
Corruptions : Les transactions commerciales internationales gangrénées par les pots-de-vin
Dans les transactions commerciales internationales, l'Algérie ne commerce presque pas avec les 10 pays les moins corrompus, en tête de ce classement : Danemark, Nouvelle- Zélande, Singapour, Finlande, Suède, Canada, Pays-Bas, Australie, Suisse et Norvège ! Par
contre, les pays principaux clients et fournisseurs de l'Algérie
n'occupent pas de bonnes positions : Allemagne (15), Japon (17), USA
(22), France (25), Espagne (30), Corée du Sud (39), Turquie (56), Italie
(6,7, avec la très mauvaise note de 3,9), et Chine à la 78e place avec
un score de 3,5 sur 10 ! Deux parmi les plus importants pays
industrialisés et faisant partie des principaux clients et fournisseurs
de l'Algérie, l'Allemagne et le Japon, n'ont toujours pas ratifié la
Convention des Nations unies contre la corruption, 148 pays l'ont fait,
alors que cette dernière a été adoptée en... 2003 ! L’évaluation par
Transparency International de 36 pays industrialisés signataires de la
convention anticorruption de l’OCDE interdisant les pots-de-vin aux
hauts fonctionnaires étrangers révèle que 20 d’entre eux n’appliquent
pas ou peu ces règles, envoyant ainsi un signal négatif concernant leur
engagement à limiter les pratiques de corruption.
Indice de corruption des pays exportateurs (ICPE)
Après avoir créé l’Indice de perceptions de la corruption (IPC) en 1995,
Transparency International a lancé en 1999 deux autres indices : un
indice de corruption des pays exportateurs (ICPE) et une étude de la
perception de la corruption par secteur d’activités, qui sont venus
nuancer et compléter l’IPC. Ces travaux ont été réitérés et la seconde
édition publiée en mai 2002. La société d’audit Gallup International
(GAI) avait été chargée de réaliser des enquêtes, afin de fournir un
classement des 19 principaux pays exportateurs en fonction de la
propension avec laquelle leurs entreprises étaient perçues comme
pratiquant le versement de pots-de-vin dans leurs transactions avec
l’étranger. GAI a réalisé une série d’interviews auprès de 779
représentants du secteur privé (hommes d’affaires, banquiers, avocats,
etc.) dans 14 pays émergents qui cumulent plus de 60% des importations
des pays hors OCDE. Il faut souligner que parmi les pays classés comme
presque non corrompus dans l’IPC, aucun de leurs exportateurs n’était
perçu comme intègre. L’ICPE a également été conçu comme un outil
d’accompagnement de l’application de la convention de l’OCDE de 1997
contre le versement de pots-de-vin à l’étranger. Il a notamment été
observé que les pays les plus mal classés dans l’IPCE étaient aussi ceux
les moins enclins à signer et/ou à appliquer la convention. La
connaissance de cette convention auprès des personnes interrogées était
relativement faible (6% d’entre elles la connaissaient relativement bien
et 13% en avaient déjà entendu parler). L’autre aspect de l’étude visait
à identifier les secteurs où la corruption était la plus prévalent. Les
transactions officieuses étaient les plus fréquemment observées dans le
secteur des travaux publics et du bâtiment, suivies par l’industrie de
l’armement et de la défense. Le secteur bancaire et financier et
l’agriculture se caractérisaient comme les moins atteints par de telles
pratiques. L’un des aspects le plus controversé de l’étude aborde le
rôle des gouvernements dans les principaux pays exportateurs. Les
répondants ont dû indiquer les moyens détournés auxquels ces
gouvernements ont recours pour fournir à leurs entreprises des avantages
comparatifs par rapport à leurs concurrents étrangers. Une série de
pratiques telles que les pressions diplomatiques, politiques et
commerciales, le dumping, les pressions financières, l’aide, les cadeaux
aux fonctionnaires et le commerce des armes et la défense. Le
gouvernement américain était de loin celui encourageant le plus ce type
de pratiques malhonnêtes, suivi de la France, le Japon, la Chine,
l’Allemagne et l’Italie. Malheureusement, Transparency International
semble vouloir abandonner ces dernières années la publication régulière
de l’ICPE, alors que la corruption dans les transactions commerciales
internationales – impliquant donc les multinationales et les pays
exportateurs, ne cesse d’exploser.
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