LE SOIR NUM�RIQUE & SAT : LA DERNIERE
L'�IL EN COIN
Tunisie : entre tajine et m�choui


Par Mourad Nini
Jusqu�ici, la situation politique de notre voisine la Tunisie, on s�en moquait un peu� Ce qui importait, c��tait de pouvoir y aller sans visa. Ses h�tels confortables, ses tajines, son th� � la menthe, ses bo�tes de nuit enivrantes et son r�gime policier �s�curisant� nous offraient, � vol d�oiseau, la possibilit� de nous encanailler � moindres frais sans devoir trop se soucier de Ben Ali, de sa presse aux ordres, de sa t�l� embrigad�e ou de ses journalistes embastill�s.
Du moment que ce pays nous offrait du bon temps, on n�allait tout de m�me pas cracher sur la soupe, chercher midi � quatorze heures et se faire plus royalistes que le roi en parlant des libert�s dont �taient priv�s nos voisins. Mais, d�s que la douce torpeur de ce pays s�est �clips�e de nos esprits plus ou moins moqueurs, l�on s�est surpris � reconsid�rer la carte postale. �Des morts, des bless�s des �difices incendi�s, un pouvoir aux abois, un Ben Ali en fuite, �a n�est pas gratuit�, s�est alors dit le scotch� lambda� Aux JT de notre ENTV ch�rie, le �s�quen�age� des infos en disait long sur la trouille qu�ont d� avoir nos d�cideurs � l�heure des comparaisons des proportions �meuti�res. �Mieux vaut minimiser l�impact m�diatique de ces tensions, de ces manifestations, sait-on jamais��, ont d� se dire les r�d�chefs de nos JT. A quoi bon faire peur � nos �ventuels scotch�s encore occup�s � dig�rer �sereinement� les derni�res �meutes finalement bien sucr�es et bien huil�es par nos JT t�l�command�s� ? Mais curieux de nature (pour ne pas dire furieux), nos scotch�s auront enjamb� cette ENTV et ses �fronti�res� pour aller voir ailleurs, sans d�codeur ni tuteur. Les immol�s de T�bessa, Mosta etc. ce sera pour plus tard. A la Une, dans la quasi-totalit� des JT �trangers, la Tunisie n��tait plus le d�pliant touristique que l�on se farcissait sans trop de chichis, sans trop de questions sur la d�mocratie, etc. De Sidi Bouzid � Tunis, d'est en ouest, du sud au nord, le feu avait pris, la r�volte un temps sourde gueulait � tue-t�te mais leur TV7 (comme TV21, Hannibal ou Nessma) d�tournait les yeux, restait coinc�e entre l�avant et l�apr�s-Ben Ali. Et l�, que de frilosit�s, que de similitudes dans le traitement de l�info avec nos �pompiers� de l�ENTV. Des frilosit�s et des similitudes qui s�offusqueront des pillages et des saccages, qui salueront les forces de s�curit�, remercieront l�arm�e et se relayeront pour ne jamais prononcer le mot �r�volution�� Complaisamment, il y aura �a et l�, �une r�volution du jasmin�, comme si cette r�volution au nom de fleur (r�volution des �illets au Portugal en 1974) n�avait fait ni morts, ni bless�s, et bonjour la r�cup�ration !
La r�cup�ration
En pole position de cette r�cup�, la bien nomm�e Nessma TV. On ne lui connaissait ni JT, ni r�daction de l�info. Et d�un coup, d�un seul, la �cha�ne du grand Maghreb� se d�couvre des plateaux politiques, repeint son logo en noir et se place r�solument dans l�opposition au syst�me Ben Ali qui venait juste de fuir le pays en ce vendredi nullement saint puisque ceint par les margoulins du retournement de veste. Le boss de Nessma, Nabil Karoui (qui avait ses entr�es chez Ben Ali et sa belle-famille des Trabelsi) en plateau et en direct pour demander une minute de silence � la m�moire des victimes de la semaine sanglante, c�est du path�tique � deux sous qui n��meut que les fausses compassions. Par la suite, cette m�me cha�ne s�est transform�e en taxiphone populaire, o� la d�nonciation d�l�t�re se bousculait au portillon des virginit�s politiques � se refaire� Et cerise sur le g�teau, une exclue � l�heure des pronostics pour la composition du gouvernement d�union nationale (plut�t de sauvegarde nationale�), l'interview d�un Mestiri tout droit sorti du mus�e. L�ex de Bourguiba et de Ben Ali, r�unis en donneur de le�ons d�mocratiques (malgr� sa connexion