Soci�t� : ADRAR Une �tude internationale sur la foggara
Adrar abrite un colloque international sur la foggara. Il est plac� sous l��gide de l�Unesco et du PHI (Programme d�hydrologie internationale). Il regroupe plus de cinquante experts venus de pays �trangers, tels que l�Iran, le Japon, l'Ouzb�kistan, l�Italie, la France, la Hollande, le Maroc et des chercheurs d�universit�s alg�riennes.
Pour mieux �clairer notre lecteur, il serait judicieux de fournir de
plus amples informations sur ce syst�me s�culaire de captage d�eau
qu�est la foggara.
Quel avenir pour la foggara ?
L�eau dans la wilaya d�Adrar demeure un facteur primordial de tout
d�veloppement des activit�s humaines. Les syst�mes traditionnels de
captage et d'irrigation par le moyen de la foggara t�moignent du g�nie
hydraulique humain remarquable dont l�organisation se place au premier
plan. La foggara est une conduite d�eau souterraine destin�e � la
consommation et aux besoins des habitants mais aussi � l'irrigation de
la palmeraie qui comprend bien entendu le lopin de terre r�serv� � la
culture de l�gumes. Les foggaras sont orient�es dans le sens sud-nord.
C�est un ouvrage hydraulique qui r�duit au maximum l��vaporation gr�ce �
l�utilisation de galeries souterraines qui permettent de drainer l�eau
du sous-sol et de l�amener par gravit� � partir d�une succession de
puits d�a�ration jusqu�� ce qu�elle parvienne aux champs pour sa
r�partition et sa distribution. Il faut pr�ciser que la foggara traverse
d�abord le ksar pour parvenir aux champs. L�eau est ainsi r�cup�r�e dans
un majen, grand bassin qui sert � retenir cette eau pour l�utiliser plus
tard. Mais cette eau jaillissante qui sert � �tancher la soif des
plantes et des humains n�cessite un travail sans rel�che et une
op�ration inlassable qui se renouvelle au moins une fois par an. On
compte 1400 foggaras dans la wilaya d�Adrar dont 1/3 est � l�abandon.
Par d�faut d�entretien, les canalisations se retrouvent obstru�es.
G�n�ralement, on fait appel � un groupe de connaisseurs, habitu�s � ce
travail p�nible. Il faut descendre dans chaque foggara. Puis � l�aide
d�une corde et d�un seau solidement attach� et dans un geste m�canique,
c�est une corv�e sans rel�che qui attend nos volontaires puisque le
travail, ou plut�t le curage de la foggara, se fait sous forme de touiza.
Cette derni�re n�cessite quelques bras vigoureux, munis de houes. Ici,
l�entraide est courante et fait partie des coutumes. Sous le g�missement
plaintif de la poulie fix�e au milieu de la foggara, le seau est remont�
et vid� de son contenu jusqu�� ce que l�eau retrouve son cours normal.
Cette t�che qui peut prendre des heures � cause des nombreux puits �
curer vous �puise mais procure une joie immense. Cette eau qui coule �
nouveau librement est comme le sang qui parcourt les veines. La
profondeur de la foggara peut parfois aller jusqu�� 30 m. Ce travail
tisse des liens qui se r�sument par la f�te (d�guster un couscous dans
le m�me plat) et par le travail qui sert � assurer la p�r�nit�. Si les
travaux sont fastidieux et �prouvants, la rel�ve est assur�e, puisque
les jeunes, conscients du besoin crucial de cette eau bienfaitrice,
accomplissent sans rechigner les gestes rituels. Une fois le travail
(curage) termin�, une seguiadistribue cette eau par le biais de kesria(distributeur
en peigne) vers des seguias plus petites. Le partage de l�eau est
mat�rialis� par des peignes plac�s en travers des canaux d�irrigation.
Che�kh El-Khalfi ou �kial el ma� demeure, sans conteste, l�homme � qui
l�on confie cette t�che d�licate et math�matique car il s�agit de noter
et de mesurer la quantit� d�eau qui revient � chacun, selon le montant
vers�. Le fonctionnement du d�bit de l�eau est contr�l� par un kial. Une
trouvaille extraordinaire qui continue d��merveiller � ce jour et dont
la r�alisation est attribu�e par les historiens aux habitants de la
r�gion depuis plusieurs si�cles d�j�. Lorsque les calculs sont �tablis
et que l�eau coule, le montant et la quantit� d�eau attribu�e � chaque
demandeur sont soigneusement enregistr�s dans un registre zmam en
pr�sence de deux t�moins et de proches. Ce rituel ancestral n��chappe
pas � la d�gustation d�un th� o� dans cet espace de retrouvailles, on
allie l�esprit, l'ou�e, l�odorat et le go�t qui permettra
indubitablement de sceller cette transaction. Sans la foggara, pas de
vie. Le d�sert cache une richesse incroyable o� l�union du c�ur et de
l�esprit sont un message d�amour et de paix � car l�endroit o� coule
l�eau de la foggara est aussi un espace f�minin o� les jeunes filles se
transforment en blanchisseuses pr�tes � partager leurs journ�es entre la
lessive et leurs petits secrets de princes charmants qui permettront de
resserrer les liens de la communaut� (pourvu que �a dure) sous la baraka
du saint marabout qu�abrite un mausol�e enduit de chaux pour l�occasion
sollicit� pour des �v�nements o� des versets coraniques sont r�cit�s et
psalmodi�s. La rencontre aura permis la cr�ation d�un observatoire de la
foggara dans les r�gions de Touat, Gourara et Tidikelt. Adrar, ne
l�oublions pas, repose sur une importante nappe phr�atique.
E.H.S.
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