Monde : N�GOCIATIONS DE MANHASSET SUR LE SAHARA OCCIDENTAL
Encore un round� pour rien ?


Sur fond de pol�mique sur les violations des droits de l�homme dans les territoires occup�s du Sahara occidental s�ouvre, le 8 novembre prochain � Manhasset dans l�Etat de New York, le cinqui�me round des n�gociations directes entre le Maroc et le Polisario. Une s�rie de n�gociations entam�e en 2007 et qui reste, faut-il le souligner, sans d�bouch� palpable en vue du r�glement du conflit qui dure depuis presque quatre d�cennies.
L�enjeu est crucial pour tous les Etats de la r�gion. Or, le palais alaouite multiplie les man�uvres et entretient la divergence comme s�il s�accommodait du statu quo. Et malgr� l�optimisme affich� par le gouvernement de la R�publique arabe sahraouie d�mocratique (RASD) surtout, il y a peu de chances pour que le Maroc renonce, sans heurts, � ses plans expansionnistes�

Lyas Hallas - Alger (Le Soir) - �Nous sommes dans une position confortable du moment que la l�gitimit� internationale est de notre c�t�, d�autant que nous ne posons aucune condition en dehors des exigences des Nations unies contenues dans les diff�rentes d�cisions de l�Assembl�e g�n�rale et des r�solutions du Conseil de s�curit�, a soutenu jeudi dernier sur les ondes de la Cha�ne II de la Radio nationale M. Mohamed Salem Ould Salek, ministre des Affaires �trang�res de la RASD et qui fut relay� par l�APS, � propos justement des n�gociations du 8 novembre prochain. Dans le m�me contexte, il mettra en avant la bonne foi des dirigeants du Polisario et le refus du Maroc de toute autre solution en dehors de sa proposition d�autonomie comme solution d�finitive. �Nous avons accept� la proposition d�int�grer le choix de l�autonomie sugg�r�e par le Maroc � c�t� des options de l�ind�pendance ou du rattachement pur et simple au Maroc. Mais le Maroc refuse toute autre solution en dehors de sa proposition d�autonomie comme solution d�finitive. Il s�agit d�une condition pr�alable qui est en opposition avec la R�solution du Conseil de s�curit�, laquelle �voque plut�t une solution politique juste et durable, sans conditions et qui garantit le droit du peuple sahraoui � l�autod�termination. C�est d�ailleurs sur cette base que nous avons accept� d�aller � ces n�gociations et nous n��prouvons aucune difficult� pour l�accepter car, et de prime abord, elle met sur la table tous les choix, dans le cadre du droit du peuple sahraoui � l�autod�termination�, expliquera-t-il avant d��mettre le v�u que le Maroc vienne cette fois-ci � Manhasset avec de �bonnes intentions� et �non pas avec des conditions pr�alables �. Rien n�est moins s�r� En effet, les premi�res tentatives de r�glement pacifique du conflit remontent au temps du roi Hassan II, d�c�d� en juillet 1999. Le Maroc �tait alors partant pour l�ex�cution du plan de r�glement �labor� en 1988 par l�Organisation de l�union africaine (OUA) et adopt� � sur proposition de P�rez de Cuellar � par le Conseil de s�curit� des Nations unies en 1990. Le plan pr�cise le concept du r�f�rendum d�autod�termination, propose aux �lecteurs sahraouis de choisir entre l�ind�pendance totale ou l�int�gration du Maroc, institue une commission d�identification des �lecteurs et �galement de la Mission des Nations unies pour l�organisation d�un r�f�rendum au Sahara occidental (Minurso), qui fut charg�e de surveiller le cessez-le-feu, et d�organiser un scrutin �libre� et ��quitable�.
De simples d�tails � une question de principe
