Actualit�s : INTERVIEW� SUR EUROPE 1
Medelci p�niblement


De notre bureau de Paris, Khadidja Baba-Ahmed
C�est � croire que face � la d�termination de la Coordination nationale pour le changement et la d�mocratie (CNDC) de poursuivre le mouvement, le pouvoir alg�rien a d�cid� de �communiquer�. Et c�est la premi�re fois qu�il le fait.
Hier, sur la station fran�aise Europe 1, c�est Mourad Medelci qui s�est coll� � une interview de Jean-Pierre El Kabbach. Durant pr�s de 10 minutes, le ministre des Affaires �trang�res a tent� de convaincre de l�aspect �minoritaire� des mouvements que conna�t l�Alg�rie et de �la retenue exceptionnelle des services de s�curit� lors des �meutes�. Ce sont les deux messages essentiels qu�a manifestement voulu faire passer Medelci qui intervenait au lendemain de l�interpellation par les �tats- Unis sur les m�thodes polici�res employ�es samedi dernier. Sur les aspects �conomiques et la r�partition de la rente p�troli�re, comme sur la corruption au plus haut niveau du pouvoir, l�on a eu � �couter des explications pour le moins confuses qui ont amen� notre ministre � murmurer que �ceux qui ont des preuves, les apportent pour �tre examin�es dans un cadre l�gal, mis en place�.
Mourad Medelci a d� reconna�tre d�entr�e de jeu que les bouleversements qu�ont connus la Tunisie et l��gypte ne pouvaient pas �tre sans influence sur l�Alg�rie. �Je crois qu�il ne peut pas ne pas y avoir d�influence sur l�Alg�rie ou sur les autres pays, y compris ceux qui ne sont pas dans la sous-r�gion. C�est incontestablement la d�monstration d�un soul�vement populaire de ces deux peuples.� Jusque-l�, il ne pouvait nier l��vidence mais poursuivant sur ces soul�vements, il temp�re imm�diatement : �Ce n�est pas sans nous rappeler ce que nous avons nous-m�mes v�cu en 1988.� Autrement dit, pour notre ministre, la r�volution du peuple alg�rien s�est d�j� faite, passez, il n�y a rien � voir. Les peuples tunisien et �gyptien avaient-ils raison de se soulever, ont-ils bien fait ? lui demande le journaliste qui re�oit cette r�ponse : �Il est difficile de parler � la place des peuples. Les peuples sont respectables. Ils sont eux-m�mes responsables de leur destin.� Une r�ponse toute diplomatique, sauf qu�il ajoute : �L�Alg�rie a toujours respect� les autres surtout lorsqu�il s�agit d�un mouvement populaire d�une si grande intensit�.� Il n�est pas s�r que notre ministre des AE aurait compl�t� ainsi sa r�ponse si les anciens dirigeants des deux pays �taient encore en place. Le plat de r�sistance de l�interview est venu naturellement avec cette question : �Aujourd�hui, l�Alg�rie conna�t un parfum de r�volte : une nouvelle marche sera organis�e samedi prochain � Alger, avec le slogan ��Changeons de syst�me, d�gagez��. Qu�est-ce que cela vous fait comme impression ? Comment allez-vous r�agir ?� M�pris et autisme d�une �gale intensit� ponctueront cette r�ponse textuelle : �Je crois que le terme que vous avez utilis� de relent (El Kabbach n�a pas du tout utilis� ce terme) est tr�s adapt�. Nous ne pouvons ne pas encaisser en termes de contrecoup. Cela r�veille un certain nombre de voix, minoritaires de mani�re extr�mement claire pour tous, et qui se donnent un peu de force. Les marches qui ont �t� organis�es il y a 15 jours et celle d�hier (samedi, ndlr) ont bien d�montr� que ces mouvements sont minoritaires. � Et lorsque le journaliste justifie �mais de samedi en samedi, les opposants esp�rent porter des coups contre le r�gime, le v�tre�, Medelci, sans aucune g�ne, convoque d�une mani�re �difiante les �lections �D��lection en �lection, ces minorit�s n�ont pas am�lior� leur score et je suppose que de marche en marche, elles ne feront pas mieux.