Soci�t� : GRAFFITIS DANS LES CIT�S
Harraga en tag


Amour, politique, sport, r�ve d�exil, les murs de nos cit�s sont macul�s de graffitis. Sorte de gravures rupestres modernes. Peinturlur�es � la bombe a�rosol ou au marqueur, nos fa�ades en disent long sur les d�sirs refoul�s, les fantasmes, les r�ves cach�s et les frustrations de ces taggers de l�ombre. �On �crit sur les murs � l�encre de nos veines, on dessine tout ce que l�on voudrait dire, on �crit sur les murs la force de nos r�ves, nos espoirs en forme de graffitis�, chante Demis Roussos dans l�une de ses chansons de la fin des ann�es 1980.
Vive les Verts !
Les murs de la capitale n�ont jamais �t� autant bariol�s, peinturlur�s et badigeonn�s que l�ann�e derni�re, au cours de l��pop�e de l'�quipe nationale, lors des joutes africaine et mondiale. Un an apr�s, ces graffitis sont toujours l�. En dehors de l�embl�me national occupant parfois des pans entiers de fa�ades, les noms des stars du foot fusent de partout : Halliche, Zizou, Ziani, Bougherra, Matmour, Antar Yahia� La fi�vre et l�engouement pour le ballon rond ont g�n�r� un nombre impressionnant de tags. Soutien ind�fectible des Alg�riens au Onze national. Parfois, une coquille s�y glisse provoquant un petit sourire chez les passants. �Vive les verres�, affiche ce graffiti aper�u sur une muraille du c�t� de Climat-de-France. Les �one, two, three, viva l�Alg�rie � (parfois l�Alg�r�) nous rappellent combien l�Alg�rien est accro � ce sport roi, le football. Les noms des clubs sportifs made in chez nous c�toient ceux labellis�s � l��tranger : CRB, JSK, MCA, USMA, Bar�a, Bayern, Manchester United, Ac Milan, Real de Madrid�
L�Alg�rie pour toujours
Slogans patriotiques et partisans, noms de partis politiques s�affichent partout en gros caract�res. De l�ancien parti unique � ceux n�s apr�s les �v�nements d�Octobre 1988, � chacun son clan.
Harraga
On peut lire sur les murs d�Alger comme dans un livre ouvert. De nombreux tags attestent que la plupart des jeunes n�ont qu�une id�e en t�te : mettre les voiles vers d�autres cieux. En t�moignent tous ces mots au go�t d�exil : visa, harraga, el harba, London, Paris, Barcelone, Roma, Australie, Canada� Miroir aux alouettes ou v�ritable Eldorado, qui sait ? Une chose est s�re, ces messages traduisent le mal-�tre de nombreux jeunes qui r�vent d�une vie meilleure.
Ra� et rap
La musique et les graffitis ne font qu�un sur les murs, remparts et fa�ades de nos villes. Cheb Hasni, Kamel Messaoudi, Cheb Abdou, Dahm�ne El Harrachi, 50 Cent, Double Canon, Tupac, Nirvana, Bob Marley� les noms d�artistes disparus ou encore en vie, d�ici ou d�ailleurs, sont livr�s au regard des passants. Les genres musicaux ne font pas exception : ra�, rap, gnawi, cha�bi, techno, reggae ou flamenco affichent leur gamme.
T�te de mort
L�art graphique s�exprime d�une dr�le de fa�on avec une pr�dilection pour les t�tes de mort (squelette), la croix gamm�e (suivie parfois du nom d�Hitler), et m�me de l��toile de David !!! Insanit�s, grossi�ret�s, insultes, et dessins pornographiques croquent les fa�ades. Les vulgarit�s s��crivent m�me dans la langue de Shakespeare. C�est fou ce que certains montrent comme aptitude dans l�apprentissage des langues �trang�res ! P�le-m�le, en vrac, des tags en veux-tu, en voil� : mafia, Camora, h�ro�ne, Che Guevara, euro, dollar, Allah, houmate el r�djel. Sur certaines fa�ades de la capitale, on peut m�me lire des offres de services sauvages. Exemple : ta�reh (matelassier) ou plombier suivi d�un num�ro de t�l�phone.
Omri, reviens !

Plus encore que le foot, la politique, l�exil ou la musique, l�amour avec un grand A se taille la part du lion dans ce genre de gravures murales. En arabe ou en fran�ais, en majuscule ou en minuscule, les histoires de c�ur se racontent sur nos murs comme dans un roman. Floril�ge : c�urs transperc�s par la fl�che de Cupidon, leitmotive enflamm�s, messages d�sesp�r�s� � chacun sa story. �A�cha, je t�aime �, �Papicha, pourquoi tu m�as quitt� ?�, �Mohamed+Yasmine = Apt (Amour pour toujours)�, �N�habek ya dje�dek�, �Omri m�a nesbar a�lik�� Amusez-vous � lire ces tags, certains sont dr�lissimes !
Agh�selni
Last but not least, tous ces appels au civisme peinturlur�s au pied de la quasi-totalit� de nos immeubles : �Ne jetez pas vos ordures.� Certains de ces messages contiennent une coquille doubl�e d�une insulte : �D�fense de jeter les ordures ya h�ma�r !� Et vlan ! Quant aux voitures crasseuses n�ayant pas �t� lav�es depuis des lustres, il y aura toujours une �me charitable qui mettra son grain de sel en marquant sur le pare-brise : �Agh�selni !�
Moyen d�expression
Bombe a�rosol, craie, marqueur, peinture, tous les moyens sont bons pour donner libre cours � ses id�es. Les graffitis ne datent pas d�hier. Certains remontent � la Gr�ce antique. Le mot graffiti en fran�ais vient de l�italien graffito, d�riv� du latin graphium (�raflure), qui tire son �tymologie du grec graphein, signifiant � la fois �crire, dessiner ou peindre. Dessins, messages amoureux, religieux, politique ou social, finalement, les tags ne sont-ils pas une forme d�art urbain ?
SabrinaL
SabrinaL_Lesoir@yahoo.fr

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