Soci�t� : Mamy fait ses devoirs

Elles ont entre 35 et 80 ans, habitent les environs d�Alger et prennent le chemin de l��cole trois fois par semaine.
Sexag�naires et septuag�naires sont nombreuses � fr�quenter la biblioth�que municipale Mustapha-Ladjali, de La Casbah o� des cours de l�Office national d�alphab�tisation sont dispens�s. Du pain b�nit pour toutes ces femmes que l��cole a laiss�es sur le bas-c�t�, dans leurs jeunes ann�es. Au soir de leur vie, ces mamies savourent leur revanche. D�sormais, elles peuvent r�diger une lettre, lire un courrier et compter leur argent, sans l�aide de personne !
Soif d�apprendre
Elles ont une gniaque � filer des complexes aux jeunes coll�giens et une volont� qui laisse pantoises leurs enseignantes. �Je suis subjugu�e devant autant de volont�, nous r�v�le Mme Hassani, une des institutrices d�alphab�tisation. Elles ont brav� la m�t�o maussade pour venir en cours alors qu�elles auraient pu rester bien au chaud � la maison�, s��merveille-t-elle encore. Nous sommes au 8, rue Mustapha-Ladjali. Une venelle �troite et sombre de La Casbah. L�, se dresse la biblioth�que municipale. C�est une ancienne �dou�ra � avec patio, colonnes et arcades. La b�tisse a �t� r�habilit�e � la fin des ann�es 80. Les adh�rents viennent pour emprunter des romans. Mais pas seulement. Trois fois par semaine, des femmes bien d�cid�es � faire un pied de nez � l�ill�trisme s�y retrouvent. �Il n�y a pas d��ge pour �tudier�, mart�le Zohra (65 ans), une habitante de La Casbah. �J�ai bien fr�quent� l��cole dans mon enfance, mais c�est � peine si je sais lire quelques mots en fran�ais �. La sexag�naire est fi�re d�exhiber son cahier. Ecriture, dict�e, exercices de calcul, de v�ritables pages d��coli�re. Sur la marge des �bien�, �assez bien�, �tr�s bien� en rouge. Gr�ce � ces cours, qu�elle suit assid�ment depuis trois ans, Zohra se d�brouille comme une grande. �Je peux lire le journal, le Coran ou un roman�, s�enorgueillit- elle !� Wahiba (54 ans,) assise � l�autre bout de la table encha�ne : �Mes filles, toutes universitaires, m�aident � faire mes devoirs � la maison.� Quant � A�cha, une grandm�re de 67 ans, elle nous fait part de l��motion qu�elle a ressentie en r�digeant pour la premi�re fois une carte � l�occasion de l�anniversaire de sa petite-fille : �C�est un bonheur indescriptible.� De l�enthousiasme � revendre et une volont� de fer !
Et si je passais ma sixi�me ?
Mme Hassani, l�une des institutrices, nous parle du programme, �Les cours du niveau primaire sont essentiellement en arabe classique. Les nouvelles inscrites commencent par le premier palier. Au fur et � mesure, elles �voluent vers le troisi�me et dernier niveau. Une fois les rudiments de la lecture, l��criture et le calcul ma�tris�s, ces ��l�ves� peuvent, si elles le d�sirent, poursuivre leurs �tudes par correspondance, apr�s avoir pass� l�examen de sixi�me. Les plus jeunes aspirent � d�crocher un emploi, apr�s cette �formation�, ajoute-telle.
Jamais trop tard
Dans le groupe niveau 2, nous abordons une autre m�m�. Alerte malgr� ses 70 ans, Safia donne l�impression de vouloir croquer la vie � belles dents. �Vous savez, lance-t-elle, le sourire en coin, j�ai �lev� 10 m�mes. Durant mes jeunes ann�es, mon temps �tait absorb� par les couches, biberons, popote et autres corv�es. Une fois affranchie de tous ces tracas, j�ai d�cid� de rattraper le temps perdu. Au lieu de rester comme un vieux meuble � la maison, j�ai saut� le pas. Aujourd�hui, je sais d�chiffrer une facture, lire un panneau� El hamdoulilah. Mes enfants et mon mari n�en reviennent toujours pas !� Une belle le�on de courage et de t�m�rit�. Au lieu de rester entre quatre murs � peigner la girafe, ces femmes au cr�puscule de leur vie, ont pris le taureau par les cornes et relev� le d�fi d�apprendre � lire, �crire et � compter. �Si jeunesse savait, si vieillesse pouvait ?� Mais oui, mais oui, bien s�r qu�elle peut !
SabrinaL
SabrinaL_lesoir@yahoo.fr

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