Soci�t� : PROTECTION DES ESPACES VERTS
Une loi aux oubliettes


A peine adopt�e qu�elle est d�j� oubli�e. C�est ce qu�on peut retenir de la loi n�07-06, relative � la gestion, la protection et le d�veloppement des espaces verts. Promulgu�e en grande pompe, elle est loin d�avoir eu les impacts escompt�s. Trois ans apr�s sa promulgation, un petit tour d�horizon s�impose.
Meriem Ouyahia - Alger (Le Soir) -Les sp�cialistes en am�nagement du territoire ainsi que les techniciens en urbanisme du monde entier ont convenu d�une norme de 10 m�tres carr�s d�espace vert par habitant. En Alg�rie, ce chiffre est ramen� au dixi�me de cette norme, c�est-�-dire 1m2. La loi n� 07-06 du 13 mai 2007, relative � la gestion, � la protection et le d�veloppement des espaces verts devait rem�dier graduellement � cette situation. D�autant plus que les estimations font ressortir que, d�ici 2025, nous serons 14 millions d�habitants dans les villes. Cette loi de 42 articles a pos� un cadre l�gislatif pour sensibiliser et le citoyen et les pouvoirs publics sur la n�cessit� de pr�server les espaces verts. Elle �num�re les obligations de leur classement ainsi que les autorit�s de gestion et indique les formes de pr�servation. Elle prend �galement en charge la gestion et le d�veloppement des espaces verts en Alg�rie et institue des normes et des coefficients d�espaces verts par ville, par ensemble urbain et par habitation particuli�re. Ainsi, cette loi a pour objectif, notamment, d�am�liorer le cadre de vie urbain, d�entretenir et d�am�liorer la qualit� des espaces verts urbains existants, de promouvoir la cr�ation d�autres espaces verts de toute nature, de promouvoir l�extension des espaces verts par rapport aux espaces b�tis et imposer l�id�e d�espaces verts dans tout projet de construction, comme une obligation prise en charge par les �tudes urbanistiques et architecturales publiques ou priv�es. Ceci en th�orie. Cependant, dans la pratique, le regard est confront� � la �b�tonnisation� continue des espaces verts, leur abandon, leur absence dans les plans d�urbanisation ou leur squat.
Des espaces abandonn�s
Dans le pays, il est ais� de constater l�abandon de ces espaces verts, v�ritables poumons de la cit�. Plusieurs articles de correspondants locaux y font cas. Dans la capitale, les exemples aussi ne manquent pas. Des for�ts d�Alger-est sont toujours d�laiss�es, des squatters y ayant pris pied. Des jardins � Rouiba et A�n-Taya sont ferm�s en raison de leur d�gradation. �Dans certains cas, je pr�f�re que les espaces verts soient carr�ment ferm�s. Ils sont transform�s en lieux de d�bauches�, confie une maman, qui, de son aveu, cherche de temps � autre une aire de repos pour elle et pour ses enfants. �Je suis rest�e � la maison pour m�occuper des enfants. Mais, il y a des jours o� j�ai envie de sortir et d�aller quelque part. Mais c�est chose impossible�. �Notre cit� � Rouiba �tait un joyau. En plus des espaces verts, il y avait des balan�oires, un tobogan et un bac � sable. Aujourd�hui, faute d�entretien, tout est � l�abandon�, s�insurge Halima, m�re de quatre enfants. Les espaces verts am�nag�s dans les cit�s sont, soit abandonn�s, soit tout simplement squatt�s par les riverains. Et que reste-t-il des anciens jardins et squares d�Alger : Sofia, Grande-Poste, Marengo (Rampe Vall�e), Parc des Pins (El-Biar) et Port-Sa�d. Rien de tr�s glorieux, si ce n�est la d�solation et l�ins�curit� chronique.
Squat des espaces communs
A d�faut d�installer un petit commerce dans un espace cens� �tre vert, des citoyens y b�tissent carr�ment une cloison ou une entr�e secondaire. Dans des cit�s nouvellement construites o� certaines normes urbanistiques sont respect�es, le manque de civisme des habitants les aura vite gomm�es. C�est le cas � Baba- Hassen o� un locataire s�est permis d�accaparer tout un espace vert pour construire une entr�e secondaire. �Personne ne peut parler. Si un autre locataire d�nonce cet �tat de fait, il sera accus� de jalousie et sera mal vu�, dit Sma�l, en haussant les �paules. �C�est devenu du chacun pour soi�. Un exemple parmi tant d�autres qui renseigne mieux sur le laxisme des citoyens eux-m�mes. Alors que la loi est claire, l�article 14 de ladite loi disposant : �Tout changement d�affectation d�un espace vert class� ou tout mode d�occupation d�une partie de l�espace vert concern� sont interdits.� Selon le cadre l�gislatif mis en place : �Sont habilit�s � rechercher et � constater les infractions aux dispositions de la pr�sente loi les officiers et agents de police judiciaire ainsi que les fonctionnaires d�ment mandat�s, agissant en vertu des pouvoirs qui leur sont conf�r�s par les lois et r�glements en vigueur�, peut-on lire dans l�article 34. Ainsi, ce locataire ind�licat aurait d� risquer gros. De m�me, l�article 35 stipule : �Toute infraction aux dispositions de l�article 14 de la pr�sente loi est punie d�un emprisonnement de six (6) mois � un (1) an et d�une amende de cinquante mille dinars (50 000 DA) � cent mille dinars (100 000 DA) en plus de la remise en l��tat des lieux. En cas de r�cidive, la peine est port�e au double.� Pis, selon l�article 40 : �Est punie d�un emprisonnement de six (6) � dix-huit (18) mois et d�une amende de cinq cent mille dinars (500 000 DA) � un million de dinars (1 000 000 DA) toute personne qui d�truit volontairement tout ou partie d�un espace vert avec intention de s�emparer des lieux pour les affecter � une quelconque autre activit�. En cas de r�cidive, la peine est port�e au double.� Pour l�heure, l�attente vient du programme d�investissements publics en faveur des espaces verts en zones urbaines �labor� pour l�horizon 2014. Les principaux axes de ce dernier reposent sur un d�veloppement cons�quent des espaces verts au niveau des grandes m�tropoles. Il implique, entre autres, des op�rations de r�habilitation des espaces existants, � l�instar du projet de r�habilitation du jardin Landon de Biskra, la r�alisation de jardins citadins (Oran, Annaba et Constantine), la cr�ation de parcs urbains dans les chefs-lieux de 14 wilayas et le d�veloppement de jardins botaniques et oasiens (Laghouat, Djelfa et Illizi). Une question reste en suspens cependant : la conscience citoyenne aura-t-elle un sursaut et restera-t-elle assez longtemps �veill�e pour prot�ger les quelques espaces verts qui germent ici et l� ?
M. O.

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