� Il est dommage que le journaliste ne l�ait pas interpell� sur la fiabilit� de ces �lections, mais El Kabbach enclenchera sur les arrestations par la police qui a fait �chouer la manifestation de samedi et arr�t� de nombreux contestataires. Est-ce qu�ils sortiront tous de prison ? demande le journaliste. Et l�, le ministre affirme d�abord que tous ceux qui ont �t� interpell�s, pour quelques heures, ont �t� rel�ch�s, c�est le ministre de l�Int�rieur qui le lui aurait affirm� et qu�ensuite, �de toute fa�on, les interpellations ont �t� chaque fois faites � la suite de provocations �. Et � ce moment-l�, le discours de Medelci s�adresse essentiellement � l��tranger, �tats-Unis comme � l�UE, comme � toutes les ONG qui s��l�vent actuellement contre les traitements policiers des manifestants : �Je voudrais avec vous souligner pour vous et pour la communaut� internationale, le sens exceptionnel de la retenue de nos services qui ont re�u des coups et qui ne les ont pas rendus.� El Kabbach saisit au vol cette r�ponse pour l�interrompre : �Mais c�est tr�s int�ressant, parce que l�administration am�ricaine Obama-Klinton vous a demand� hier plus de retenue de la part de vos forces de s�curit�.� Ce � quoi il lui a �t� r�pondu l�inimaginable : �C�est une d�claration que je consid�re plus comme une d�claration prudentielle que comme un constat.� En fait, les �tats- Unis auraient dit � notre pays : attention n�utilisez pas la force. Quant � savoir si l�Alg�rie ne craint pas un mouvement d�islamisme qui se joindrait � d�autres forces d�opposition, il ne faut rien exclure, r�pond le ministre. �Il faut �tre vigilant. Le gouvernement, sous la conduite du pr�sident Bouteflika, a ramen� la paix mais il n�a jamais baiss� la garde contre le terrorisme.� Et justement, enclenche le journaliste, �puisque vous citez Bouteflika, est-ce qu�il changera la mani�re de gouverner et m�me le gouvernement ?� La langue de bois est appel�e au secours par Medelci qui d�clare que �la mani�re de gouverner proc�de d�un processus constant d�am�lioration, nous en avons conscience et nous le souhaitons tous�. Ainsi, tous au gouvernement attendent d�am�liorer les choses. Quant au changement de gouvernement, pas touche, un seul le d�cide ! �Le changement de gouvernement appartient au seul pr�sident de la R�publique.� Il le fera, compl�tera- t-il, �lorsqu�il le jugera n�cessaire�. Comme cette interview a pour cible tous les pays et organisations internationales, il rappelle que le 3 f�vrier dernier le Conseil des ministres a pris de �nombreuses mesures dans le sillage des efforts de ces derni�res ann�es pour acc�l�rer le processus d�am�lioration�. Et lorsque le journaliste lui demande un exemple de ces mesures, il cite, bien s�r, la lev�e de l��tat d�urgence �qui permettra le retour de l�Etat de droit� (enfin on reconna�t qu�il n�y en a pas un encore), mais pr�cise-t-il, et ce n�est pas inint�ressant � relever la d�finition qu�il en donne : �Un retour � l�Etat de droit qui permet, de mani�re totale, l�expression des opinions, mais toujours par r�f�rence � la loi�� Sur la redistribution des richesses qui, lui dit El Kabbach, a fait, selon le slogan, une �Alg�rie riche et des Alg�riens pauvres�, notre ministre s�engouffre dans des explications sur les �indicateurs reconnus universellement et notamment celui relatif aux transferts sociaux et ce que le budget de l�Etat alloue aux Alg�riens sans contrepartie �. Vite relanc� par le journaliste qui lui demande quelle est sa r�ponse � �ceux qui disent que la rente p�troli�re profite � une poign�e d�amis du pouvoir et surtout � des g�n�raux�, le ministre a eu cette r�ponse pour le moins exp�ditive : �Ceux qui consid�rent que cela est juste n�ont qu�� apporter des preuves et les preuves peuvent �tre examin�es dans le cadre du processus que nous avons mis en place au niveau l�gal pour lutter contre la corruption. Personne jusqu�� pr�sent n�a eu le courage d�apporter la preuve.� Et pour terminer, il fait cet appel aux journalistes : �Il faut venir, il faut inciter davantage de journalistes � venir en Alg�rie.� Et le must final est venu d�El Kabbach : justement, vous allez d�livrer des visas � des journalistes d�Europe 1, ils seront pr�sents tr�s vite.
K. B.-A.

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