1930 c�l�brant le centenaire de la pr�sence fran�aise en Alg�rie. Le spectacle a un c�t� Folies Berg�res. Mais les (vraies) folies coloniales sont mises � nu. Dans une classe de l��cole fran�aise en Alg�rie, un instituteur explique � une �l�ve �la mission civilisatrice de la France en Alg�rie�. Les Alg�riens, surtout les Arabes, sont tous des �sauvages�. Sans crier gare, le mar�chal de Bourmont fit irruption sur sc�ne pour lancer un discours aux �autochtones� apr�s la conqu�te d�Alger en juillet 1830. Aujourd�hui, en entendant ce discours, on a une id�e sur les v�ritables intentions des envahisseurs. Le pire est � venir. Politiciens, militaires et �intellectuels� rivalisent de propos racistes et d�valorisants sur les habitants d�origine de l�Alg�rie. A la fin de chaque citation, les com�diens et com�diennes rappellent les noms de leurs auteurs et la date. Au risque de vous choquer, il y a parmi eux des �crivains, comme Guy de Maupassant ou Pierre Lotti. Le centenaire de la prise d�Alger est l�occasion de faire un bilan des �r�alisations� de la colonisation �dans tous les domaines�. Le pr�sident Gaston Doumergue arrive � Alger pour assister aux festivit�s. C�est la joie partout. Un autochtone (malgr� ses m�dailles fran�aises), qui ose r�ver d��galit�, a failli g�cher la f�te. Mais finalement, il provoque l�hilarit� g�n�rale et la f�te continue de plus belle. Un jour, un certain Ferhat Abbas tient un discours que personne n�attendait. Quelques ann�es plus tard, en 1955, Mouloud Feraoun dit, un peu, la m�me chose. �L��crivain Mouloud Feraoun a �t� assassin� par l�OAS en mars 1962, quatre jours avant le cessez- le- feu�, rappelle une com�dienne. Avant le spectacle, le metteur en sc�ne avait �galement d�clar� que l�objectif, � travers cette pi�ce, est de s�opposer � l�id�e que le colonialisme �tait un bienfait en Alg�rie. C�est la fin de la pi�ce. Le public applaudit. L�ovation dure une bonne dizaine de minutes. Une des com�diennes fran�aises pleure. Une autre, puis une troisi�me tout aussi �mues, ont du mal � cacher leurs larmes. Le metteur en sc�ne salue lui aussi la public. Ses lunettes n�arrivent pas � masquer son �motion. Merci � tous ces �Passeurs de m�moires�, pour cet �mouvante pi�ce et pour cette le�on d�histoire�
K. B.

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