Monde : Union pour la M�diterran�e : Sarkozy orphelin de Moubarak

Par Fay�al Megherbi*
L�Union pour la M�diterran�e (UPM), un projet cher aux deux pr�sidents �gyptien et fran�ais, Hosni Moubarak et Nicolas Sarkozy, cr��e le 13 juillet 2008 dans le cadre de la pr�sidence fran�aise de l�Union europ�enne.
Apr�s le d�part de Moubarak, quel sera l�avenir de ce projet ? Quand l�id�e a �t� lanc�e par le pr�sident Sarkozy, un d�bat a �t� install� naturellement sur l�omission de toute r�f�rence � la d�mocratie et aux droits de l�homme dans la d�claration de la mise en place de l�initiative. Cette derni�re a marqu� une r�gression par rapport aux objectifs du Processus de Barcelone. L�Union pour la M�diterran�e coule dans la structure du �Processus de Barcelone �, un pacte liant l'Europe aux pays riverains de la M�diterran�e mis sur pied en 1995 � l'initiative de Jacques Chirac. L�UPM devait prendre son essor sur six projets mobilisateurs : la d�pollution de la M�diterran�e, les autoroutes maritimes et terrestres, la Protection civile pour r�pondre aux catastrophes naturelles, une universit� euro-m�diterran�enne, l'�nergie solaire et une �initiative m�diterran�enne de d�veloppement des affaires�. Son organisation est fond�e sur une copr�sidence entre un dirigeant de la rive Nord, d�sign� selon les m�canismes de repr�sentation en vigueur au sein de l'UE, et un dirigeant de la rive Sud, d�sign� par consensus dans les Etats concern�s. L'�gypte �tait l�acteur qui repr�sentait la rive Sud, puisque aux yeux des Occidentaux, elle conserve le r�le majeur qu'elle a toujours exerc� sur la sc�ne r�gionale au service de la stabilit� du Proche et du Moyen-Orient. La gouvernance des pays du Sud avait dress� de multiples obstacles au succ�s de ce projet. Du Maroc � la Turquie, ce ne sont pas moins de cinq conflits arm�s ou querelles frontali�res qui emp�chent toute coop�ration. Toutefois, la principale pr�occupation des dirigeants des pays du Sud qui �taient favorables � ce projet (�gypte de Moubarak, Maroc de Mohammed VI, la Tunisie de Ben Ali) n�est pas d�int�grer un club de d�mocraties m�diterran�ennes, mais de sanctuariser leurs r�gimes et de maintenir leurs clans au pouvoir. Tout projet de modernisation mena�ait leur souverainet�, leur p�rennit� politique. Donner la libert� � leur peuple, instaurer un Etat de droit ou offrir � leur jeunesse une v�ritable perspective, cela n��tait pas � l�ordre du jour. Cette institution aurait finalement pu sauver les pr�sidents tunisien et �gyptien si ces protagonistes �de l��poque� avaient commenc� � s'int�resser aux int�r�ts de leur peuple et avaient int�gr� plus de libert� et d�ouverture en faveur de leur soci�t� civile. Chose qui n�a pas �t� faite, Moubarak voulait l�guer son tr�ne � son fils Gamal et Ben Ali croyait qu�il �tait �ternel. L'Union pour la M�diterran�e devient, du coup, un �chec cuisant des gouvernants des pays du Sud avec la complicit� des pays du Nord.
F. M.
* Docteur en droit et enseignant � l�Universit� du Panth�on-Assas Paris II.

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