Les difficult�s pour l�identification du corps �lectoral qui n�ont pas tard� � bloquer le processus de paix ont ainsi renvoy� aux calendes grecques la tenue du r�f�rendum. Hassan II ayant accept� officiellement en mai 1999, apr�s moult louvoiements, les protocoles d�identification des �lecteurs et aussi des proc�dures de recours, n�a pas surv�cu pour r�gler le conflit. Autant dire qu�un peu plus d�une ann�e apr�s sa mort, son fils balance, � la surprise du Polisario, des pays voisins et de toute la communaut� internationale, l�id�e d�une solution dans le cadre de la souverainet� marocaine. Ce n�est plus une question de d�tails mais plut�t de �principe �, suivant l�argument avanc� par le Maroc. Acc�dant fra�chement au tr�ne, le jeune Mohammed VI mettra sur la table un projet d�accord-cadre aussi saugrenu que malveillant. Et encore une fois, c�est l�impasse. Le projet d�accord-cadre, dont James Baker, alors envoy� sp�cial du SG de l�ONU pour le Sahara occidental, s�est charg� de transmettre le contenu aux parties impliqu�es dans le conflit, est rejet� et par le Polisario, qui a exprim� son attachement au plan de r�glement initial, et par l�Alg�rie. Il pr�voit l���lection d�un organe ex�cutif par les �lecteurs accept�s par l�ONU et d�un organe l�gislatif par l�ensemble des r�sidents du territoire� et l��organisation, ensuite, d�un r�f�rendum sur le statut du Sahara occidental apr�s cinq ann�es avec la participation de toutes les personnes qui y r�sident�. Il octroie, de m�me, des pouvoirs locaux aux Sahraouis (administration locale et imp�ts locaux, s�curit� interne, protection sociale, commerce, agriculture, p�che et industrie, eau et �lectricit�) et les pleins pouvoirs en mati�re de souverainet� au Maroc (politique �trang�re, s�curit� et d�fense et maintien des symboles de souverainet� marocains tels que le drapeau, la monnaie, les services de douane et les syst�mes postaux de t�l�communications).
Les pourparlers de Manhasset
Les r�solutions suivantes du Conseil de s�curit� ont r�affirm� le soutien de cet organe intergouvernemental au �Plan de paix pour l�autod�termination du peuple du Sahara occidental� et se sont content�es de demander aux parties et aux Etats de la r�gion de �coop�rer pleinement avec le secr�taire g�n�ral et son envoy� personnel pour trouver une solution � ce conflit.� Ceci, jusqu�en avril 2007, date de pr�sentation aux Nations unies du projet marocain pour l�autonomie du Sahara occidental. Le Conseil de s�curit� en prit note dans sa r�solution 1754 qui a donn� au conflit une dimension humaine et balis� le chemin pour les pourparlers de Manhasset. Le premier round a �t� tenu les 19 et 20 juin 2007 en pr�sence de l�Alg�rie et de la Mauritanie, observateurs officiels dans les n�gociations. Le deuxi�me, les 10 et 11 ao�t 2007. Le troisi�me, les 8 et 9 janvier 2008 et le quatri�me, les 18 et 19 mars de la m�me ann�e. Les r�solutions 1783, 1813, 1871 et 1920, adopt�es respectivement en 2007, 2008, 2009 et 2010, n�ont fait que renouveler le mandat de la Minurso. Bref, rien de palpable apr�s quatre rounds de n�gociations tenus � Manhasset. Le 5e round qui s�ouvrira lundi prochain risque �galement de ne d�boucher sur rien de concret. Il s�agit d�une question de survie pour la monarchie alaouite, et le Maroc ne c�dera certainement pas. Le roi Mohammed VI a tout int�r�t de maintenir les regards de son peuple et occuper son arm�e par un conflit aux fronti�res pour pr�server son tr�ne, menac� par les revendications d�mocratiques des forces politiques marocaines. Or, pour l�ensemble des Etats de la r�gion ayant plut�t affaire � un voisin aux �fronti�res mobiles�, c�est le risque de voir leurs �fronti�res h�rit�es de la colonisation� menac�es. Reconna�tre le droit du Maroc sur le Sahara occidental constituera, en effet, un pr�c�dent qui donnera alibi au roi de revendiquer d�autres territoires en Mauritanie comme en Alg�rie. Et m�me si l�Alg�rie a sign� un trait� sur les fronti�res avec le Maroc en 1972 avant m�me le d�clenchement des hostilit�s entre le Maroc et le Polisario, la menace est de mise du moment que le bornage des fronti�res n�est toujours pas op�r�. Le Maroc, d�fiant toute l�galit� internationale, exploite les ressources halieutiques sahraouies sur toute la mer territoriale et a m�me os� signer des contrats pour la prospection du p�trole au Sahara. Des contrats annul�s, il est vrai, par l�ONU, mais la man�uvre d�note bien de sa �bonne foi� pour une �ventuelle issue pacifique au conflit.
L. H.

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