avec la jeunesse d�internet et son �ge flirtant avec les 80 ans), �a sentait fort le parfum des nostalgies et la soif des tuteurs. Et en parlant de tuteurs, le tut�laire fran�ais n�est pas rest� en rade. Du JT de Delahousse, samedi 13 h � celui de Pujadas, lundi 20 h, la boucle aura �t� boucl�e, et la r�cup�ration m�diatique aura guid� ses miroirs menteurs. Chez Delahousse, un Serge Moatti et un Bertrand Delono� (maire de Paris) qui pleurent leur terre natale, c�est normal. Mais quand l��lu PS se laisse aller � consid�rer qu��il faut des �lections transparentes en Tunisie� en ajoutant : �Nous, les Tunisiens, on est susceptibles�, c�est carr�ment du n�importe quoi ! Lui, le Tunisien (�) en candidat gay � des �lections, ce ne sera plus la r�volution du jasmin, mais celle des roses sans �pines. La cage aux folles, quoi. Et chez Pujadas qui aura d�localis� son JT de 20 h de Paris � Tunis, le jour m�me o� tout le pays retenait son souffle (d�signation du nouveau gouvernement), c�est toute l�arri�re-boutique d�un soleil d�hiver qui aura �t� de sortie pour remettre � l�eau tous les vieux vaisseaux de la sainte barbe protectrice. D�cid�ment, en Tunisie comme au Maroc ou en Alg�rie, on est toujours au bas de quelqu�un, au Sud de l�id�al maghr�bin, vu bien s�r sous l�angle des dictatures�
Al Jazeera, la revanche
Toujours au Sud et presque sur la m�me latitude, il est un signal qui aura pris sa revanche sur cette Tunisie qui ne lui offrait ni bureau, ni correspondant. Ce signal n�est autre que celui d�Al Jazeera, la cha�ne arabe qui, forte de son influence, ne suscite jamais l�indiff�rence. Ses journalistes tunisiens (pas tr�s appr�ci�s par le clan des Ben Ali-Trabelsi, etc.) ont �t� mis � contribution et leurs contacts en Tunisie, France, Angleterre, ou ailleurs ont fait le bonheur des plateaux d�s le d�but des �v�nements, � la mi-d�cembre. Le�la Cha�b ou Mohamed Krich�ne, d�habitude confin�s aux JT p�riodiques, se sont retrouv�s propuls�s en pleine lumi�re pour y faire d�filer presque toute la diaspora tunisienne en exil. Islamistes, communistes, journalistes en rupture de ban s�en sont donn�s � c�ur joie, et il est ind�niable que leurs interventions ont pes� sur l�opinion publique tunisienne et le charivari qui s�en est suivi avec la mise au pilori du parti de Ben Ali (le pr�sident par int�rim et le Premier ministre l�ont finalement quitt�), le retrait de ministres � peine install�s et l�affaiblissement d�un ordre r�publicain mal parti avec l�arriv�e d�un Marzouki en messie� Le couvert rouill� des despotismes dans la r�gion en a aussi pris pour son grade et un �leader populaire� du nom de Kadhafi doit avoir perdu son sommeil ces temps derniers� Tant mieux ! L�Occident tut�laire, libertaire et consum�riste � l�exc�s (m�choui et tajine r�unis) doit lui aussi revoir sa copie�
Ce soir (ou jamais�)
Reste l�espoir et il aura perl� paradoxalement, un soir, sur F3 et le Ce soir (ou jamais), de Fred�ric Tadde�. En croisant les points de vue sur ce qui peut contaminer l�Alg�rie, le Maroc, l�Egypte et leurs m�dias, cette �mission nous en aura mis plein la vue. Avec un Lahouari Addi remettant les pendules � l�heure � une ni�ce de Bourguiba et � un obscur Franco-alg�rien, c�est le clonage d�un Addi qu�on esp�re sur tous les plateaux. Un clonage qui multiplierait � l�infini l�id�e que ce Maghreb entre deux chaises peut larguer les amarres et repartir du bon pied avec d�autres �tincelles reprises conjointement par Facebook, Twitter, Myspace, etc. des t�l�s enfin lib�r�es de tout archa�sme, de tout za�misme� Quant � ceux qui veulent encore s�encanailler � moindre frais, pr�server leurs r�sidences secondaires cossues et fermer les yeux sur un monde encore en noir et blanc (malgr� la couleur et ses nuances chatoyantes) qu�ils se rassurent : entre mascarades �lectorales, embrouillamini politique et t�l� aux ordres, la fin du m�choui, du tajine, etc. n�est pas au programme de Charm el-Cheikh.
M. N.

