Sports : R�FLEXION
LABORATOIRE DE M�THODOLOGIE DE L�ENTRA�NEMENT SPORTIF
Football : enjeux et perspectives


Par le Dr Bounemri Zaki Salhia *
Apr�s le fiasco et le d�sastre du match Maroc-Alg�rie, c'est une mission tr�s d�licate � laquelle va s'atteler le futur s�lectionneur. Sur le plan strictement sportif, le nouveau s�lectionneur doit reb�tir une �quipe dont la plupart des cadres ont �t� totalement discr�dit�s par l'�pisode de la derni�re rencontre. L�autre chantier prioritaire consiste � restaurer l'image des Verts, particuli�rement mise � mal ces derniers temps. En conclusion, une �quipe d�Alg�rie � redresser.
La r�flexion conduite depuis des ann�es a mis en lumi�re les enjeux qui s�attachent � la pr�servation et au d�veloppement du sport et t�moigne aussi de l�ampleur des mutations en cours et des difficult�s rencontr�es pour d�terminer un cadre adapt� dans un contexte fortement �volutif. Il faut savoir que la compr�hension du sens attach� au football professionnel est indissociable de la construction de l'espace des individus ou des groupes qui engagent des int�r�ts dans cette pratique. Au-del� des r�gles institutionnelles parfaitement connues et reconnues, il y a lieu d'expliciter les relations objectives qui existent, d'une part, au sein des clubs, et d�autre part entre les clubs. La concurrence � laquelle ces derniers se livrent dans le respect des r�gles sportives est aussi une lutte sociale, men�e avec des moyens mat�riels, du capital �conomique et des dispositions morales et culturelles import�es du monde social qu'il s'agit de reconvertir en capital sportif, le seul qui soit directement efficace sur l'espace de la comp�tition.
Les espaces nationaux du football
Parler de football professionnel national exige que l'on sache la place occup�e par ce sport dans le syst�me des sports de chaque pays, qui se mesure � la composition sociale de ses pratiquants, au degr� d'int�r�t qui lui est socialement port� comme spectacle et � la mani�re selon laquelle il se trouve charg� de valeurs sportives, mais aussi identitaires et politiques. N�cessit� de reposer son mandat sur l�investissement humain oblige, nous sugg�rerons au bureau f�d�ral de prospecter en direction des acteurs, cadres du football et des jeunes, pour mieux structurer l�administration et le management du football, la formation, la m�decine sportive, le football d��lite, le football scolaire et universitaire, de masse, l�encadrement sportif, l�arbitrage, etc. Donc, nos cadres m�ritent le respect et une implication totale dans notre football. Et pour cela, nous croyons qu�il serait pertinent de les utiliser dans l�encadrement technique (entra�nement, pr�paration physique, pr�paration mentale et psychologique, direction sportive, parrainage sportif, etc.), l�administration sportive, l�arbitrage, la m�decine sportive, la consultation sportive et/ou radio, t�l�, etc. Les cadres ne sont pas seulement des formateurs mais aussi d�anciens joueurs, d�anciens arbitres que l�on pourrait consulter. Enfin, les anciens issus des autres corporations du monde du football peuvent �tre coopt�s dans le parrainage sportif ou la consultation. Et surtout constituer, bien s�r avec les premiers cit�s, un �coll�ge de sages� que l�on pourrait consulter en cas de besoin. Le deuxi�me point d�attention sur lequel nous voudrons interpeller la structure f�d�rale, c�est la cruciale prise en compte de la frange jeune pour une durabilit� de notre football. Il s�agit ici de bannir � jamais les raccourcis du genre sur-classement des jeunes; ou encore de croire que la rel�ve r�side dans le fait d�ouvrir des �coles de football et se contenter d�organiser de fa�on sporadique des tournois, sans cr�er un championnat de jeunes (minimes, cadets, juniors, espoirs) digne de ce nom. A regarder de tr�s pr�s, il nous semble qu�il y a un probl�me de vision, de strat�gie et d�organisation. Et la F�d�ration gagnerait � regarder de pr�s � ce niveau, � d�velopper une politique ad�quate, si elle veut sortir notre football de l�orni�re et de fa�on durable. L�invite que nous pouvons faire � la structure f�d�rale est d��laborer, en s�inspirant d�autres pays et de l�investigation s�rieuse au pays, parfois juste � c�t� de nous, la mise en �uvre d�une politique coh�rente de d�veloppement du football de jeunes. Et