Culture : AVEC LA SORTIE MONDIALE DE SON DOUBLE ALBUM
Takfarinas, un roi dans son genre


Deux titres Incha-Allah et Lwaldine pour le double album de Takfarinas sorti le 16 mai 2011 (sortie mondiale). Mine de rien, ce double album marque les trente-cinq ans de carri�re de l�artiste kabyle (il a commenc� tr�s t�t).
D�ailleurs, une des chansons du nouveau produit est intitul�e Idhelli-kan (hier encore). Mais comme le fait remarquer Nasr-Eddine Baghdadi, musicologue, �la surprise de l�album reste l�interpr�tation d�un grand succ�s de Jacques Brel, et un classique de la chanson francophone, Ne me quitte pas�. La chanson Lwaldine (les parents) existe en deux versions. Dans la premi�re enregistr�e avec un orchestre, le rythme �goubahi� du cha�bi est omnipr�sent. Dans la seconde version, la voix du chanteur n�est accompagn�e que par la mondole et la derbouka. La chanson d�amour Fella-m (pour toi) se distingue par d�audacieux arrangements musicaux. En effet, Takfarinas y associe le kalawagh (fl�te turque), le nay (fl�te alg�rienne), le son du bouzouki et les violons du Maroc aux sons des cuivres arrang�s en s�inspirant du travail de Quincy Jones et de Michael Jackson avec qui �Takfa� avait un projet de duo avant la mort du chanteur am�ricain. Audace et innovation �galement avec Imazighen dans laquelle �cohabitent� harmonieusement balafon africain et violon amazigh marocain, sur des rythmes et des m�lodies gnaoui avec un pont musical en cuivres dans le style alg�rois. Oulache wine (sans �gal) est un appel aux hommes � l�humilit� devant les myst�res de la vie et l�immensit� de l�univers. M�me si son style est moderne, Takfarinas est consid�r� comme l�h�ritier de la musique traditionnelle kabyle et cha�bi. Lwekhda ( le malheur), une chanson sur l�exil, est interpr�t�e sur le mode andalou du sika. La�slama (bienvenue) et Ghiwel (vite) s�encha�nent sur des rythmes goubahi puis berouali. Assirem (l�espoir) traite du th�me de l�immigration clandestine. Incha-Allah(si Dieu le veut) est aussi un chant d�espoir et un hymne � l�amour du public. Un long chemin depuis la premi�re cassette de Takfarinas enregistr�e � Alger en 1976. Le super tube Way thelha(quelle est belle) sortie en 1986 fait conna�tre partout son style de musique, le yal. En 1999, la chanson Za�ma za�ma de l�album �Yal� conna�t elle aussi un succ�s ph�nom�nale. Incha-Allah-Lwaldine est certainement un des plus �labor�s albums de l�enfant de Tixera�ne, consid�r� comme un �village kabyle� dans la banlieue d�Alger. �Il ne fait pas de doute qu�El-Hadj El- Anka, le ma�tre du cha�bi, aurait �t� fier d�un h�ritier tel que Takfarinas�, �crit Nasr-Eddine Baghdadi dans la pr�sentation de l�album. Concernant la reprise de la chanson de Jacques Brel, �il est � parier que le grand chanteur belge n�aurait pas trouv� assez de mots pour l�interpr�tation de Tak. Pour nous, elle est simplement sublime. Concernant la ligne m�lodique de la chanson, Tak apporte de nouvelles sonorit�s, celles du yal�. �Ah ! si seulement Brel pouvait les �couter !� �crit en conclusion le musicologue alg�rien. De son vrai nom Ahc�ne Zermani, l�artiste a choisi le nom de Takfarinas en hommage au roi berb�re qui inventa la guerre de harc�lement (gu�rilla) afin de combattre, durant sept ans, le puissant empire romain qui occupait son pays. Le chef berb�re est mort au combat vers l�an 24 avant J.-C. Sa tombe se trouve dans la r�gion de Sour El-Ghozlane. Mais au XXIe si�cle, un autre Berb�re porte fi�rement le nom de ce roi attaqu� par surprise et tu� par le proconsul Cornelius Dolabella.
Kader B.



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