Société : TRAVAIL ARTISANAL À ALGER
Des chaussons comme au bon vieux temps


Si vous êtes de passage par la rue Hamiani (ex-Charas), vous ne pourrez le manquer. Cheveux grisonnants, cet artisan tricote chausson et chahia, à même le trottoir, où sa marchandise se vend comme des petits pains.
A 67 ans, ammi Mohamed totalise 57 ans de métier au compteur. Une maille à droite, une maille à gauche, ses doigts manient le crochet avec dextérité. Jeu de couleurs, motifs variés... ses chaussures et ses chachias (‘araqia) s’arrachent par les chalands. «J’écoule jusqu’à 20 chaussons par jour, nous révèle-t-il. Ce savoir-faire m’a été transmis par mon défunt grand-père. Dans les années 1940 et 1950, il tenait un étal rue de Chartre. Sa marchandise s’emportait même en Tunisie et au Maroc. Pour ma part, j’ai commencé à tricoter mes premiers chaussons à l’âge de 10 ans.» Ammi Mohamed achète la laine en gros. «Je paye 450 DA les 60 kg. En 1958, je tenais mon commerce dans une cage d’escalier, rue Didouche- Mourad. Ce métier m’a permis d’élever 11 enfants à qui j’ai transmis l’amour du crochet», assure-t- il.
Chaussons douillets pour nos petons
Ce sexagénaire travaille 7 mois sur 12, de septembre à mars. «Dès le retour des beaux jours, je plie bagage car les clients se font plutôt rares. Mais si l’hiver joue les prolongations avec des températures frisquettes, je continue mon crochet.» Vendus entre 200 DA (adultes) et 100 DA (enfants), les chaussons douillets de ammi Bouras traversent les continents. «Même les émigrés de France, du Canada et d’autres pays polaires savent où me trouver lorsqu’ils sont de passage à Alger. Ils en achètent aussi pour les offrir à leurs amis. C’est dire que le travail artisanal est toujours aussi apprécié», conclut-il.
SabrinaL



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