pour cela, un accent particulier devrait �tre mis sur la d�tection et l�encadrement dans les quartiers et les clubs, le championnat de jeunes (minimes, cadets, juniors), le sport scolaire et universitaire, la formation d�encadreurs de jeunes. La r�glementation de la cr�ation, de la gestion, du suivi et de l�int�gration dans les championnats nationaux des �coles de football devrait aussi faire partie de la politique de d�veloppement du football de jeunes. L�autre point d�attention de la politique de d�veloppement du football devrait �tre l�encadrement sportif. Domaine de comp�tences technique, psychologique, disciplinaire et m�dicale, il est imp�ratif de cr�er un cadre de son d�veloppement. En effet, cela devrait permettre la prise en compte de la formation des encadreurs sportifs, la formation des formateurs, leur recyclage et le cahier des charges devant r�gir la pratique d�encadrement sportif. Un football de comp�tition a besoin d�un encadrement de qualit� et dans ses diff�rents domaines concern�s, d�o� l�importance de l�int�gration de ce maillon dans le d�veloppement du football de jeunes, d��lite et dans la g�n�ration de footballeurs de qualit� et en nombre. Ainsi, mieux ils sont encadr�s � la base, meilleurs ils seront dans la pl�nitude de l��ge, donc plus comp�titifs. L�arbitrage est aussi un maillon essentiel dans le d�veloppement du football alg�rien qu�il faut mettre en exergue dans la politique de la F�d�ration. Que de matches g�ch�s par de pseudo-supporteurs, au motif que l�arbitrage est partial, sectaire, voire corrompu. Nous pensons que la prospection au niveau des jeunes, des anciens footballeurs peut �tre une bonne opportunit�. Mais dans tous les cas, les tares de l�arbitrage du football alg�rien devraient �tre identifi�es, analys�es et des pistes de solutions formul�es autour de la formation des arbitres, ainsi que la sensibilisation des jeunes joueurs au respect de l�arbitre, de ses d�cisions et des r�gles du football. Toutes choses qui forgeraient leur appropriation, la discipline et le fair-play et qui seraient, plus tard, un �tat d�esprit, un comportement, synonyme d�assainissement du football et d�un football de qualit�. Un clin d��il � la formation d�organisations de supporteurs et � la sensibilisation de ces derniers pour cr�er un environnement favorable � la pratique d�un football propre serait la bienvenue. Ainsi, notre proposition suivante se focalise naturellement sur les supporteurs. En effet, quand on parle de football, on ne peut passer sous silence la place des supporteurs. Car sans eux, point de spectacle. D�ailleurs, dans nos stades, nous ne voyons que des supporteurs, passionn�s inv�t�r�s et v�ritable patrimoine de notre football. Quand on �voque les noms de Yamaha, de Khalti Mimouna, ne voit-on pas ici l�incarnation de la passion du football, du vrai football, fait de fair-play, de pers�v�rance, de soutien moral, de solidarit�, de sacrifice, de don de soi et donc de �douzi�me joueur� capable de dynamiser et de revigorer un joueur �puis� et de l�amener � se surpasser pendant 90 minutes, voire 120 minutes ? Le souvenir, d�Omdourman quoique �ph�m�re, est l�, encore vivace, pour nous le rappeler. Et la F�d�ration se doit de leur donner la place qu�ils m�ritent dans le concert du football. L�accompagnement de leurs organisations dans les clubs est imp�ratif pour, d�abord, cr�er un cadre serein et propice � la participation de ces derniers aux prises de d�cisions dans le football et, ensuite, dans leur engagement � pr�ner un football de tol�rance, de solidarit�, de fair-play et donc � participer au d�veloppement d�un football de masse et surtout d��lite. L��laboration d�une �charte du supporteur � devrait �tre un axe majeur dans la politique de la F�d�ration et bas�e sur le statut du supporteur, son importance dans le club et au niveau national, le cadre de sa participation au d�veloppement du football, notamment son soutien moral, psychologique ou financier Un football de comp�tition, comme le souhaite les Alg�riens, devrait prendre son envol � partir d�une organisation �prouv�e, d�une administration cons�quente � tous les niveaux et bas� sur une structuration ad�quate, � savoir une meilleure organisation du football de jeunes, f�minin, scolaire et universitaire, d��lite, de masse, etc.
