
Actualités : ALI FAWZI REBAÏNE À BOUMERDÈS : «La tempête est à nos portes»
Ali Fawzi Rebaïne, chef du parti Ahd 54, n’a pas dérogé à la règle. Il a longuement fustigé le régime au pouvoir. «La tempête est à nos portes», avertit-il en allusion à ce qui s’est passé en Tunisie et en Égypte et à ce qui se passe présentement en Syrie, au Yémen et surtout en Libye.
Le patron de Ahd 54, qui a présidé une rencontre des militants de cette formation politique à la salle Sennani de Boumerdès, a déclaré : «Nos problèmes sont les mêmes et nos dirigeants respectifs semblables.» Pour lui, le régime doit accepter le changement pacifique «dans le cas contraire, ce changement sera imposé par la rue», dira-t-il. Rebaïne n’est pas partisan du changement complet du système, mais d’une mutation de celui-ci vers une autre forme de pouvoir, à partir des institutions existantes. Il préconise, à cet effet, comme première action politique l’élection présidentielle anticipée sans Bouteflika puisque, selon l’orateur, l’actuel occupant du palais d’El-Mouradia ne sera pas admis à cette compétition. En matière de contrôle des futures élections en Algérie, le contrôle des scrutins par des institutions internationales, comme l’ONU et l’Union européenne compte un nouvel adepte. Notre interlocuteur ne cache pas qu’il a fait une mauvaise expérience, en 2009 en tant que candidat à la présidentielle avec l’Union africaine et la Ligue arabe, dont les représentants étaient venus en Algérie pour faire plutôt du tourisme au lieu de contrôler les élections. C’est, selon M. Rebaïne, un gouvernement de transition de mener à bien ces élections. Dans le même sillage, il a demandé la création d’un Conseil supérieur de l’audiovisuel constitué de professionnels qui distribueront équitablement le temps de parole à chacun des candidats. Pour l’orateur, l’actuelle loi électorale instaure deux collèges. «Comme au temps du colonialisme. C’est scandaleux !» En évoquant la révision de la Constitution, M. Rebaïne se contente d’évoquer l’aspect du pouvoir dans son exercice politique. Pour lui, il y a lieu de définir les relations entre les institutions comme le Sénat, l’APN, et la présidence de la République, le Premier ministre et les ministres. Il cite le cas de l’élaboration de la loi des finances tout en s’interrogeant sur qui a la priorité dans sa conception. Il dénonce, par ailleurs, le monopole imposé par la présidence sur l’exercice aussi bien du pouvoir exécutif que législatif par le président de la République. Il passe, cependant, sous silence les aspects politiques ou idéologiques de l’actuelle Constitution, ni ne relèvera la nature du régime qu’il souhaite voir s’installer en Algérie. Réagissant à la dernière sortie de Ahmed Ouyahia qui nie l’existence d’une crise politique en Algérie, M. Rebaïne assénera «Moubarek et Ben Ali disaient aussi qu’il n’y avait pas de crise dans leurs pays. Finalement, ils ont été balayés par leurs peuples.» Contrairement à ce que dit le Premier ministre, le président de Ahd 54 pense qu’il n’y a pas eu de véritables changements en 1989. «Nous sommes toujours en face du même pouvoir et du même système du parti unique d’avant cette date.» L’invité de Boumerdès rappellera longuement l’incompétence des dirigeants dont la seule réussite, selon lui, est d’avoir créé des milliardaires douteux et gardé pour eux les richesses du pays. Il se dit consterné par la position de l’Algérie par rapport aux événements qui se déroulent en Libye «Nous devions être les premiers à intervenir bien avant les pays occidentaux», dirat-il. Il se remémore le temps où l’Algérie était la terre d’asile et d’exil d’hommes et de femmes qui luttaient contre l’injustice pour dénoncer la léthargie de notre pays face aux révoltes pour la démocratie que mènent les peuples du Moyent-Orient. Rebaïne a fustigé les radios et la télévision publiques qui, selon lui, l’ont interdit d’antenne. «Nous avons envoyé une lettre de protestation au directeur général de l’ENTV, qui nous a répondu en disant que “notre dossier est à l’étude”».
Abachi L.
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