S�LECTION TV HEBDOMADAIRE
C�URS
Quand Alain Resnais croise les destins de six �c�urs en hiver�
ARTE, jeudi 20 janvier 2011 � 20h40
(France, Italie, 2006, 118mn).
R�alisateur: Alain Resnais.
Acteurs : Andr� Dussollier, Isabelle Carr�, Lambert Wilson, Laura Morante,
Pierre Arditi, Sabine Az�ma.

Alain Resnais croise les destins de six �c�urs en hiver� dans une com�die grave et magnifique. Thierry, agent immobilier, se donne beaucoup de mal pour trouver un appartement � Nicole et Dan, un couple de clients difficiles. A l'agence, Charlotte, sa collaboratrice, lui pr�te la cassette d'une �mission de t�l�vision qu'elle adore, Ces chansons qui ont chang� ma vie. La s�ur cadette de Thierry, Ga�lle, recherche secr�tement l'amour, allant jusqu'� recourir aux petites annonces. Dan, militaire de carri�re r�cemment expuls� de l'arm�e, passe ses journ�es dans le bar d'un nouvel h�tel du 13e arrondissement, o� il confie ses m�saventures sentimentales avec Nicole � Lionel, le barman. Ce dernier fait appel � une assistante � domicile pour s'occuper de son p�re, Arthur, un vieil homme malade et col�rique. Charlotte se pr�sente...

Fantaisie
Deuxi�me adaptation par Alain Resnais d'une pi�ce d'Alan Ayckbourn (apr�s Smoking-no smoking), C�urs est un petit bijou prim� � Venise et salu� par la critique : �Le Resnais le plus �mouvant depuis vingt ans.� (Les cahiers du cin�ma) ; �Un mariage de fantaisie et de gravit�, de sens et, parfois, d'apparent non-sens.� (T�l�rama) ; �Beau et �mouvant comme une �treinte.� (Les Inrockuptibles).

PR�TE-MOI TA MAIN
TF1, 23/01/2011 � 20h45
Genre : film - com�die sentimentale.
Origine : France.
Ann�e de r�alisation : 2006.
R�alisation : Eric Lartigau.
Distribution : Alain Chabat (Luis), Christiane Millet (Fran�oise Messier-Lalande),
A�ssa Ma�ga (Kirsten Hansen), Tatiana Gousseff (Francine Lebrun), Alix De
Konopka (Sandrine Bourrague),
Eric Debrosse (Fran�ois, beaufr�re).

La vie est facile pour Luis, 43 ans, c�libataire heureux, �panoui dans son m�tier, aim�, choy�, couv� par sa m�re et ses cinq s�urs. Cela aurait pu durer toute une vie, mais... lass�es de le materner, celles-ci d�cident qu'il est temps pour lui de se marier. Le plus vite possible. Cern� par sa famille qui ne pense plus qu'� �a, il �labore un plan : trouver la femme parfaite qui va se faire passer pour sa fianc�e et qui va l�chement l'abandonner le jour du mariage. Apr�s �a, plus personne n'osera m�me prononcer le mot mariage devant lui. Mais comment trouver cette perle rare ? Luis ne voit qu'une solution : la louer !... Un beau succ�s en salle pour cette sympathique com�die, emmen�e par Alain Chabat et Charlotte Gainsbourg.

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