Les projets de nouveaux stades
�Un stade est un facteur cl� pour le d�veloppement des clubs. L�Alg�rie a besoin de stades modernes pour se d�velopper. �Il s'agit d'un enjeu majeur. La m�moire d�une institution comme la F�d�ration devrait �tre aussi un sujet de grande pr�occupation en mati�re de management d�organisations. Car, sans m�moire, point de survie. En effet, � la F�d�ration, peut-on faire aujourd�hui l�historique de tous les licenci�s de football depuis la cr�ation de cette structure ? Ne serait-ce que la situation exhaustive des internationaux, cadets, juniors, seniors que l�Alg�rie a connus ? Nous nous en doutons ! Et cela, au moment m�me o� nous parlons de l�explosion des nouvelles technologies de l�information et de la communication ! N�est-ce pas difficile � comprendre ? Nous exhortons aussi la nouvelle structure f�d�rale, si ce n�est d�j� fait, � int�grer la gouvernance dans son action. Plus d�efficacit�, davantage de transparence. Regard int�ress� sur la durabilit� des actions entreprises, sur la participation de toutes les parties prenantes dans le milieu du football. Int�r�t particulier sur la redevabilit�, c�est-�-dire toujours �tre dans un �tat d�esprit du �rendre compte �, de l�acceptation de la critique et de la remise en cause perp�tuelle. La gestion des multiples comp�titions au niveau national devrait �tre aussi un point d�attention. La d�finition d�un football de masse et celui d��lite est une n�cessit�. Les exigences devraient �tre clairement �dict�es et suivies scrupuleusement par une �commission de discipline, d��thique�. Car, dans leur conception actuelle, ces comp�titions font plus de mal que de bien au football. En effet, toutes les �nergies produites ne sont canalis�es ni pour le football de masse, ni pour les jeunes, encore moins pour le football d��lite. L�articulation entre les diff�rentes structures li�es au football et la F�d�ration doit �tre d�finie, organis�e et anim�e pour avoir un cadre de d�veloppement de notre sport favori. L�Etat, � travers le minist�re, les associations du sport (ligues, clubs, m�dias, comit�s de supporteurs, anciens internationaux, etc.) et d�autres structures comme l�ENS/STS, la m�decine sportive, COA, etc. sont des parties prenantes � impliquer dans l��laboration, la mise en �uvre et le suivi de la politique de d�veloppement du football. Sinon, l��chec nous guette � chaque instant. Aussi, dans son organisation, la communication devrait �tre un point cl� pour mieux informer et sensibiliser les amoureux du football. Sport de passion, une communication adapt�e peut �tre source de cr�ation d�un environnement favorable de pratique saine du football. Plus on est proche des gens, mieux on conna�t leurs r�alit�s et meilleure est la communication faite pour les faire adh�rer � une d�marche. La gestion des clubs est, � notre sens, aussi cruciale. On ne d�veloppe pas le football par la focalisation sur l��quipe nationale, mais en partant des clubs et d�un championnat national bien structur�s. Le club doit �tre la �s�ve nourrici�re� de l��quipe nationale, pas comme on le constate. Regardez l�Egypte, la majorit� des joueurs sont issus des grands clubs du pays, pas plus de trois joueurs sont des �pros� �voluant hors du pays (et sont parfois au banc de touche). Donc, donnons la place du d�veloppement de notre football aux clubs. Formation � la base, des jeunes footballeurs, des futurs cadres dans l�administration du football, des futurs encadreurs (technique, m�dicaux, etc.) devrait �tre une des missions des clubs. Aussi, quand on regarde nos clubs d�aujourd�hui, on ne sait pas qui fait quoi, Quel est le r�le de chaque partie prenante dans le club ? Tout cela reste flou, voire occulte. Or, l�atteinte de performances d�pend de la bonne structuration de ces clubs, avec une vision et une mission claire, un leadership confirm� et un regard sur le potentiel humain qu�ils regorgent. Une feuille de route devrait pr�ciser davantage les priorit�s d�volues aux clubs. Tout cela devrait �tre men� avec une forte culture de la sanction. Toute action devrait faire l�objet d�un r�f�rentiel, permettant la mesure et donc la sanction. Laquelle devrait �tre �quitable pour tous, les bons r�sultats doivent �tre magnifi�s, r�compens�s (jusqu�� la d�coration officielle) ; les mauvaises pratiques punies, bannies et leurs auteurs r�prim�s. Ce n�est que par cela que l�on construit la maison commune. Enfin, l�un des axes fondamentaux du d�veloppement de notre football repose sur le financement et son utilisation rationnelle, dans la transparence et l�efficacit�.
B. Z. S.
* Ma�tre de conf�rences en handball � INFS/STS de D�ly-Ibrahim, enseignante chercheur en sport.

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